Si le mariage en Afrique est principalement une institution et un accord qui lie quatre familles : les familles paternelles et maternelles des deux mariés. Cependant, en pays Lobi, un mariage se distingue d’un autre selon le type de d’accord. Partis du nord de l’actuel Ghana, en traversant la région de Wa et la Volta, les Lobi ont migré au nord-est de la Côte d’Ivoire et se sont essentiellement installés dans la région de Bouna, il y a de cela plusieurs siècles. En plus de les retrouver en Côte d’Ivoire, les Lobi sont aussi présents au sud-ouest du Burkina Faso et au nord-ouest du Ghana.
En pays Lobi, il existe différents types de mariage, selon les circonstances de l’union entre les mariés.
Le mariage léviratique
C’est une tradition selon laquelle, une veuve sans descendance mâle épousait son beau-frère. Ce type de mariage est conçu en pays Lobi et chez bien d’autres peuples d’Afrique, pour éviter les situations de femmes seules, sans un homme auprès d’elles pour les aider à assurer les travaux agricoles. L’on comprend à présent pour quelles raisons les Lobi dans leur grande majorité ont une préférence marquée pour l’enlèvement.
Le mariage par demande
Ce premier type de mariage n’obéit pas au principe général qui admet que le mariage est l’union entre quatre grandes familles, à savoir la famille paternelle et la famille maternelle du marié, qui constituent les deux premières grandes familles. Et les familles paternelle et maternelle de la mariée qui constituent de leurs côtés les deux autres grandes familles. Avec le mariage par demande, le mariage devient l’affaire d’une et unique famille, car il s’agit en clair d’un mariage familial. Et selon les circonstances, ce type de mariage revêt plusieurs formes.
La forme hors préférence ou le mariage choisi
Cette forme de mariage démontre le courage et la bravoure de l’homme. Surtout que la polygamie fait partie intégrante dans la culture du Lobi, l’homme, à travers ce mariage, montre sa capacité de se prendre une autre femme de son choix, en plus de celle que son père lui a donnée.
Le jeune homme confirme, par ce second mariage, sa possibilité de s’occuper de plusieurs femmes et enfants qui constituent une main d’œuvre quantitative et qualitative pour les travaux agricoles, principale activité en pays Lobi.
Cette seconde noce, établie de la sorte, fait du jeune Lobi un « Dakpolkotin », c’est-à-dire, un chef des jeunes. Ce titre est en effet attribué à l’homme qui a plus d’une femme, autre que sa cousine. Par opposition, un homme qui n’a pour femme que sa cousine, est considéré dans la communauté Lobi comme un faiblard. Un tel homme, en public, est la risée de tous, et lors des cérémonies festives, il est servi dans une ridicule calebasse dénommée le « Kpakpar yokpobir », la calebasse des faiblards.
Le mariage par enlèvement
On l’appelle aussi mariage par rapt. Ce type de mariage est loin des initiatives familiales et présente beaucoup plus de risques. Et pourtant, ce type de mariage révèle plus d’amour, selon que le choix du conjoint est laissé aux soins des partenaires dans les limites imposées par le système exogamique (système selon lequel les mariages se font entre les membres de tribus, de clans différents) et aussi les règles de “bonnes ententes’’.
En pays Lobi, le mariage par rapt est considéré comme le plus valorisant pour un homme. Celui-ci jouit du prestige lié au nombre de femmes qu’il a enlevées dans sa vie.
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Mam Ouattara
Source : George Bénoit Kambiré : « La polygamie en pays Lobi ».