Promotrice du Festival international du film des lacs et lagunes (Festilag), Naky Sy Savané est l’une des grandes figures de la série ‘‘Cacao’’ d’Alex Ogou. Ce dimanche 27 juillet 2020, Marité Desva, celle qui joue le rôle de la mère d’Antony Desva dans ce film qui passe sur Canal Plus depuis le 15 juin dernier, s’est ouverte à Voie Voix De Femme.
Le 15 juin dernier les Ivoiriens vous ont découvert avec enthousiasme dans la série ‘‘CACAO’’ du réalisateur Alex Ogou. Comment avez-vous été choisie pour faire partie de cette fiction ?
C’est Alex qui m’a contactée pour me parler de son projet de film. Il a vu que j’étais hésitante parce que je ne suis pas dans les séries. Je suis au cinéma et au théâtre. Il m’a rassuré. Il m’a dit de ne pas m’inquiéter et m’a promis que je ne serai pas déçue du résultat.
Alex m’a ensuite parlé du sujet du film, à savoir le Cacao. Ce sujet m’a interpelée. Parce que c’est un sujet très important pour mon pays. La majorité des Ivoiriens travaillent dans le secteur agricole. Et ceux qui travaillent dans ce secteur du cacao ne bénéficient pas des fruits de leur travail. C’est donc un sujet qui me touchait. Voyez-vous, nous sommes les grands producteurs de cette ressource alors que nos enfants ne peuvent pas manger du chocolat.
Ce qui m’a également intéressé dans le projet d’Alex, c’est que son équipe était constituée de jeunes. Je suis beaucoup intéressée par la jeunesse africaine. Je trouve qu’elle est laissée pour compte sur le continent. J’ai vu qu’Alex était en quelque sorte dans le même combat que moi. Il s’est engagé à travailler avec les jeunes. C’est également ce que je fais. Après la crise postélectorale de 2010, je suis venu avec le Festilag (Festival international du film des lacs et des lagunes, ndlr). Où j’ai mis l’accent sur les jeunes. Quand j’ai vu tout ça dans le projet d’Alex, j’ai tout de suite accepté. C’était à la limite un devoir.
Dans cette série, vous jouez un rôle maternel. Pourquoi avez-vous choisi de jouer le rôle de ce personnage ?
Dans mon métier, chaque fois que j’ai un personnage à incarner, je fais un peu de recherche. Je ne suis rapprochée de Yolande Bogui, qui a écrit le projet. Elle m’a dit que le personnage que je devais jouer était inspirée de la plus belle femme du monde qui n’est personne d’autre que notre très chère Première dame Marie-Thérèse Houphouet-Boigny, j’étais touchée. Parce que tout le monde a connu la beauté de cette femme. Le monde entier a salué sa beauté. C’était une fierté pour tous les Ivoiriens. J’ai dit waouh ! C’est un gros cadeau qu’Alex me faisait. Parce que je n’ai pas la beauté de Marie-Thérèse Houphouet-Boigny quand même (rires).
J’ai demandé à Alex de me dire pourquoi c’est sur moi qu’il a porté le choix de jouer ce personnage… Ensuite, je me suis mise dans la peau d’une femme africaine, prête à tout pour son enfant. Vous savez, la femme africaine peut accepter, elle peut tout concéder et même mourir pour son enfant. Et tous les jeunes qui étaient sur le plateau m’ont stimulée. Ils m’ont apporté leur amour. J’étais la maman de tout le monde. Certaines comédiennes plus âgées que moi me disaient : ‘’ mais tu es finalement la maman de tous’’. Les jeunes m’ont tellement choyée et aimée que j’ai mieux appréhender et mieux travailler mon personnage. Et celui qui joue le rôle d’Antony Desva, mon fils, le courant est tout de suite passé entre nous. Parce ce garçon, Olivier Kissita, est un amour. J’ajoute qu’Alex m’a beaucoup respecté dans ce projet. C’est tout cela qui m’a permis de donner le résultat que vous voyez sur les écrans.
Que pensez-vous du cinéma ivoirien ?
C’est difficile maintenant. On a laissé des gens comme Roger Gnoan M’Bala, Idriss Diabaté… on leur donne plus de possibilité de faire des films. On ne leur donne pas de moyens pour cela. Cependant, il y a une nouvelle génération qui essaie de monter mais avec beaucoup de difficultés. Cette jeune génération a compris qu’elle doit se battre avec ses propres moyens. Il y a également la diaspora qui revient apporter son coup de main. C’est le cas d’Alex Ogou qui était en France ; pareille pour Jacques Tra Bi qui a fait les 100 regrets. Ceux qui sont sur place se battent de leur manière. Ils essaient de faire des films même s’ils ne reçoivent pas de moyens des pouvoir publics. Je pense à des réalisateurs de talent comme Owell Bown…
En Côte d’Ivoire vous êtes connue comme une talentueuse cinéaste et comédienne. Pouvez-vous nous raconter votre histoire avec le cinéma ?
J’ai d’abord commencé ma carrière au théâtre. Là-bas, je me suis fait remarquer par des réalisateurs comme Henri Duparc, Idriss Diabaté. Ce sont eux qui ont commencé à me donner mes premiers rôles.
Quels conseils aux jeunes qui vous admirent et qui veulent embrasser une carrière comme la vôtre ?
C’est difficile de donner des conseils parce que le contexte aujourd’hui n’est plus le même qu’à notre époque. Nous sommes à l’ère de la mondialisation. Les jeunes doivent être curieux. Il y a beaucoup de choses qu’on peut apprendre par Internet pour ceux qui n’ont pas les moyens d’aller dans des écoles. Ils peuvent également se former auprès de ceux qui font des films. La formation, c’est la meilleure façon d’atteindre ses objectifs. Il faut se former.
Quels sont vos projets ?
C’est le prochain Festilag. Il doit se tenir en novembre prochain. Nous sommes en pleine préparation de cette dixième édition. On espère que tout va bien se passer en Côte d’Ivoire pour nous permettre de venir lancer notre prochain Festival, fin novembre. Merci pour votre intérêt et longue vie à Voie Voix De Femme.
Tenin Bè Ousmane