Ménélik: " Le slam aide à démocratiser la parole et se veut témoin de son temps."

Dans cette interview, le slameur ivoirien, Président de l’École des Poètes de Côte d’Ivoire évoque l’évolution de cette discipline dans son pays.

Pouvez-vous vous présentez aux lecteurs de VoieVoix De Femme ?

Je suis Lao Lionel Alex dit Nin’wlou Ariel Ménélik, poète slameur ivoirien, Président de l’École des Poètes de Côte d’Ivoire.

C’est quoi, le slam ?

Le Slam est une forme d’expression poétique. Le dictionnaire parle de Déclamation publique faite pour surprendre, émouvoir l’auditoire. Poésie orale et publique.

Comment êtes-vous arrivé au slam ?

J’ai rencontré le slam grâce à l’École des poètes. À l’époque, nous avions reçu à l’une de nos réunions, Bee Joe, grand slameur ivoirien et c’est de là que c’est parti. Mais je précise qu’à l’École des poètes il existe plusieurs registres et qu’il n’y a pas que des slameurs.

Depuis combien de temps faites-vous le slam ?

J’écris de la poésie depuis 2011, mais j’ai commencé le slam en 2015.

Quelle est la place du slam dans notre société ?

Le slam aide à démocratiser la parole et se veut témoin de son temps. Le slam ivoirien est l’un des plus riche de la sous-région en termes de thèmes abordés.

Avec le temps, nous sommes passés du parfait anonymat à l’objet de curiosité. Et d’objet de curiosité à un art digne d’intérêt. Nous continuons à travailler à le hisser plus haut que ça. De plus en plus les choses changent. Avant cette pause imposée par cette crise sanitaire du coronavirus, plus de 90% des évènements, même les plus grands, enregistrent la présence de slameurs. C’est révélateur.

Existe-il des femmes au slam? ( si oui comment sont-elles vues et quelle est leur place ?

En Afrique comme ailleurs les femmes viennent au slam progressivement. Il n’y a pas de restriction. Elles ont une grande place à prendre. En Afrique notamment, elles ne sont pas méconnues, loin s’en faut. Pour preuve, La Côte d’Ivoire a actuellement une championne en titre membre de l’École des poètes en la personne de L’Encre des étoiles. En plus d’elle, à l’École des poètes, nous avons un potentiel féminin enviable. Mais il reste comme, je l’ai déjà dit, une grande place à prendre. Je vais citer Amee de la Côte d’Ivoire, Malika la Slamazone du Gabon, Nanda du Gabon et j’en passe, qui sont dans leurs différents pays, des figures de proue. Nous avons un nombre croissant de filles au fil des ans et c’est de bon augure.

Comment se pratique le slam ?

Que ce soit une compétition ou une scène libre, il faut avoir son propre texte, le faire ressentir en le disant, il faut un public. Notons que le slam, sa forme admise est née de l’ennui que suscitèrent les séances de lecture publique de poèmes. Il fallait y mettre de la vie.

Existe-il des festivals de slam, des structures de slam en Côte d’Ivoire ?

Oui il existe le Festival Babi Slam en Avril porté par le Collectif ‘‘Au Nom du Slam’’ mais aussi d’autres grands événements notamment ‘‘Écritude’’ chaque décembre organisé par l’École des poètes.

À ce jour l‘École des poètes et le Collectif Au Nom du Slam sont les deux structures militant pour le slam en Côte d’Ivoire.

Peut-on vivre du slam en Côte d’Ivoire ?

Certains parmi nous en vivent mais c’est difficile. Quand on considère notre cheminement, c’est une belle victoire de pouvoir dire oui même si difficile. Croyez-moi dans deux années maximums, cette question ne se posera plus.

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