OB Tara fait de la musique à base du balafon pentatonique, du djembé, de la flûte pastorale et du doudoumba.

A l’état civil Taragone Ouattara, l’artiste ivoirien OB Tara est un musicien ivoirien tradi-moderne résident en Italie. Dans cette interview qu’il a accordée à Voixvoie De femme, le 25 décembre dernier, le natif de Kasséré dans la région de la Bagoué insiste sur l’importance de la culture dans le développement des nations.

Quel est votre genre musical ?

Je fais de la musique tradi-moderne à base du balafon pentatonique, du djembé,  de la flûte pastorale et du doudoumba. J’ai créé le rythme « Zon bolog », du nom diminutif du nom de mon ONG culturelle et groupe artistique (le Gbongnelizon), qui date de 1994. En général, je dénonce les tares de la société. Mais j’ai des compositions taxées de « textes trop politiques ». D’où certains de vos confrères m’ont surnommé « le jazz man sénoufo engagé ».

Votre regard sur la musique tradi-moderne ivoirienne ?

La musique tradi-moderne est en déclin total, parce qu’il n’y a pas de politique culturelle assez forte pour soutenir les acteurs. Afin qu’elle soit boostée hors de sa sphère régionale, à l’instar de la musique tradi-moderne malienne, qui est réclamée sur toutes les plateformes et concerts du showbiz international.

Comment comptez-vous participer à sa promotion ?

J’ai des projets au-delà des concerts en Côte d’Ivoire. J’envisage ouvrir un centre artistique chez moi à Kasséré, où on donnera des cours de balafon, djembé, flûte, danse…. Je suis actuellement en négociation avec des organisations culturelles européennes, pour avoir des partenariats d’échange culturel avec mon centre artistique.

Pourtant vous semblez ne pas être suffisamment connu en Côte d’Ivoire ?

J’ai à mon actif deux albums dont le dernier intitulé « misère africaine » qui est sorti en 2016. Il regroupe 16 titres chantés en Sénoufo, français et dioula. Juste une question de promotion, peut-être.

Quel est votre agenda aujourd’hui ?

Mon agenda musical est de reprendre la promotion de mon album en Afrique, notamment en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, en Guinée-Conakry et au Mali où la plupart de mes « fans » croient que je suis des leurs. Il s’agit particulièrement des Sénoufos du Mali. Mais tant mieux. Les peuples d’Afrique ont été malheureusement victimes des frontières héritées de la colonisation.

Et en Europe, vous arrive-t-il de faire des tournées ?

Actuellement je ne fais pas de concerts. Durant les premières années de mon séjour européens, j’avais créé un groupe artistique du nom de « Zon star » en Italie, avec lequel je tournais. Après les choses se sont compliquées à cause des contraintes socioprofessionnelles des membres du groupe. J’avoue que créer un groupe artistique en Europe n’est pas une chose facile.

Comment mettez-vous votre musique au service de votre pays ?

Je le fais déjà avec mes œuvres discographiques. Ils sont téléchargeables sur les plateformes nationales et Internationales.

Le titre ‘‘Sans commentaire’’ de l’album « Misère africaine » reprend l’Abidjanaise en sénoufo. Cette traduction du message de ce symbole de la nation est une façon pour moi de sensibiliser nos parents qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école, de mieux appréhender le sens patriotique de notre hymne national.

Sauf que nous avons par moment le sentiment de manquer d’encouragement. À ce propos, je compte dénoncer au BURIDA (Bureau ivoirien des droits des artistes, ndlr) notre chaine nationale, la RTI, pour avoir violer mes droits d’auteur.

En effet, lors de l’hommage que la RTI a rendu à l’auteur des paroles de l’hymne national, en la personne de feu Mgr Pierre-Marie Coty, elle a présenté les différentes versions en langues nationales et leurs auteurs respectifs excepté moi, l’auteur de la version sénoufo. Durant la séquence de ma version, la RTI n’a pas diffusé sur l’écran, une séquence de mon clip vidéo, mais celle d’un groupe de danse boloï, en totale désynchronisation avec l’audio de mon œuvre musicale et créant ainsi un doute dans l’esprit des téléspectateurs. Pourtant la RTI a dans sa vidéothèque, mon clip sur « l’Abidjanaise en sénoufo » !

Pourquoi n’avez-vous pas saisi la RTI directement pour lui faire part de vos réserves ?

Je n’ai pas réagi à temps opportun, parce que j’étais très occupé dans ma mission de président de la CERD (Commission électorale indépendante en Italie). À présent que je suis un peu disponible, je vais saisir le BURIDA, pour que mes droits en la matière, soient rétablis.

L’autre manière de mettre ma musique au service de mon pays, se fera à travers mon centre artistique que je prévois ouvrir à la rentrée scolaire prochaine. En ma qualité d’artiste musicien, auteur compositeur et membre du BURIDA, j’espère pouvoir bénéficier de l’appui technique et financier de mon ministère de tutelle qui a validé ma demande d’agrément, afin de pouvoir réaliser ce projet culturel qui me tient vraiment à cœur.

Ténin Bè Ousmane

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