Pensionnaire du centre artisanal Abe Apo Elisabeth de Montezo, Mlle N’guessan Adeline, tisserande depuis 6 ans, fait partie des personnes qui exposent dans un stand au marché ivoirien de l’artisanat, Miva. Nous la rencontrons ce mercredi 7 décembre 2021. Regard fixé sur sa machine à tisser, elle applique avec délicatesse les fils. À ses côtés, Affoué Bienvenue qui est à son deuxième mois de formation dans ce métier. Ce matin du 7 décembre, les deux jeunes femmes ont des pagnes à réaliser pour l’exposition. Sans aucun complexe, Adeline et Bienvenue se mettent au travail. Passionnée par l’art du tissage traditionnel, Adeline ne cache pas sa satisfaction d’être en ce lieu.
À notre question de savoir si elle n’est pas complexée en se retrouvant sur une machine à tisser où le plus souvent on ne trouve que des hommes, Adeline se contente de sourire puis de dire qu’elle se sent bien là où elle se trouve. « Ce n’est pas un métier seulement pour les hommes », susurre-t-elle.
En effet, dans certaines régions de la cote d’ivoire, la femme est interdite de tisser. Une contrainte africaine pour décharger les femmes de cette activité qui prend énormément de temps. Comme on le sait, c’est un domaine qui implique que seuls les hommes s’asseyent sur les machines à tisser. Autre raison avancée, les hommes maitriseraient mieux les techniques de cet art et surtout pour les difficultés de ce métier. Or, pour la trentenaire, sa région ne contraint personne à faire ce métier.
« Quand tu décides d’apprendre un métier, au tout début c’est difficile mais avec la patience, on peut y arriver. Pour t’adapter il faut aimer ce que tu fais. Je m’en sors très bien, et c’est de ça que moi et ma famille nous vivons », affirme Adeline, heureuse avant d’ajouter que « dans notre région il n’y a pas de contrainte. Tout le monde est libre d’apprendre et faire ce métier».
Adeline invite les jeunes filles désireuses d’apprendre le tissage à rejoindre leur centre. « Pour ces filles qui veulent tisser, mais qui sont contraintes, tout dépend de la région dont elles sont originaires. Chez les baoulés, c’est interdit aux femmes de toucher la machine à tisser. Pourtant chez nous les attiés, il n’y a pas de problème à ce niveau. Et celles qui sont intéressé peuvent venir apprendre avec nous. »
Parlant de son travail, la tisserande nous informe que « le temps pour la confection d’un pagne dépend des motifs à appliquer. Si ce sont des motifs compliqués pour un pagne de 1,80m nous pouvons mettre deux jours. Si le motif est moins compliqué, en une journée nous pouvons faire un pagne de 1,80m. Nous tissons et c’est à la fondatrice de fixer les prix », déclare-elle.
La fondatrice dont Adeline fait allusion, est Mme Michèle Yakice qui dirige un centre de formation aux métiers pratiques tel que la coiffure, la couture, et le métier de tisserand. Responsable du centre Abe Apo Élisabeth de montezo, Michèle Yakice s’implique dans la formation de ces jeunes filles en procurant un cadre adéquat et propice. C’est elle qui fixe le
prix des pagnes tissés. Situé dans la commune de Cocody, Le Centre des Métiers Michèle Yakice est une joint-venture entre Comoé Capital et l’Ecole Internationale de Formation Professionnelle Michèle Yakice. Un établissement spécialisé dans la formation des métiers de la mode.
Bekanty N’ko