Dans une première partie de son interview accordée à VoixVoie De Femme, le Dr Anna Corine Bissouma expliquait les signes de l’autisme chez les enfants. Dans cette deuxième partie, la directrice du Centre Marguerite Té Bonlé, révèle les soins que ce centre spécialisé, sis au cœur de l’Institut national de l’hygiène publique (INHP), propose à ses pensionnaires.
Que fait-on concrètement dans le Centre Marguerite Te Bonle ?
Ce centre a été créé depuis juillet 2017 pour répondre à la problématique de l’autisme en Côte d’Ivoire. Le projet a commencé en 2016 et finalement c’est en juillet 2017, qu’il a vu le jour. Il a été pensé en 2012. Cela est parti du constat qu’il y avait une augmentation en consultation de pédopsychiatrie des enfants qui venaient pour troubles autistiques. Quand on a démarré en 2016, je travaillais en pédopsychiatrie au sein de guidance infantile et on a vu que près de 30 % des enfants qui venaient en consultation avaient de l’autisme. C’était beaucoup. Sur 3000 patients qu’on reçoit chaque année 30% avaient de l’autisme !
Cette année même, on a eu des partenaires français. Ces associations sont venues rencontrer le ministère de la Santé, le Programme national de Santé mentale, la direction de l’Institut national de Santé publique. Puis elles ont émis le vœu d’accompagner l’Etat de Côte d’Ivoire dans la création de ce service spécialisé. Et le projet m’a été confié et on a ouvert le centre en juillet 2017.
Quels services offrez-vous à ces enfants ?
Nous offrons des services spécialisés dans la prise en charge de l’autisme. On travaille beaucoup sur le développement des compétences socle qui sont des compétences de bases. La question de la communication est l’une des préoccupations majeures des parents. Il faut que les enfants parlent. Beaucoup d’enfants ne parlent pas donc on essaye de mettre en place ces éléments de base de la communication pour qu’ils puissent accéder au langage.
On avait ouvert le centre pour prendre en charge 10 enfants à l’hôpital du jour puisque c’était la première expérience. On voulait voir comment bien faire. Aujourd’hui, on a beaucoup plus d’enfants que ce qui était prévu. Pour les autres enfants, on essaie de les aider en ambulatoire, on cherche des solutions pour les aider à l’école avec des interventions à domicile.
Quelle est la prévalence de l’autisme chez les enfants ?
On ne peut pas donner de chiffre à l’échelle nationale. Sur les deux premières années, nous avons réalisé une étude sur les 80 enfants qu’on avait reçus. Ils avaient tous un handicap cognitif. Ces enfants qui ont été pris dans cette étude avaient tous des difficultés intellectuelles. Un gros retard intellectuel. Sur ces 80, 1 ou 2 parvenait à parler. La plupart sont non verbaux. Et l’autisme touche essentiellement les garçons. Sur 4 autistes vous avez 3 garçons et une fille.
Comment se fait la prise en charge ?
On accueille les enfants au sein de l’unité Dominique. C’est le service qui pose le diagnostic qui pose le bilan et les évaluations. Pour chaque enfant, on fait un bilan de l’autisme complet. On est parvenu à mettre en place un bilan des troubles autistiques qui correspond à ce qui se fait à l’international. Il s’est passé tout une série de tests à l’enfant pour déterminer la sévérité de son autisme, mais aussi ses compétences, son niveau de développement psychologique…
Quand on a fait cela, on établit aussi le projet personnalisé d’intervention. Particulièrement pour cet enfant afin de connaitre son degré d’intervention. Après cela, on fait les soins pour la prise en charge. Au niveau du centre on a un autre service nommé Hôpital du jour espérance. Là-bas, les enfants viennent pour des demies journées de 8 heures 30 à 12 heures, ou de 13 heures 30 à 15 heures 30.
On fait les soins en fonction du projet d’intervention. On a mis en place une prise en charge qui est thérapeutique, éducative et pédagogique. On fait des soins psychiques. On fait des activités structurées qui sont des activités à bases pédagogiques. On fait de la motricité, du sport…
On a mis aussi en place depuis deux ans une autre activité qui repose sur la pédagogie et des soins. Les ateliers classes. Là on fait la prise en charge des enfants sur le modèle d’une classe, mais toujours dans l’optique d’apporter du soin, de leur permettre de regarder, de faire attention, de pouvoir suivre…
Combien de temps dure la prise en charge complète d’un patient ?
On prend soin que des enfants qui ont un autisme sévère ou moyen. Les enfants qui ont du mal à aller à l’école, ce sont ceux-là dont on s’occupe principalement dans notre centre. Il n’y a pas de durée précise. La prise en charge s’étend sur l’année scolaire. On ferme pour les vacances. Tant que l’enfant a besoin de la prise en charge on la maintient.
Ça coûte combien ?
La prise en charge à l’hôpital de jour coûte 20 000 FCFA par mois.
Aujourd’hui, certains sont partis parce que les parents ont voulu arrêter. D’autres par ce que les parents ont voulu immigrer. D’autre ont rejoint les familles parce qu’ils avaient beaucoup évolué.
Actuellement, nous sommes en période de révisions, de réévaluations pour voir ceux qui ont bien évolué et ceux qui ont encore besoin de soins intensifs….
Réalisé par Marina Kouakou
1 Commentaire
Bravo pour le travail pour l’interview. Je voudrais entré en contact avec ce centre urgemment pr un enfant autiste léger.