Un cancer de la prostate est composé d’une masse de cellules anormales qui se multiplient de façon anarchique. Lorsque la tumeur progresse, elle peut envahir de proche en proche des organes au contact direct de la prostate (par exemple la vessie ou le rectum). Parfois, les cellules cancéreuses vont s’échapper de la prostate et coloniser d’autres organes à distance (ganglions lymphatiques ou os, beaucoup plus rarement les poumons ou le foie) pour y former des tumeurs secondaires appelées métastases. Ces métastases sont constituées de cellules cancéreuses venant de la prostate et elles doivent donc être traitées comme un cancer de la prostate. Mais contrairement à ce qui se passe habituellement avec la plupart des autres tumeurs cancéreuses, de nombreux cancers de la prostate restent limités et ne s’étendent pas à d’autres organes. Certains de ces cancers peu agressifs se développent très lentement et ne causent aucun problème pendant des années.
Fréquence
Le cancer de la prostate atteint majoritairement des hommes âgés. Environ trois quarts des patients ont plus de 65 ans. Il s’agit actuellement de la forme de cancer la plus fréquente chez l’homme. En Côte d’Ivoire, Le cancer de la prostate pose à l’heure actuelle un problème de santé publique. En 2018 déjà, 2485 nouveaux cas ont été diagnostiqués, 1539 décès sont relevés par an et le taux de mortalité est de 15.5 morts sur 100 000 hommes.
Facteurs de risque
Le facteur prédisposant le plus clairement identifié est l’âge. Plus on vit vieux, plus on risque d’en être atteint. Par ailleurs, les hommes dont le père, le frère et/ou un oncle présente(nt) un cancer de la prostate coure un risque accru. 5 à 10 % de tous les cas de cancer prostatique sont en effet associés à une prédisposition génétique. Il est possible que des facteurs environnementaux et alimentaires jouent également un rôle dans le développement du cancer de la prostate. Un cancer n’est pas contagieux. Les partenaires n’ont donc aucune crainte particulière à avoir, même en cas de rapports sexuels.
Symptômes
Les cancers de la prostate ne s’accompagnent pas de signes spécifiques. Généralement, la maladie passe complètement inaperçue pendant de nombreuses années. Le cancer doit avoir atteint un volume important pour se manifester par des problèmes de compression des voies urinaires :
• un jet d’urine qui perd de sa force ;
• le fait d’uriner plus souvent, même durant la nuit ;
• une sensation de douleur ou de brûlure lorsqu’on urine ;
• des urines troubles ou contenant du sang.
De telles perturbations urinaires sont fréquentes chez les hommes âgés. Elles résultent le plus souvent d’une augmentation bénigne du volume de la prostate (adénome bénin) et non d’un cancer. Ces symptômes doivent cependant attirer l’attention et il est nécessaire de consulter un médecin afin de détecter l’origine du problème.
Autres symptômes
Un cancer de la prostate qui envahit les organes voisins peut s’accompagner de douleurs sourdes dans le bas ventre ou le bas du dos, d’une irritation du rectum, etc. En cas d’envahissement lymphatique, on constate parfois un œdème (gonflement) au niveau d’une jambe ou de la verge. Ces symptômes sont d’apparition très tardive. Il n’est pas rare que la maladie soit détectée seulement lorsque des métastases apparaissent, principalement dans les os (fracture spontanée, douleurs osseuses).
Examens de diagnostic
Le diagnostic de cancer est généralement posé par un urologue. Selon les circonstances, il effectuera ou demandera un ou plusieurs des examens suivants :
• toucher rectal : palpation de la prostate via le rectum ;
• échographie de la prostate via le rectum ;
• ponction-biopsie pour permettre l’analyse microscopique des cellules et poser avec certitude le diagnostic.
L’urologue prélève des cellules en piquant une aiguille dans la prostate à travers la paroi du rectum. La ponction s’accompagne souvent de petites pertes de sang dans les urines, les selles ou le sperme. Un traitement antibiotique est donné pour éviter les infections de la prostate suite à ces prélèvements.
Bilan d’extension
Si le cancer est confirmé, un bilan d’extension est nécessaire pour savoir si des métastases (tumeurs secondaires) sont présentes dans d’autres organes (ganglions, os…). Le bilan d’extension comporte généralement :
• scintigraphie osseuse ou IRM du rachis (recherche de métastases dans les os) ;
• scanner du thorax (métastases pulmonaires éventuelles) et de l’abdomen (recherche de métastases dans le foie et étude des reins) ;
• IRM pelvienne pour évaluer les contours de la prostate et pour la recherche de ganglions.
Des taux sanguins de PSA faibles au moment du diagnostic rendent cependant peu probable la présence de métastases, ce qui permet parfois d’éviter ce bilan.
Stade
Le stade désigne le degré d’extension du cancer. Il est établi en fonction du résultat du bilan d’extension. Le stade, tout comme le degré d’agressivité des cellules cancéreuses sont importants pour décider si un traitement est ou non nécessaire à court terme et si oui, choisir le/les traitement(s). Traitements Face à un cancer, les traitements sont choisis au cas par cas. Chaque malade doit être pris en charge par une équipe médicale pluridisciplinaire spécialisée, ayant une grande expérience dans le traitement de ce type particulier de cancer. Un schéma de traitement ou de surveillance est établi en fonction du stade et du degré d’agressivité de la maladie, de l’âge et de l’état général du patient. Les traitements visant la guérison définitive du patient sont appelés traitements curatifs. On parle de traitements palliatifs lorsque le but est de stopper ou de ralentir l’évolution de la maladie et/ou de soulager les symptômes.
Attente et surveillance
Lorsqu’un cancer prostatique de petite taille, asymptomatique et de faible agressivité est découvert chez un patient très âgé ou dont l’espérance de vie est limitée par d’autres maladies, la meilleure solution est parfois de n’entreprendre aucun traitement. En effet, les traitements curatifs ou palliatifs s’accompagnent de conséquences (effets secondaires) pas toujours négligeables. Dans les cas de cancers peu agressifs chez des patients en âge de recevoir un traitement curatif, une alternative peut être la Surveillance Active. Ces cancers peu agressifs se développent très lentement et permettent selon certains critères de retarder le traitement sans altérer les chances de guérison, voire parfois de ne jamais nécessiter de traitement. Une surveillance régulière du PSA est alors préconisée, accompagnée de nouvelles biopsies afin de juger d’une évolution éventuelle de la maladie. Dans ce cas, un traitement serait alors proposé si nécessaire.
Traitements curatifs
La guérison définitive d’un cancer de la prostate est possible, à condition que la tumeur soit limitée à la prostate, sans envahissement à distance. Plusieurs traitements sont envisageables :
• chirurgie ;
• radiothérapie externe ;
• brachythérapie ou curiethérapie ;
• traitement par ultrasons ;
• cryothérapie.
Chirurgie
Ce type d’intervention est proposé aux hommes relativement jeunes et en bonne santé. L’opération consiste en l’ablation complète de la prostate et des vésicules séminales (prostatectomie radicale). Elle est complétée, dans les cas les plus agressifs, par l’enlèvement des ganglions lymphatiques qui seront également analysés pour déterminer le stade d’extension de la maladie. Cette chirurgie peut aussi être réalisée sans ouvrir l’abdomen mais en introduisant les instruments nécessaires via de petits trous pratiqués dans la paroi abdominale. C’est la chirurgie laparoscopique ou robot-assistée. Cette approche présente plusieurs avantages : dissection plus fine, moins de pertes de sang, récupération plus rapide et durée d’hospitalisation plus courte.
Les résultats face au cancer sont également excellents mais comme pour la chirurgie classique, les effets secondaires fonctionnels existent. Aucune de ces techniques n’a encore prouvé sa supériorité. Effets secondaires Risque d’incontinence urinaire, de troubles de l’érection, d’impuissance ou de rétrécissement des voies urinaires.
Radiothérapie externe
La radiothérapie est utilisée pour détruire les cellules cancéreuses à l’aide de rayons X de haute énergie.
Effets secondaires
La radiothérapie externe est souvent responsable d’une fatigue pendant le traitement. Elle entraîne un risque d’irradiation des organes au contact direct de la prostate avec irritation de la vessie et du rectum, le plus souvent de courte durée. Elle peut également être responsable à terme de troubles de l’érection et d’impuissance.
Brachythérapie ou curiethérapie
Cette technique consiste à implanter définitivement des grains radioactifs directement dans la prostate. Chaque grain mesure 4,5 x 0,8 mm et est composé d’une source radioactive (iode, iridium ou palladium) encapsulée dans du titane. La mise en place se fait sous anesthésie générale, au moyen d’aiguilles. L’irradiation délivrée n’agit qu’au contact immédiat des grains et ne présente pas de risque pour l’entourage. Qui plus est, les grains cessent d’être radioactifs après 40 jours. Cette technique peu invasive est utilisable chez des patients fragiles pour qui une chirurgie classique serait contre-indiquée et en cas de tumeurs peu agressives. Elle ne nécessite pas une longue hospitalisation (éventuellement une nuit après la mise en place des grains).
Effets secondaires
Les implants radioactifs sont surtout responsables d’une irritation locale des voies urinaires (urétrite) transitoire.
Encore quelques conseils
Lutter contre la fatigue La fatigue est un effet secondaire très fréquent du cancer et/ou de ses traitements. Cette fatigue peut être ressentie longtemps après la fin des traitements. Votre médecin et/ou l’équipe médicale, peuvent vous aider à en réduire les effets.
Soulager la douleur
Le médecin ou le personnel soignant peuvent vous aider à soulager les douleurs. Suivez toujours strictement leurs recommandations, notamment concernant les doses de médicaments antidouleur prescrites. Pour que manger reste un plaisir Si la maladie ou les traitements perturbent votre alimentation, vous pouvez demander conseil à un diététicien spécialisé en oncologie (oncodiététicien).
Ne suivez pas de votre propre initiative un prétendu régime « anticancer ». Leur efficacité est loin d’être démontrée, et cela risque fort d’affaiblir davantage votre corps. Soyez également prudent avant de prendre des compléments alimentaires. Certains d’entre eux peuvent perturber l’efficacité de votre traitement.
Djolou Chloé
Source : Fondation contre le cancer