Selon les spécialistes, il y a plus de 4 millions de drépanocytaires en Côte d’Ivoire. Et le pays enregistre plus de 600 cas par an. Cette période pluvieuse est particulièrement éprouvante pour les patients.
Deux jours en hospitalisation ! C’est le temps qu’a passé Morel-Imelda Kouadio, dans une structure sanitaire à cause des complications dues à la drépanocytose. « C’était le 18 avril 2020 », se souvient la jeune étudiante en Science Politique. Elle fait la forme AS, la moins grave, c’est-à-dire la forme mineure.
Mais les crises se succèdent quelle que soit la période. « On a mal à toutes les périodes en tant que personnes atteintes de la drépanocytose. Je reste assez longtemps sous la climatisation je commence à ressentir de fortes douleurs au niveau des articulations. A plusieurs reprises j’ai été hospitalisée. Il a fallu des injections pour calmer la douleur », témoigne-t-elle. Les crises se traduisent généralement par des fortes douleurs. « Sur une échelle de 0 à 10, l’estimation est de 11 c’est dire à quel point c’est atroce », fait-elle voir, pour décrire le degré de douleur de cette maladie. Pour se protéger des crises récurrentes, la jeune fille de 24 ans reste essentiellement au chaud et évite de rester dehors quand il pleut.
L’avis du médecin
La drépanocytose est une maladie génétique héréditaire affectant les chaines de l’hémoglobine (protéine contenue dans les hématies, qui donne au sang sa couleur rouge).
Selon le Docteur Paul Dénise Yapo, médecin interne des hôpitaux il y a différents types d’hémoglobine chez un être humain non malade qui varient en fonction de l’âge. « Lorsqu’on est nouveau-né on a l’’hémoglobine fœtale appelé ‘’F’’ qui est en grande majorité avec l’hémoglobine ‘’A1’’. Quand on grandit, on a que l’hémoglobine ‘’A1 et A2’’. Chez les drépanocytaire on a l’hémoglobine S qui se rajoute », explique-t-elle.
Paule-Denise Yapo distingue cinq types de drépanocytaires regroupés en trois grandes formes : les formes majeures anémiques, les formes majeures non anémiques et la forme mineure. Les formes les plus exposées aux crises en cette saison de pluie sont les formes majeures. Notamment les SS, SC…
CS : une forme méconnue
Les patients atteints de cette pathologie ont les globules rouges déformés. Ils sont exposés à plusieurs complications surtout en période fraîche, comme cette période de saison des pluies. Dr Paule-Denise Yapo met l’accent sur tous les drépanocytaires atteints de formes majeures SS et CS. « Evitez le froid, les efforts physiques prolonger, la fièvre parce que cela peut entrainer une crise ». Ces crises peuvent créer beaucoup de complication notamment l’anémie, d’autres complications infectieuses. Mais la forme ‘’AS’’, celle qu’a Morel-Imelda Kouadio est à priori épargnée, selon le médecin. Les malades doivent néanmoins se protéger. Les formes sévères incluent la ‘’SC’’ pratiquement méconnue. Selon Dr Paule-Denise Yapo, cette forme fait partie de la forme majeure non anémique. « Les patients atteints de cette forme s’exposent à toutes les complications de la drépanocytose. Les complications au niveau oculaire, au niveau pulmonaire… des crises de manière périodique (le froid, le paludisme). Ils sont épargnés seulement de l’anémie chronique », fait remarquer Paule-Denise. Non sans préciser que la forme majeure non anémique prend aussi en compte les formes ‘’FA2’’ et ‘’SAFA2’’.
Il existe par ailleurs, la forme majeure anémique. C’est à dire la ‘’SS’’ et’’ SFA2’’, et puis la forme mineure ‘’AS’’. « La personne atteinte d’une forme majeure anémique sera exposée à toutes les complications y compris l’anémie sévère. C’est en fonction de ces trois différentes formes qu’on prend le malade en charge », révèle le docteur.
Les complications chez les drépanocytaires vont jusqu’à bloquer la circulation sanguine. « Lorsque qu’un territoire du corps ne reçoit plus de sang, cela peut toucher la vue et même conduire à la cécité. Le cerveau, les reins peuvent être affectés. Et les malades sont également exposés aux AVC », détaille-t-elle.
Dr Paule-Denise Yapo conseille aux personnes en couple à faire des tests pour connaitre les différents statuts avant toute procréation. Seule façon de prévenir cette maladie.
Le 19 juin dernier, à l’occasion de la célébration de journée internationale de lutte contre la drépanocytose, la présidente de l’Association des drépanocytaires et thalassémiques de Côte d’Ivoire (Adtci), Patricia Amon, a proposé que le bilan prénuptial soit obligatoire. Car selon elle, faire des enfants sans savoir son statut peut être dangereux pour vos enfants, mais pour vos proches également.
Marina Kouakou