Après avoir subi une agression à l’arme blanche le 3 juin 2021 à 21 heures, la victime Franck S, Etudiant en année de licence (Banque finance et Assurance), est évacué à l’Hôpital militaire d’Abidjan (HMA), sur ordre d’un médecin d’une clinique de la place, située au quartier Dokui. Lui et les siens sont arrivés dans l’enceinte de cet établissement sanitaire de renom à 23 heures. Un mois plus tard, Mr SILUE Fatogoma Directeur de Publication du magazine VoixVoie De Femme, qui n’est autre que le père de la victime convalescente, livre dans cet entretien, les failles de cette prise en charge sanitaire à HMA. Son témoignage !

Plus de 1h 30 minutes sans soins…

Ce jeudi nuit aux environs de 21h, le téléphone de ma femme sonne. C’est un ami à mon fils Franck qui est au bout du fil.  Il nous dit : « Votre fils a été agressé et transporté dans une clinique non loin de la paroisse Ste Monique ». Nous nous rendons à la dite clinique et là, je constate que mon fils a été mortellement agressé. Je dirai une véritable boucherie. Il fallait prendre une décision. Et c’est ce qui est fait après quelques minutes d’entretien avec le médecin. Il est évacué à HMA, Hôpital Militaire d’Abidjan. Dans cet établissement, un fait me marque tout de suite négativement. Il n’y a aucun brancardier à l’accueil des Urgences. Nous sommes arrivé dans l’indifférence total du personnel soignant.

 Alors que mon fils tient à peine sur ses pieds, il y a aucun brancardier aux Urgences ! Aidés de ses amis, son frère ainé et moi le transportons dans le hall des urgences. Là encore, personne ne s’occupe de nous. Pas de lits ni de place assise. Pendant ce temps Frank saigne des oreilles, du nez, le menton, du bras droit et quatre autres blessures profondes sur son corps. Je suis inquiet ! Surtout pour sa main droite qui pend, presque tranché du reste du bras.  Nous nous adressons  aux agents soignant sur place. « Je suis occupé », nous rétorque l’un quand un deuxième nous dit : « C’est l’heure de ma pause ». Personne ne daigne s’approcher pour s’imprégner de la situation.

 Nous restons debout dans le hall pendant plus de 30 minutes malgré l’état critique du blessé. C’est ainsi que nous trouvons, nous-mêmes, un fauteuil roulant pour lui.

 En attendant qu’un médecin, ou un infirmier ou même un aide-infirmier veille bien s’occuper de lui. C’est finalement à 1 heure du matin qu’il a été pris en charge dans la salle « Kitchenette » du bâtiment F des soins d’urgence. Pendant tout ce temps et pour tous les déplacements du patient, son aîné lui sert  de brancardier.

 Une fois dans la salle des soins, c’est un autre scenario qui commence. Ici, les infirmiers, la caissière de la pharmacie, l’agent du laboratoire d’analyse de sang et ceux de la radiographie font leur entrée en scène. Point de médecin, jusqu’au lendemain matin à 9 heures!

Rackets et arnaques du personnel soignant

Avant de commencer les soins un infirmier soignant réclame 20 000F CFA. Selon lui, sur les 20 000 F CFA, 15 000F CFA règlent les frais de son intervention, tandis que 5000F CFA sont destinés à la caisse. Nous réglons la somme. Les soins peuvent débuter. L’infirmier effectue des examens et des radios.

A la fin des soins, je vais voir l’infirmier pour lui demander un reçu de l’argent déboursé. Il nous demande de patienter. Quelques temps après, je revient vers lui. Il m’explique qu’à notre arrivée à l’hôpital, il a utilisé ses « propres produits » pour le traitement. Ce qui justifie les 15 000 F CFA que j’ai payés. Toujours dans la recherche des justificatives de l’argent qu’il m’a fait payer, l’infirmier me tend une ordonnance en lieu place du reçu. J’exige à nouveau un reçu ! Il repart voir le major. Et finit par me rembourser la totalité, 20 000 F CFA.

Pour les analyses au laboratoire, les achats de médicaments à la pharmacie du HMA et pour la radiologie aucun reçu ne m’avait été donné. J’ai dû insister pour avoir les différents reçus. Voici ce qui se passe lorsque vous réclamez un reçu: l’on vous retourne votre argent et on vous redirige vers la caisse de l’hôpital.

 Les 15 000F CFA ont été repris sous une autre forme…

Le lendemain matin du 4 juin, le même infirmier (ci-dessus cité), soutenu par son major, exigent le remboursement des produits utilisés pour les premiers soins (leurs propres produits). Sans me présenter une ordonnance. Pourtant j’avais déjà payés des produits utilisés pour les premiers soins de mon fils. J’ai dû payer à nouveau. Cette fois-ci, comme reçu il prend soin de prescrire une ordonnance sur laquelle il mentionne 15 000 FCFA.

 Ce matin du 4 juin 2021, notre angoisse était grande, le blessé continuait de saigner et il fallait aller vite. Mais le personnel de santé en charge de son dossier n’était plus de service . Nous interpellons une infirmière pour lui exposer la situation. Elle nous fait savoir qu’un chirurgien allait s’en occuper. Nous approchons un autre médecin qui nous demande d’attendre celui qui a commencé le traitement. Ce dernier, un infirmier, de service la nuit avait quitté l’hôpital. Son heure de descente était arrivée. Selon le médecin que nous avons approché, son collègue aurait dû achever le travail avant de rentrer. Il fallait attendre qu’il revienne reprendre le travail… à 10 heures. Impuissants, nous avons attendu jusqu’à 10 heures. Cette fois l’infirmier a achevé les soins sur injonction du médecin chirurgien.

Faute de spécialistes un mauvais diagnostic!

Et chose surprenant, pour un hôpital aussi prestigieux et de référence que HMA, il n’y a eu aucun médecin ni spécialiste à notre arrivée dans la nuit pour la prise en charges du blessé.

C’est l’infirmier major qui a fait la première consultation, et nous donne un bulletin pour la traumatologie. Pas de médecins disponibles pour nous recevoir dans ce service. . Nous revenons le lendemain, vendredi 4 juin. On nous demande de prendre Rendez-de-vous … pour revenir quatre jours plus tard!

Nous retournons le Lundi 7 juin, dès 7 heures et 30. Le Traumatologue arrivé à 10 heures! Au vu de la radiographie, le traumatologue relève une erreur de diagnostic. La suture avait été faite, alors qu’il y avait une fracture au niveau de l’os du poignet. Et tous les tendons du bras étaient sectionnés. Il conclut que le traitement n’avait pas été bien fait. Le travail doit être repris!

IL nous conseil une clinique de son choix pour une nouvelle opération. Le service de chirurgie de HMA ne pouvait pas assurer. Le bloc opératoire était en réfection!  Le traumatologue nous fait une facture pro-forma et nous donne Rendez-de-vous dans une autre clinique….

 J’ai eu peur pour mon fils. J’ai dû changer d’hôpital. Et c’est le CHU d’Angré qui m’a été conseillé par des amis. Dans cet établissement, les choses se sont plutôt bien passées. Très bien d’ailleurs. « Grand merci aux médecins et spécialistes qui ont opéré, avec succès, mon fils ».

SILUE Fatogoma

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