Comme les hommes victimes de calvitie, des femmes voient aussi leurs cheveux chuter au moment où elles s’y attendaient le moins. Et on constate de plus en plus un nombre croissant de cas féminins d’alopécie…
Viviane, 47 ans, ne voit plus ses cheveux pousser convenablement. Elle n’a presque plus de cheveux sur la ligne frontale et l’espace semble s’étendre au fil des ans. Heureusement, la perruque qu’elle porte cache bien cette partie dont elle n’est pas du tout fière. « Cela fait trois ans que j’ai constaté que mes cheveux s’en vont. Et plus les années passent je sens que les cheveux reculent », s’inquiète cette mère de trois enfants. Elle est venue se confier ce jeudi 20 août 2020 à son coiffeur, Konan N’Drin, patron d’un salon de coiffure à Abidjan-Cocody…
Cette maladie dont souffre Viviane, appelée alopécie, gagne de plus en plus de femmes. Une enquête menée en 2016 par le ‘’Slone Epidemiology Center » de l’Université de Boston aux Etats-Unis, auprès de 6 000 femmes d’ascendance africaine, révèle que près de 48 % des personnes interrogées avaient perdu leurs cheveux au niveau de la couronne ou vers le sommet de la tête, principalement en raison d’une alopécie de traction. En 2019, une étude publiée dans la revue médicale »Clinical, Cosmetic and Investigational Dermatology », révèle qu’un tiers des femmes d’origine africaine était touché par ce mal !
L’alopécie est un terme général pour désigner la chute de cheveux, quelle qu’en soit la cause. « C’est une maladie du cuir chevelu chez la femme. Elle est souvent provoquée par une traction trop forte et prolongée des racines des cheveux. Et ce sont les femmes africaines qui usent de cette pratique pour faire leurs cheveux qui en souffrent le plus », explique Dr. G. T, dermatologue au Centre médical Annie d’Abidjan-Treichville.
Selon lui, à force de se tresser ou de coiffer très régulièrement, on finit par endommager les racines capillaires. « Ça commence par des inflammations du cuir chevelu, puis de légères irritations. Mais si rien n’est fait pour éliminer le problème, la traction peut provoquer une alopécie définitive, car les bulbes capillaires finissent par être irrémédiablement détruits. Dans les cas les plus graves, la ligne frontale peut reculer de plus de 10 cm », explique le spécialiste.
L’autre cause de cette perte de cheveux, selon Ze Bi Kassi Fleure, Spécialiste de soin capillaire, c’est l’utilisation abusive de produits cosmétiques. « La plupart des teintures et des défrisants vendus et utilisés sont des produits à base de compositions chimiques. Ils sont nocifs de par leur nature pour la santé des cheveux et du cuir chevelu. La preuve, les coiffeuses protègent toujours leurs mains avec des gants lorsqu’elles défrisent », explique la patronne du centre ‘’Feymie’s hair care’’ Abidjan.
Mais la chute des cheveux chez les femmes n’est pas seulement causée par l’action du coiffage des cheveux. Elle peut être aussi naturelle comme chez l’homme. Dans ce cas, les spécialistes parlent d’alopécie androgénétique. Le site cmccparis.com estime que près de 20 % des femmes sont touchées par cette catégorie d’alopécie. « Les femmes produisent des hormones mâles qui sont sécrétées par les glandes surrénales et les ovaires. Cette sécrétion d’androgènes se fait dans des proportions inférieures que chez les hommes (jusqu’à 20 fois moins). Néanmoins, en cas de prédisposition androgénétique, cette petite quantité d’androgènes va suffire à déclencher le processus de chute de cheveux. Le cycle de croissance capillaire va s’accélérer et le capital de renouvellement des follicules pileux s’épuiser de manière précoce. Les cheveux deviennent de plus en plus fins jusqu’à disparaître entièrement. En parallèle, les androgènes vont provoquer une sécrétion accrue de sébum. Le sébum stagne au niveau du cuir chevelu. Celui-ci s’épaissit peu à peu, entravant de fait la bonne irrigation des racines capillaires et leur renouvellement. Le phénomène d’alopécie androgénétique démarre souvent à l’un des moments-clés de la vie d’une femme, à savoir : la puberté, une maternité, la pré-ménopause, la ménopause », détaille le site.
Toutes ces formes d’alopécies trouvent des solutions. Ze Bi Kassi Fleure conseille aux femmes de prendre soins de leurs cheveux et du cuir chevelu. « Pour avoir des cheveux sains, il faut avoir ce qu’on nomme dans notre jargon une bonne routine capillaire qui allie l’utilisation de produits corrects adaptés au type de cheveux que la nature nous a donné et la manipulation correcte. Il faut faire hebdomadairement des soins avant et après shampoings, appliquer des crèmes hydratantes et des huiles végétales de scellage, dormir avec un foulard de soie de façon quotidienne, éviter les mauvaises manipulations telles que les tresses serrées avec ou sans mèche, car cela occasionne les casses et les chutes précoces des cheveux, éviter la présence d’éléments nuisibles au cuir chevelu tel que la colle, espacer l’application des produits défrisants et des tresses avec les mèches, faire des tresses qui sont très lâches à la base avec les cheveux uniquement », conseille-t-elle.
Ténin Bè Ousmane