Chaque année, le paludisme tue deux millions de victimes dont 600 000 enfants, selon l’OMS. Après des années d’espoirs déçus, un vaccin serait en cours de confirmation pour protéger les populations de cette meurtrière maladie. En Côte d’Ivoire, on attend avec impatience ce remède salutaire.
Depuis le 25 avril 2021, la Côte d’Ivoire est en pleine campagne de distribution de moustiquaires. Tout est parti de Divo, où ce jour, la journée internationale de lutte contre le paludisme a été célébrée. Depuis, le coordonnateur du Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp) est lui-même monté au front pour que chaque Ivoirien reçoive son kit. Selon les derniers chiffres officiels, la Côte d’Ivoire a enregistré 1 819 décès du palu en 2020. Un chiffre bien meilleur que celui de l’année précédente où 3000 âmes ont succombées de cette maladie infectieuse d’origine parasitaire qui touche environ 230 millions de personnes dans le monde, essentiellement en Afrique.
Si les autorités sanitaires ivoiriennes se félicitent de la baisse des chiffres des décès en 2020, l’annonce d’un vaccin a été accueilli avec enthousiasme. « Mais, souligne Thérèse Bleu, chargée de communication au Pnlp, ce n’est pas une affaire de maintenant ».
Le vaccin contre le paludisme efficace à 77 %
Selon l’OMS, ce vaccin contre le paludisme a fait ses preuves. Il serait, en effet, le premier à dépasser la barre des 75 % d’efficacité, s’approchant ainsi de l’un des objectifs clés de l’organisation : concevoir un vaccin antipaludique efficace à 80 % d’ici 2025.
Il a été développé par l’université d’Oxford, en collaboration avec des scientifiques burkinabés. Baptisé R21/Matrix-M, c’est un vaccin composé d’une protéine recombinante spécifique au parasite (la protéine circumsporozoïte R21) et d’un adjuvant, le Matrix-M.
Des essais cliniques de phase II ont été menés auprès de 450 enfants du Burkina Faso, âgés de 5 à 17 ans. Deux concentrations d’adjuvant ont été testées, la plus élevée a permis d’atteindre une efficacité de 77 % pour éviter l’apparition du paludisme, et la plus faible, 71 % après trois doses et à l’issue d’un suivi d’un an. Un rappel a été fait juste avant le pic d’infection, durant la saison des pluies.
« Le vaccin n’a pas encore vulgarisé. Mais les résultats sont probables », salue le Dr Bleu. « Comme tous pays endémiques, la Côte d’Ivoire l’attend. Si les recherches sont terminées et qu’on doit mettre le vaccin sur le marché, la Cote d’Ivoire sera prête à recevoir ses doses. Mais pour l’instant l’OMS n’a pas encore mis à la disposition d’un pays. Ils attendent encore un résultat de l’essai clinique sur les enfants dans trois pays. C’est après cette phase qu’on va décider de la mise en application sur le marché », détaille la chargée de la Communication du Pnlp.
Dans combien de temps le liquide précieux sera disponible ? Mme Bleu espère que ce sera le plus tôt possible. « Je ne crois pas que ça pourra dépasser deux ans. Parce que, pour un vaccin, si on a déjà fait cette d’essai clinique, cela veut dire qu’on a suivi ces personnes pendant des années (pratiquement deux ans). Nous sommes au niveau des experts. Ce sont les premiers résultats qu’on a dits. Ils disent que c’est tolérer jusqu’à 75% mais ils n’ont pas encore dit si les pays peuvent recevoir. Et la question sur la quantité des doses qu’on peut fabriquer n’a pas encore été évoquée ».
En attendant la disponibilité des précieuses doses, le Pnlp poursuit sa mission. Invitant les populations à dormir sous moustiquaires et surtout à fréquenter les centres de santé pour la prise en charge des maladies et particulièrement des enfants.
Les autorités sanitaires estiment que la Covid-19 qui a négativement impacté les autres secteurs n’a pas « trop influencé la lutte contre le palu ». « Nous avons commencé la sensibilisation et la mobilisation des populations, un peu tôt avant la Covid-19. Et dès que nous avons fini le confinement en juin 2020, nous avons fait des missions à travers tout le pays. Avec les directeurs départementaux et régionaux, nous avons sensibilisé les communautés, les leaders communautaires et autres à fréquenter les centres de santé, à reprendre les activités de santé comme avant la pandémie », soutient la responsable de la Communication du Pnlp.
Ténin Bè Ousmane