L'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire restera masculine durant la prochaine législature.

Malgré une loi exigeant un quota de 30% de postes réservés aux femmes à l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, les résultats des législatives du 6 mars 2021 leur donnent seulement, un peu plus de 12 % de sièges !

Pour les cinq prochaines années, l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire restera très masculine ! Le scrutin législatif du 6 mars 2021 a donné des résultats très loin des espérances : sur 254 députés déclarés élus, seulement 32 sont des femmes. Soit un taux de 12,5% du total des élus !

Ce chiffre bien loin de l’espoir suscité par l’adoption en octobre 2019, d’une loi ordonnant aux partis politiques de présenter au moins 30% de candidates pour les assemblées élues. L’objectif étant d’avoir au moins 85 femmes députées à l’Hémicycle.

Avancée timide

Certes, le taux de candidatures féminines avait sensiblement évolué, selon la Commission électorale indépendante (CEI). Il est en effet passé de 10,56% à 12,27% en 2011 et 14,54% aux législatives du 06 mars 2021. Pour leur donner plus de chance le ministère de la Femme, soutenu par ONU-Femme, s’est activement impliquée dans la formation de ces candidates. Le 17 février dernier, quelques semaines après le scrutin, les 500 candidates avaient vu leurs capacités renforcées.

« L’enjeu est d’emmener toutes les femmes candidates titulaires ou suppléantes à se faire élire dans leurs circonscriptions électorales, afin que l’hémicycle en Côte d’Ivoire ait une nouvelle configuration pour plus d’équité et pour une démocratie encore plus constructive et apaisée », avait insisté, à l’occasion, la ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, le prof Ramata Ly-Bakayoko.

Ces échéances, mettaient dans la course, 210 femmes candidates titulaires et 242 suppléantes. Comparativement au nombre de candidatures masculine qui était de plus de 1 300, ce nombre que représentaient les femmes était très faible. Mais l’activiste pour les droits de la femmes et des enfants, Yoli-Bi Koné, fait remarquer que ce chiffre était bien suffisant pour relever le défi. « L’Assemblée nationale compte 2055 députés. Si sur ces 210 candidates, 100 sont élue, nous aurons dépassé les 30% », avait-elle expliqué.  

Malgré un cadre juridique rendu favorable par la loi, la faible représentativité des femmes demeure une réalité à l’Assemblée nationale. Il faut noter que le taux de femmes élues  de la législature sortante est de 11,5% à l’assemblée nationale, 12,11% au sénat, 14,97% dans les conseils régionaux,  11,33% au sein des conseils municipaux.

A l’évidence, la loi sur la parité n’aura rien pas servi à grand-chose si l’on s’en tient aux données de la Banque mondiale. L’institution financière de Breton Wood plaçait la Côte d’Ivoire derrière le Ghana qui compte 13% de députées femmes, le Togo avec 19 % et le Sénégal pour 43 % de femmes députées. Les 12% obtenus au sortir du scrutin du 6 mars maintiennent la Côte d’Ivoire sa même position.

Causes ?

Pour les organisations de défense des femmes, le quota espéré des 30% n’a pas été atteint à cause de la non application effective de la loi par les partis politiques. D’ailleurs, elles ont réussi à s’engager à plus de 200 dans la course, c’est grâce aux candidatures indépendantes. « Les partis n’ont pas respecté à loi. Seul un a respecté le quota. C’est Force au peuple (FAP), qui a réussi atteint 50% de candidatures féminines. Les plus grands partis n’ont pas appliqué la loi et aucune sanction n’a suivie », a regretté Rachel Gogoua, présidente du Groupe des organisations féminines pour l’égalité Homme-Femme ( GOFEHF).

Au-delà de cet aspect technique de l’application de la loi, les experts pensent que d’autres facteurs sociologiques entravent les ambitions politiques des femmes. A savoir le manque de moyens. « Ce manque de moyen financier, empêche les femmes d’être le choix des partis politiques lors des élections. Les élections coûtent chères, or les partis politiques ne portent pas leur choix sur des personnes qui n’ont pas de moyens de financer leur campagne », la présidente du Conseil d’administration du WANEP Côte d’Ivoire.

Yoli-Boi Marguerite ajoute à cela le « manque de motivation et de confiance en elles ». « Pour changer cette donne, les femmes ivoiriennes doivent  se former »,  conseille l’experte en genre. Elle également remarquer qu’une certaine « perception de la société africaine envers les femmes constitue un frein à leur engagement dans les instances décisionnelles ». Occasion pour elle d’en appeler aux hommes, plaidant afin qu’il brise « cette perception qui déséquilibre davantage la société ».

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