Le point de la situation Covid-19 est de plus en plus en forte croissance. Selon les données du ministère de la Santé et de l’hygiène publique du jeudi 01 Avril 2021, « 437 nouveaux cas de Covid-19, 539 guéris et 03 décès ». À la date du 01 Avril 2021, la Côte d’Ivoire compte donc 44 326 cas confirmés dont 40793 personnes guéries, 247 décès et 3286 personnes en traitement. Mais le respect des mesures barrières reste un grand défi à Abidjan. (Reportage)
Mardi 30 mars 2021. Nous sommes à la gare de bus du CHU de Cocody. Il est 14 heures. En file indienne, les passagers attendent sereinement le numéro de bus de leurs destinations respectives. L’ambiance est bon enfant. Certains entonnent des chants pour se faire remarquer. Ce groupe d’animation est majoritairement composé d’étudiants. Là où la Covid-19 inquiète à cause de la multiplication quotidienne de nouveau cas de contamination et de décès, tout semble normal dans cette gare. Aucune mesure barrière n’est respectée. Pas de masque, aucune distanciation observée, on se taquine… et on ne se prive pas des étreintes.
Un quart d’heure passe dans cette ambiance festive quand un 49 (bus sur la ligne d’Abobo) fait son entrée à la gare puis se mobilise.
Le machiniste, masque au visage, actionne son tableau de bord puis les portes du mastodonte ouvrent. Le véhicule est tout de suite pris d’assaut. Étudiants, élèves, commerçants, fonctionnaires…. se livrent à un véritable spectacle. Tous se précipitent pour accéder à l’intérieur. On se bouscule. C’est le désordre… Une dizaine de minute, puis le véhicule est surchargé.
Certains, bien accrochés aux portes poussent de toutes leurs forces pour entrer. Le machiniste peine à refermer les portes. Il a beau actionné son tableau de bord électronique, mais les battants bloqués par les usagers ne peuvent s’exécuter.
Le machiniste respire fortement, avant de reprendre son souffle. Il baisse son cache-nez, appuie incessamment un bouton, puis réussi à fermer la porte bus. Enfin ! Il ordonne aux uns et aux autres le port du masque. « Portez vos masque et envoyez l’argent pour les tickets », lance-t-il. Serrés les uns contre les autres, le masque descendu sur le menton pour ceux qui en portent, on fait passer les cartes ou l’argent du ticket pour être transmis au conducteur. La scène dure une vingtaine de minutes avant que le moteur du bus articulé ne rugisse en direction d’Abobo.
« La Sotra doit faire réappliquer ces anciennes mesures barrières »
Djeneba, une étudiante tout essoufflée se plaint. « Certaines personnes font l’effort de porter leurs cache-nez. Mais la majorité, une fois à l’intérieur du bus descendent leurs cache-nez très rapidement. Je pense que la Sotra doit faire réappliquer ces anciennes mesures barrières ».
Il y a quelques mois, il était interdit d’entrer dans un bus sans cache-nez. Et à l’entrée, il fallait désinfecter ses mains avec une solution hydro-alcoolique. Tous les machinistes y veillaient personnellement.
Dès l’apparition du virus et son entrée en Côte d’Ivoire, en mars 2020, le gouvernement avait pris des mesures pour lutter contre la propagation de la pandémie.
Il est recommandé de se laver fréquemment et soigneusement les mains avec une solution hydro-alcoolique ou à l’eau et au savon ; maintenir une distance d’au moins un mètre avec les autres personnes qui toussent ou qui éternuent ; éviter de se toucher les yeux, le nez et la bouche ; veillez à respecter les règles d’hygiène respiratoire et à ce que les personnes autour de vous en fassent autant. En cas de toux ou d’éternuement, il faut se couvrir la bouche et le nez avec le pli du coude, ou avec un mouchoir et jeter le mouchoir immédiatement après.
Malheureusement c’est le relâchement dans tous les secteurs, depuis ces dernières semaines, alors que les chiffres de contamination grimpent.
Au campus de Cocody, dans les amphithéâtres, le scénario est le même. Les mesures barrières ne sont plus respectées. Les professeurs dispensent les cours sans masques de protection. Les étudiants également n’en portent pas et s’asseyent côte-à-côte, au mépris des mesures de distanciation pourtant en vigueur.
« Personnellement, je suis conscient de l’existence du Covid-19. Mais je ne porte pas de cache-nez en amphi. Ça m’étouffe lorsqu’il fait chaud», se défend Yao R., étudiant en Lettres Modernes.
Dans les marchés, plus personne ne se soucie du coronavirus.
Au marché Gouro d’Adjamé, le monde grouille de partout. Aucun visage masqué. Les vendeurs hèlent leurs clients, tout en se heurtant les uns aux autres. Personne ne se soucie des mesures barrières.
« Je n’aime pas les cache-nez. Mais face à la situation, je suis obligé d’en porter souvent. Sinon les mesures barrières, nous n’en avons pas besoin en Afrique.», Pense, Bintou, une jeune dame venue faire des achats ce 31 mars 2021.
A l’instar des lieux de rassemblement tels que les gares de bus, l’université et les marchés, le non-respect des mesures barrières s’observe dans les véhicules de transport en commun. Aucune mesure de distanciation respectée. Les passagers s’asseyent l’un auprès de l’autre…
« Nous sommes fatigués de cette affaire de Covid-19. C’est quelle histoire de cache-nez sous un soleil aussi ardent. Il fait chaud. Si mes passagers veulent qu’ils en portent. Moi, je n’exige plus rien à personne », se défend, le ton révolté, Salif, Chauffeur dans la commune de Cocody.
Audrey Apie (stagiaire)