En l’intervalle d’une semaine, la Côte d’Ivoire a dénombré 13 morts et des dizaines de blessés suite à l’effondrement de deux immeubles à Treichville, au sud d’Abidjan et à Cocody, à l’ouest de la capitale économique. Un vrai drame qui a fait sortir le gouvernement de son mutisme.

Le chef du gouvernement, Patrick Achi, a pris les devants face à ces dégâts en vie humaine pour sonner la fin de la récréation contre de tels accidents qui ne cessent d’endeuiller la Côte d’Ivoire. Des mesures ont, une fois encore, été adoptées. Et cette fois-ci, l’Etat a décidé de saisir la justice aux fins de prendre les sanctions en l’encontre des auteurs de ces drames.

Cupidité…

Selon certains rescapées la propriétaire aurait été alertée sur les risques après qu’ils aient constaté des fissures dans la bâtisse située à Cocody Angré, 9ème Tranche. Malheureusement, toujours selon une victime du drame, « la dame s’en foutait », peste-t-il.  

Résultat de cette cupidité, de ce « je m’en fous » : 5 morts dont 3 enfants et 30 blessés dénombrés dans la nuit du 6 au 7 février 2020. Pire pour pire, après vérification des autorités compétentes du ministère de la Construction, le bâtiment achevé en 2013 est sans permis de construire. Comment cela a pu se faire en pleine capitale où les agents chargés de veiller au respect des normes en matière de construction et de donner le ok pour bâtir cet immeuble n’ont pu rien voir ? Plus encore, l’immeuble était habité depuis quatre ans. Une vraie cupidité du propriétaire et son maître d’ouvrage doublée d’une corruption des responsables en charge de la construction. Ce même constat est fait une semaine avant à Treichville, après la chute d’un immeuble R+7 en construction. Lui aussi, n’a pas ce sésame pour construire. On déplore là également 5 morts et 22 blessés. Avec ces deux cas, on peut l’affirmer que de nombreux chantiers sont entrepris sans avoir un permis de construire qui donne le feu vert de l’autorité compétente en la matière. Une vraie gageure !

Au banc des accusés

Le ministre de la Construction, du logement et de l’urbanisme, Bruno Koné, à appeler à la « responsabilité des maîtres d’ouvrage ». Pour lui, ces derniers devraient mettre plus de rigueur et de professionnalisme dans leur travail. De l’autre côté, les voix s’élèvent pour interpeller le gouvernement également sur sa responsabilité et surtout sur la corruption qui sévit dans ce secteur malgré les dispositions prises par l’Etat. Propriétaires et maîtres d’ouvrage sont pointés du doigt comme les seuls responsables de ces drames qui se font récurrents ces derniers temps.

Les causes…

La folle croissance démographique à Abidjan, a permis une explosion des constructions ces dernières années. Des constructions qui se font parfois de manière anarchique, sans autorisation officielle et avec une violation constante des normes de construction des édifices. Les causes sont nombreuses. Fondations mal adaptées, les matériaux non conformes, utilisation de matériaux moins coûteux pour en tirer profit, entreprises de construction non compétences, pas d’étude au préalable du sol, cupidité et irresponsabilité des promoteurs, des maîtres d’ouvrage qui privilégient leur gain…autant de causes qui mesurent l’ampleur du drame.

De nouvelles mesures 

Plusieurs mesures ont été adoptées pour renforcer la surveillance des bâtiments. Notamment la mise en place d’une « brigade de contrôle » et des sanctions administratives contre les responsables qui laissent des travaux non régularisés se poursuivre.

Désormais, informe Bruno Nabagné Koné, les maires d’Abidjan seront impliqués dans le contrôle de la régularité des constructions dans leur différente commune. « Il s’agit pour nous de permettre à nos compatriotes d’être en sécurité, dans un cadre structuré. Après les deux drames qui sont survenus récemment, nous avons décidé de collaborer plus étroitement et de réunir tous les moyens pour réduire le risque à la construction », a-t-il déclaré. Les Ivoiriens attendent de voir.

Bekanty N’ko

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