C’est au cours d’un symposium portant sur l’enseignement bilingue que la ministre de l’Education nationale et de l’alphabétisation, Professeur Mariatou Koné et plusieurs pays membres de la Conférence des ministres de l’Education nationale (CONFEMEN) ont examiné la qualité de l’éducation par l’enseignement des langues maternelles. Ce sont au total 10 langues représentatives des 4 grands groupes ethniques de la Côte d’ivoire qui ont été choisies pour faire partie des langues maternelles à enseigner dans les établissements scolaires ivoiriens. Objectif : faire de nos langues maternelles un outil d’amélioration de la qualité de notre système éducatif.
Voiedefemme.net a tendu son micro aux Ivoiriens pour avoir leur avis sur cette innovation…
Konan Cédric (étudiant) :
« C’est une bonne idée, j’adhère à cela »
Je suis d’accord parce que nos ethnies sont le socle de nos identités culturelles. Si nous devons insérer l’apprentissage des langues dans notre système éducatif, il faut trouver les moyens pour que ces ethnies soient véritablement au programme de l’enseignement, comme les langues vivantes (ndlr, l’espagnol et l’allemand) enseignées dans nos établissements.
M Bertholy Kouamé (président du syndicat des enseignants de Côte d’Ivoire) :
« L’apprentissage des langues maternelles est une bonne chose si on sait bien s’y prendre »
Elle est opportune, cependant cela doit obéir à une procédure pédagogique qui ne doit être occultée aucunement. Il existe différentes étapes qui sont : faire le choix d’une langue vernaculaire utilisée par plus de la moitié de la population. Avoir une phase expérimentale avec des écoles pilotes. Se donner le temps de faire une bonne évaluation de la phase pilote. Si les résultats sont concluants, on passe à l’apprentissage de d’autres langues.
Palé Ibrahim (acteur) :
« Je trouve que cette initiative est bonne et même à féliciter »
Elle permettra de pallier à un gros problème d’identité culturelle. La nouvelle génération n’a plus de référence en terme de culture et cela débute par la langue maternelle qui est méconnue. En plus, nous aurons des hommes accomplis à tous les niveaux, tant au plan intellectuel que culturel. J’ai été victime de ce manque de notion de ma langue maternelle, une télé m’a contacté pour une émission que je devais animer en langue malinké. Malheureusement je maitrise seulement le français et l’arabe. Voilà une opportunité que j’ai raté parce que je ne maitrise pas ma langue maternelle.
Késsé Michel « étudiant) :
« Ça risque d’échouer »
Les langues maternelles imposées, doivent être des langues parlées en famille. Si le monsieur qui a marié sa femme qui est bété pourtant lui il est ébrié, quelle langue choisir pour leur enfant ? c’est une bonne chose, mais nous avons déjà raté les bases. Chez les baoulés c’est possible parce qu’ils se marient beaucoup entre eux. En plus de cela c’est une ethnie qui exige beaucoup que les enfants parlent leurs langues. Chez les guéré et bété ce n’est pas le cas, 35% de la population ivoirienne est basé à Abidjan. Seulement deux peuples où on peut espérer gain de cause ce sont les peuples du nord et du centre.
En résumé, les populations ivoiriennes adoptent cette initiative pour plusieurs raisons. Selon les professionnels du secteur de l’éducation comme Monsieur Ido Yao, directeur du bureau international de l’éducation de l’Unesco, « les langues concours à un bon résultat scolaire de l’enfant ». Il affirme que sur la base des expériences menée par l’Unesco, il a été démontré que, quand l’enfant commence l’école dans la langue qu’il parle avec sa mère, il a de meilleurs résultats. « Ces expériences sont vérifiées, nous allons les capitaliser et les partager avec la Côte d’Ivoire », a-t-il renchéri.
Quant à la ministre Mariatou Koné, elle estime que : « l’enfant ivoirien, peut et doit avoir les pieds dans la tradition et la tête dans le modernisme ».
En tout état de cause, les Ivoiriens attendent de voir !
Bekanty N’ko