Les examens de fin d’année scolaire ont démarré avec le concours du CEPE et d’entrée en 6e. Puis suivront, de façon chronologique, le BEPC et le BAC. Pour ces deux dernières compositions, des cours de préparation sont organisés par des enseignants. Ces cours sont-ils utiles pour les apprenants ?
L’utilité des cours de préparations pour les examens donnés par certains enseignants suscite de plus en plus débat en Côte d’Ivoire. Pour les enseignants organisateurs de ces cours, c’est l’occasion pour les élèves de s’armer conséquemment avant d’aller en compétition. « Ces cours permettent de renforcer les acquis des élèves », défend Trazié Guy Charles, professeur au lycée municipal de Gagnoa. Depuis que ses collègues et lui ont fait passer l’information de l’organisation de ces cours, l’affluence est de taille. « Les élèves viennent s’inscrire massivement. Nous sommes obligés de constituer des groupes de classe. Certaines classes ont cours dans la matinée. D’autres classes passent dans l’après-midi », se frotte les mains M. Guy Charles.
Chaque élève débourse entre 5 et 6 mille F CFA pour avoir accès aux cours, qui s’étendent sur un mois. « Le matin, les cours durent de 8h à 11h et de 14h à 17h le soir», détaille l’un des organisateurs de ces cours.
Quant aux élèves qui prennent part à ces cours, ils soutiennent que saluent le bien-fondé de ces enseignements. « Nous faisons beaucoup d’exercices, afin d’avoir la main. Ce qui me réjouit le plus, c’est de fait de traiter les anciens sujets du BAC. Avec un peu de chance, on peut tomber sur un exercice déjà traité pendant les cours de préparation», salue Dramé Issa, candidat à l’entrée à l’université.
Avantages et inconvénients
« Ces cours sont avantageux pour moi particulièrement », tranche le prétendant au BAC. Des parents d’élèves également sont de cet avis. « Quand mon fils m’a parlé des cours de préparation, je n’ai pas hésité à l’inscrire. Il n’y a pas de sacrifice de trop pour la réussite de sa progéniture », fait savoir Bangoura Yssouf, parent d’élève. Son enfant, en classe de 3e, n’a pas droit à l’erreur cette année, car il reprend sa classe. « C’est sa dernière année, alors je préfère lui donner toutes ses chance en lui payant les cours de préparation », affirme le père, soucieux de l’avenir de son fils. Tapé Julien, éducateur dans un établissement privé de la place signale que ces cours, ont, l’année dernière, amélioré le taux d’admission aux examens du BAC et du BEPC. « Il faut encourager les élèves à suivre les cours de préparation. C’est une chance pour eux de réussir à leurs examens », propose l’éducateur. Si les uns sont favorables aux cours de préparation, ce n’est pas le cas pour les autres. « On enregistre assez d’élèves dans les classes, pour la préparation. On se croirait dans une classe ordinaire. L’effectif des classes est tel qu’on se demande comment l’enseignant peut il faire passer son message », s’inquiète, cet autre enseignant, réfractaire aux cours de préparation. Koudougnon Lety, élève en classe de terminale, série D, note qu’elle n’adhère pas à ces cours.
Pédagogie ou affaire ?
«Des élèves comprennent difficilement les cours. Ce qui fait que pour traiter un exercice prévu pour 1h, on peut aller au delà de ce temps. Partant de ce constat, je n’épouse pas l’idée de participer à ces cours», relève Lety. Elle n’est pas seule à fustigier les cours de préparation. Des parents d’élèves s’inscrivent sur la liste. «Pendant 9 mois, les élèves ont pris les cours. On leur propose encore des cours de préparation en un mois. Ce n’est pas évident. Je pense que ces cours sont plutôt un business pour ceux qui les dispensent. Voyez vous même le nombre d’élèves qui payent chacun au moins 5 mille francs. C’est une importante gagnotte», s’offusque N’dri Paulin, parent d’élève. Du côté des spécialistes de l’éducation, ces cours de préparation, peuvent être à la fois bénéfiques aux élèves, et aussi avoir des impacts négatifs sur l’apprenant. Zogbé Léo, éducateur dans un lycée pense que ces cours se situent juste après l’après des notes. «L’élève n’a pas le temps de faire reposer son esprit et son corps. En même temps il enchaîne avec les cours de préparation. Ça peut le fatiguer», indique Zogbé. Selon lui, la plupart des prétendants aux cours de préparation sont ceux qui n’ont pas bien assimilé les leçons en classe. «Ils ont des lacunes qu’ils veulent combler à travers ces cours là. Malheureusement, le temps n’est pas suffisant pour qu’ils soient prêts le jour « J ». Dans ce cas, on n’est pas sûr d’avoir le résultat escompté», ajoute l’éducateur.
Avis des spécialistes
Sékongo Salif, inspecteur d’éducation fait aussi remarquer que les effectifs dans les classes de préparation au examens reste un frein à l’efficacité des messages transmis aux apprenants. Il regrette que pendant l’année scolaire les élèves passent leurs temps à faire des grèves, pour un oui ou un nom. Pour rattraper ce retard, dira t il, les cours de préparation se présentent comme la solution. Pour l’inspecteur, les cours de préparation, pour être plus avantageux pour les élèves, doivent se faire sous la forme des travaux dirigés (TD). « De cette façon, l’enseignant à le temps de suivre particulièrement l’élève tout en apportant des remediations à ses lagunes», suggère l’inspecteur. «Je suis contre les cours de préparation qui se donnent de façon classique. Mieux faut procéder par TD, avec un effectif réduit», soutient il, tout en faisant une proposition aux élèves candidats aux examens. Il s’agit de la constitution des groupes d’étude dont les membres ne devront pas excéder 5 personnes. « Dans ce groupe, il doit avoir différentes compétences. Chacun des élèves cinstituant le groupe doit être performant dans une matière donnée. Ainsi chacun d’eux fera bénéficier sa connaissance aux autres . C’est donc un groupe au sein duquel les membres se complètent les uns les autres», renseigne l’inspectmeur. « C’est une méthode de travail qui a prouvé son efficacité à plusieurs reprises. C’est d’ailleurs ce que nous conseillons aux candidats aux précieux cesames qui sont le BAC et le BEPC», dévoile le spécialiste de l’éducation, le secret du succès aux examens de fin d’année scolaire scolaire. Signalons que pour l’année scolaire qui tire a sa fin, la ministre Mariatou Koné, en charge de l’éducation nationale et de l’alphabétisation, a décidé de lutter contre la tricherie, lune des plaies du système éducatif ivoirien.
Alain Doua.