L’année dernière, les sapeurs-pompiers civils de Gagnoa ont eu à faire 688 interventions sur la circulation, pour 1.241 victimes transportées dont 13 cas de décès, malheureusement. Que faut-il faire pour réduire le taux des accidents sur nos routes ? La direction régionale des transports a investi le terrain pour sensibiliser les usagers de la route.
« En 2023, nous voulons un taux de zéro accident ». Koué Bi Ferdinand, directeur régional des transports, s’adressait ainsi aux différents responsables des compagnies de transport exerçant dans la cité du fromager. C’était le 4 mars dernier, à la faveur de la semaine de la sécurité routière. Accompagné de ses collaborateurs et des responsables du haut conseil des transports routiers de Gagnoa, il a fait le tour des gares pour sensibiliser sur le civisme routier. « Quand il y a de graves accidents, c’est généralement dans le camp des grandes compagnies de transport », a justifié Koué Bi Ferdinand.
Il a donc ciblé les chefs de gare, les chauffeurs et les passagers pour les mettre, chacun devant ses responsabilités. « Chaque fois qu’un car doit sortir de Gagnoa, donnez des conseils aux chauffeurs afin qu’ils respectent le code de la route. La plupart des voyageurs disent que les chauffeurs sont très souvent accrochés au téléphone pendant la conduite », s’est plaint le directeur régional. Puis d’ajouter qu’en cas d’accident la compagnie perd son matériel roulant acheté à plusieurs millions. A cela s’ajoute les pertes en vie humaine. Kanté Hamed et Diarra Mamadou, agents du haut conseil des transports routiers ont exhorté les chauffeurs à rouler moins vite pour épargner la vie des passagers. « Les pouvoirs publics ont pris la décision de sanctionner les compagnies qui seront impliquées dans les accidents. C’est vous les chauffeurs qui commettez les accidents mais c’est la société de transport qu’on va sanctionner parce qu’on dira qu’elle a fait un mauvais recrutement. La vie humaine est sacrée », ont-ils prévenu avant de rappeler la vitesse réglementaire qui est de 90 km/h pour un car.
Appel à la prudence
A en croire Koué Bi Ferdinand, il y a des voyageurs qui poussent les chauffeurs à rouler à vive allure. « Très souvent les voyageurs poussent les chauffeurs à aller vite au motif qu’ils sont pressés », ont mentionné les fonctionnaires du ministère des transports. Kouassi Yao, chef de gare d’une compagnie note que cette sensibilisation, à défaut d’éradiquer les accidents sur les routes, va les réduire. Il a abordé l’usage du téléphone par les chauffeurs. « Nous sensibilisons les conducteurs sur la question. Vous savez chacun de nous a reçu une éducation et en fonction de cette éducation, il se comporte d’une manière ou d’une autre », a lâché Kouassi Yao.
A propos de la vitesse, il fait remarquer que des dispositions ont été prises par sa compagnie. « Nos véhicules sont plombés à 90km/h. Mieux, il y a des gens qui sont à Abidjan. Ils suivent le trajet du car à partir des appareils. Une fois que le chauffeur dépasse les 90km/h, l’appareil émet un signal et les responsables d’Abidjan interpellent le chauffeur pour lui dire de respecter la vitesse recommandée », rassure-t-il. Dans la politique de la sécurité routière, les sapeurs pompiers ont fait des suggestions aux autorités locales. De sorte qu’en cas d’accident, ils puissent intervenir promptement. « Pour une meilleure prise en charge des accidentés, nous souhaitons créer des postes avancés dans les autres communes de la région. Cela permettra d’être plus efficace », a suggéré Keita El Hadj Yssouf, chef de centre de secours d’urgence de la région du Gôh.
Au nombre des facteurs qui peuvent renforcer la sécurité routière, il faut citer le permis à points. La mesure est entrée en vigueur depuis le 1er mars 2023. « Ce permis est comme une épée de Damoclès sur la tête des chauffeurs. Quand tu totalises 12 points en infraction, on te retire le permis », a expliqué le directeur régional des transporteurs. Déjà dans la ville, des caméras de vidéo surveillance sont installées par endroits. « Le permis à points a un sens pédagogique dès lors qu’il amène le conducteur à être plus responsables », a présenté Koué Bi. Dans les pays où le permis à points est en vigueur, le taux d’accident a triplement baissé, jubile le directeur régional. De quoi exhorter les populations à adhérer à ce projet pour garantir la sécurité sur les voies.
Alain Doua