Pourquoi les chefs traditionnels n’ont pas de salaire ? Cette question était au centre de la rencontre entre les chefs des villages de la région du Gôh et Gbizié Lambert, le 2ème vice-président de la chambre des rois et chef traditionnels. C’était à Gagnoa en présence de Louis André Dacoury-Tabley, ministre gouverneur du district du Lôh-Djiboua.
C’est en 2014 que la chambre nationale des rois et chefs traditionnels a vu le jour et institutionnalisée en 2016 pour donner aux têtes couronnées toute la place qui leur revient dans la société ivoirienne. Les rois, chefs de cantons, de provinces, de tribus et de villages étaient heureux d’apprendre qu’ils auront une paye mensuelle pour leur permettre de mener à bien leur mission d’auxiliaire de l’administration. Neuf ans plus tard, la promesse tarde à se réaliser. A la grande déception de bon nombre d’entre eux. Notamment les 209 chefs de villages de la région du Gôh. 163 villages pour Gagnoa contre 46 villages pour Oumé.
Jeudi, ils ont pris le prétexte d’une réunion pour exprimer leur ras-le-bol face à cette situation. « Les chefs ne comprennent pas que la chambre existe, avec un budget et eux, ne perçoivent rien. Alors que le président de la République avait dit qu’il devrait avoir une rémunération pour les chefs. C’est une inquiétude que les chefs m’ont chargé de l’exprimer », a déclaré Boga Sivori, président du conseil des chefs du département de Gagnoa. Boga Sivori est aussi journaliste. Il s’adressait ainsi à Gbizié Lambert, 2e vice vice-président de la chambre des rois et chefs traditionnels, chargé du grand ouest.
« Comment le budget de la chambre est réparti ? », a interrogé l’autorité villageoise. Le journaliste fait remarquer que les chefs travaillent gratuitement pour l’État, malgré le budget alloué à la chambre. « Les chefs doivent mettre la main à la poche pour recevoir les invités et se déplacer pour participer aux réunions », regrette Boga Sivori. Qui souhaite que le directoire de leur chambre commune s’explique sur cette situation.
Un exercice auquel s’est soumis le 2e vice-président de la chambre. Gbizié Lambert a d’abord appelé ses collègues au calme. « Nous sommes tous des chefs et nous avons besoin d’un minimum pour fonctionner », avoue le chef de village de Tchédjelet. Il reconnaît que les chefs de village ont besoin d’être soutenus sur le plan matériel. « Le président de la République qui a mis en place cette institution y pense. La loi organique existe déjà, mais nous attendons
les décrets d’application pour savoir comment les chefs seront payés », a-t-il annoncé. Une manière de demander à son auditoire d’être patient. Il révèle que seuls les représentants des 31 régions de la Côte d’Ivoire, qui font office de membres du directoire émargent au niveau de la chambre. « Les représentants des régions ont une prime de fonctionnement. Pour le reste des chefs au niveau national, rien n’est encore fait. Et nous attendons toujours. Je prends acte de vos préoccupations qui seront transmises à qui de droit. Le président de la République va prendre des mesures dans ce sens », promet l’autorité villageoise.
Présent à la rencontre, Louis André Dacoury-Tabley, ministre gouverneur du district du Lôh-Djiboua, s’est prononcé sur le sujet. Dacoury-Tabley est d’avis que la rémunération des chefs est importante car elle conditionne leurs pouvoirs. « Vous êtes économiquement faibles à ce niveau là. C’est à vous de faire des suggestions à votre chambre. Je prends acte de ce que lors de cette réunion, la préoccupation principale des chefs est leur rémunération. Nous ferons en sorte de communiquer sur ce sujet », a conclu le patron du district.
Alain Doua