C’est un secret de polichinelle que de dire qu’en Côte d’Ivoire, le coup de la vie est devenu élevé. La cité du fromager n’est pas en reste. Elle subit de plein fouet l’inflation. « Tout est cher sur le marché. On ne peut plus rien acheter », grognent les ménagères qui ont fini par troquer leurs paniers contre un sachet noir. 

Bouleversement des habitudes culinaires

En son temps, les femmes de ménages faisaient la cuisine deux fois par jour. A savoir, à midi et le soir. Mais cela n’est plus qu’un vieux souvenir. Aujourd’hui, la cuisine se fait une fois par jour. « La cherté de la vie nous impose de faire une seule préparation par jour. Sur le marché, les prix des denrées alimentaires sont insupportables. On ne peut plus se permettre de préparer deux fois le même jour », fait remarquer Brou Danielle, femme de ménage. 

Au début, les membres de sa famille avaient du mal à s’accommoder à ce changement d’habitude culinaire. Mais ils ont fini par faire avec. « Généralement à midi, j’achète de l’attiéké pour les enfants et j’attends le soir pour faire la cuisine. En procédant ainsi, l’argent de la popote peut couvrir le mois », poursuit-elle. 

Bernadette Gnali est aussi ménagère. Elle reste confrontée à la même difficulté de la cherté de la vie. La solution qu’elle a trouvée est de faire la sauce chaque deux jours plutôt que de la faire quotidiennement. 

« Je fais la sauce pour deux jours. Cela est économique. Sinon avec la cherté de la vie, on ne pourra pas s’en sortir », dévoile-t-elle son plan pour supporter la vie chère. 

Elle n’est pas seule à procéder ainsi. Une institutrice exerçant dans la localité de Guibéroua adopte la même technique. « Je fais ma sauce de trois jours que je garde au congélateur. C’est ce que la famille utilise jusqu’à ce qu’elle finisse. Ce qui fait que dans la semaine je fais la cuisine deux fois, pour ne pas aller tous les jours au marché », rapporte Gazignon Jeanne d’arc. Elle conseille aux femmes d’éviter le marché quotidien qui leur revient plus cher. 

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Marché Hebdomadaire

« L’idéal est de faire le marché par semaine et le conserver au frigo pour l’utiliser un peu un peu. En achetant en gros le prix de la marchandise revient moins cher qu’en achetant en détail », indique la pédagogue, la voie à suivre pour ne pas trop souffrir de la situation qui prévaut sur les marchés. Etant à Guibéroua, c’est le vendredi qu’elle fait son marché hebdomadaire. « Vendredi, c’est le grand jour de marché. Les commerçantes viennent des villages et campements pour livrer leurs marchandises. A cette occasion, les prix des vivriers sont à moindre coût. La plupart des ménagères en profitent pour faire le plein de leurs paniers », souligne l’enseignante. A Gagnoa, les quartiers tels que Soleil et Zapata ont aussi leur jour de marché, qui est le vendredi. Comme si les femmes s’étaient passé le mot, aux premières heures matinales, elles s’invitent dans ces lieux pour faire des emplettes. Bananes, ignames, riz local, constituent l’essentiel de leurs provisions domestiques. « Sur ce marché nous achetons le kilogramme du riz local entre 400 et 450 francs. En dehors d’ici, notamment dans les boutiques, le prix est nettement supérieur », déclare une autre ménagère. 

Selon Mathilde Dion, présidente de la fédération des associations féminines du Gôh, les femmes souffrent de la cherté de la vie. Pour elle, tous les moyens sont donc bons pour se tirer d’affaire. « La vie d’hier n’est pas celle d’aujourd’hui. Les femmes l’ont compris, donc elles s’adaptent à la nouvelle situation, en trouvant la parade pour supporter la vie chère », témoigne Mathilde. 

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Alain Doua

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