Le problème d’inondation constitue l’un des problèmes les plus urgents à résoudre . Pendant ces moments de pluies , ce problème se pose le plus souvent avec acuité dans les quartiers précaires du fait d’une urbanisation archaïque et négligente. Dans cette période maussade, la population elle-même est souvent la cause de certains dégâts dans ces quartiers .
A Mossikro, quartier situé dans la commune d’Attécoubé, où nous nous sommes rendus pour mesurer l’ampleur de cette situation, nous rencontrons Ouraga Victoire, habitante de ce quartier précaire. « J’habite ici depuis toute petite . C’est vraiment compliqué. Nos voies sont impraticables quand il pleut. On arrive à peine à sortir, tellement les voies sont endommagées », indique-t-elle contrariée avant de pointer du doigt une des causes du problème : » nos frères et sœurs du quartier profitent toujours des pluies pour se débarrasser de leurs ordures ». Pour elle, les riverains se mettent en danger et mettent en danger les autres avec de tels comportements. »Certains invitent le danger et c’est à nous d’en payer les frais. C’est pas facile’’, ajoute-t-elle inquiète.
A chaque fois qu’il pleut durant la nuit, au réveil le constat est le même à Mossikro: la pluie laisse parfois des dégâts énormes dans ce quartier fragile, surpeuplé, avec une urbanisation mal structurée, sujet à des éboulements à chaque période de pluies avec son lot d’inondation. la population a-t-elle pris la mesure de la gravité? Pas trop sûr !
Incivisme
A Mossikro, la pluie est une occasion pour certains habitants de faire les vidanges de leurs fosses septiques. S’en suit un déferlement des eaux usées, nauséabondes et remplies de déchets de toutes sortes. Difficile de circuler dans ce quartier sans avoir envie de gerber.
Pas besoin de la compagnie de ramassage des ordures ni d’organiser le ramassage d’ordures ménagères. Ici, on profite de la pluie pour « se débarrasser » de ses ordures. Conséquence: l’eau de pluie qui « draine » ces ordures bouche les quelques caniveaux qui assainissent le quartier. C’est donc le plus logiquement que ces barrages « d’ordures » constatés ça et là, sur le passage des eaux de pluies, sont les premiers facteurs de dégâts causés par les pluies diluviennes.
Constructions désordonnées… un véritable labyrinthe!
L’architecture de certaines habitations laisse perplexe. Des maisons situées dans des bas-fonds, difficile d’accès, d’autres construites qui ne respectent aucune urbanisation, vétustes, sans le minimum de commodités, ce quartier à mauvaise allure. Même si ce quartier regorgent de nombreuses personnes démunies qui se »débrouillent » en s’y logeant, leur condition de vie sont exécrables. c’est au péril de leur vie et celle de leur famille qu’elles y sont. Or, des propriétaires de maisons font la loi dans ce quartier. Alors que leurs locataires sont en danger pendant la saison pluvieuse dans des maisons qu’ils négligents, chaque mois, ils exigent de payer leur loyer. Une irresponsabilité que se partage propriétaire et locataire.
Mossikro, zone de « forte possibilité d’inondation » en saison pluvieuse
La commune d’Attécoubé se situe selon le bulletin de risque d’inondation d’Abidjan No 02/2018 de Sodexam, dans une zone à « Risques moyens » donc à forte possibilité d’inondation. Tous les détails sur la sécurité en période de pluie sont précieux et ne doivent être négligés. Les exemples macabres donnent froid dans le dos. 18-19 juin 2018, 6 morts, 2 octobre 2021, 6 morts (source: www.Gouv.ci). Tout porte à croire que durant la saison de pluie la population de Mossikro a rendez-vous avec la « grande faucheuse » malgré toutes les dispositions prises par l’État pour éviter les drames des pluies diluviennes.
Vies précieuses…
Comment ne pas s’en rendre compte que une vie humaine est précieuse. les habitants de Mossikro en sont-ils conscients? En tout cas, la sensibilisation ne fait pas toujours l’effet escompté. C’est à juste titre qu’il faudrait continuer à sensibiliser les populations pour leur implication effective dans les efforts à mener afin d’éviter les inondations et les éboulements. Il est su de tous que certains comportements d’incivisme comme: jeter les ordures dans les caniveaux, construire sans respecter le plan d’urbanisation et d’assainissement du quartier, construction de maisons sur des sites à risques , vider les poubelles ou les fosses septiques dans l’eau de ruissellement en saison de pluie… mettent en danger sa propre vie et celle des autres.
La capitale ivoirienne fait face à des inondations depuis 2009. cette situation s’est aggravée du fait des changements climatiques en 2018.
Selon le rapport du Pnud de décembre 2018 : « Au 29 juin 2018, 22 personnes sont décédées et une personne disparue. Au moins 457 familles ont été déplacées et on estime qu’environ 5 000 personnes ont été touchées ».
Des efforts énormes ont été consentis Pour remédier que de tels drames se répètent à chaque saison pluvieuse. Avant le début des pluies de 2021, l’État avait promis « Une saison des pluies avec zéro mort et zéro dégât matériel ».
En mai 2021, Le ministre de l’Assainissement et de la Salubrité, Bouaké Fofana, avait réaffirmé aux différents syndics de copropriétaires des quartiers de la Riviera, la détermination du gouvernement à protéger les populations des zones à « Risques Moyens » : « L’objectif visé par le président de la République, Alassane Ouattara, pour cette année, c’est une saison des pluies sans mort et sans dégât matériel ».
Monsieur Amara Sanogo, le directeur général de l’Office national de l’Assainissement et du Drainage (ONAD), avait rassuré cette année en annonçant que plus de 21 milliards de FCFA avaient été mobilisés par l’Etat et ses partenaires pour juguler les eaux pluviales et réduire les risques d’inondation à Abidjan : « De nombreux travaux ont été réalisés. Nous avons doublé les capacités des ouvrages, nous avons construit des barrages en amont. Tout cela nous permet de dire que les risques d’inondation sont réduits », avait-il indiqué (sources www.gouv.ci) sauf que, malheureusement, la réalité est encore toute autre…
Al & Mamesy
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