Face à la progression des activités terroristes dans la sous-région Ouest Africaine, le gouvernement Ivoirien a décidé d’anticiper les choses en menant une campagne de sensibilisation à travers tout le pays. Dans la cité du fromager, la mission gouvernementale a d’abord rencontré le corps préfectoral, les forces de défense et de sécurité, avant d’instruire la société civile sur la détection des signes de radicalisation liée à l’islam.
D’entrée de jeu, les émissaires du gouvernement, ont fait remarqué que le terrorisme est une réalité qu’il convient de combattre en mutualisant toutes les énergies au risque de voir notre société phagocytée par les Djihadistes. C’est d’ailleurs ce qui justifie le voyage du ministre Ivoirien de la sécurité en terre Libérienne. Afin que ces deux Etats voisins réfléchissent sur la méthode de neutralisation du terrorisme qui les guette. « Nous sommes dans une période qui est fortement marquée par le terrorisme. Il ne faut pas attendre que ce terrorisme prenne pied sur notre territoire, avant de prendre des dispositions. C’est pourquoi, en amont, nous avons été instruits par nos chefs d’États pour faire en sorte que la sécurisation transfrontalière soit une réalité. Que cette sécurisation soit gérée de façon concomitante. C’est la raison de notre présence au Liberia », a déclaré le général Vagondo Diomandé, ministre Ivoirien de l’intérieur et de la sécurité. Autant aux frontières, des dispositions sont prises pour contrer le terrorisme, à l’intérieur des États, l’ont a opté pour la sensibilisation des populations.
Les méthodes et les moyens des terroristes
L’on a expliqué aux populations de la cité du fromager que les organisations terroristes sont très bien organisées. Elles infiltrent les populations, étudient minutieusement leurs faits et gestes afin de découvrir les vulnérabilités, avant de passer à l’acte. Les terroristes, viennent sur un territoire donné avec beaucoup d’argent en vue d’enrôler des personnes acquises à leur cause. Généralement, les jeunes, dans des milieux spécifiques : Mosquée, médersas, espace éducatif, dans les grands rassemblements… La religion musulmane est hélas, utilisée par les terroristes pour atteindre leur objectif, qui est d’installer des Etats islamiques. Ainsi, mènent-ils une campagne de séduction à travers la propagande djihadiste fondée sur un discours radical. Leur stratégie est une vision complotiste dans laquelle l’occident et tout ce qui le représente est vu comme « Haram », c’est à dire un péché. Une vision victimaire où le blanc est présenté comme n’aimant pas le musulman. Il y a aussi la promesse obsessionnelle du paradis. On dispose alors l’esprit du candidat au Djihadisme en lui faisant croire que s’il se bat pour la cause islamique, à sa mort, il ira directement au paradis. « La radicalisation liée à l’islam s’appuie sur la religion musulmane et peut conduire au terrorisme. Le processus de radicalisation obéit à une stratégie pensée et orchestrée, pour les besoins de la cause, par des idéologues islamistes », a expliqué l’un des émissaires. Il ajoute que la radicalisation n’est pas que religieuse. Elle peut être politique, philosophique et même sociale. Les émissaires renseignent qu’il y a trois étapes de l’endoctrinement qui conduisent au terrorisme.
La radicalisation
On constate, dès lors, une métamorphose chez le sujet endoctriné. Il coupe totalement le cordon ombilical avec son environnement immédiat en changeant son apparence physique et vestimentaire. Il a une autre perception de sa cellule familiale. La relation parentale se dégrade. Le sujet cultive un réseau relationnel avec de nouveaux amis. « Les signes du basculement vers le Djihadisme sont cumulatifs. Un seul indice ne suffit pas pour caractériser l’existence d’un risque de radicalisation. Et tous les indices n’ont pas les mêmes valeurs », informent les émissaires. Ils demandent aux parents d’être regardant envers leurs plus jeunes enfants qui sont une cible pour les recruteurs Djihadistes. « Les jeunes sont faciles à recruter. La radicalisation prospère sur la pauvreté et la misère. Les jeunes sont vulnérables sur le plan affectif et social », ont soutenu les envoyés du gouvernement. Ils ont exhorté les populations à dénoncer auprès des autorités toutes personnes suspectes qui viendraient s’installer dans leur quartier où dans la mosquée. C’est pourquoi il est demandé aux guides religieux d’être très vigilants et contrôler davantage les mouvements des coreligionnaires à qui ils accordent l’hospitalité. Toutefois, diront les émissaires, il ne faut pas faire d’amalgame pour assimiler le terrorisme à une quelconque religion, au risque de la stigmatiser.
« Tous unis contre le terrorisme », se sont engagées les populations Gagnoa. Car, elles ont compris que la balle du terroriste, une fois sortie de l’arme ne fait pas de distinction entre hommes, femmes et enfants. Ni de distinction entre les militants des partis politiques.
Alain Doua (correspondant)