Pâques est la fête la plus importante pour les chrétiens qui reconnaissent en Jésus le Messie. Pâques commémore la résurrection de Jésus, trois jours après la Cène (célébrée le jeudi saint), dernier repas qu’il a pris avec ses disciples le jour de la Pâque juive la veille de sa Passion.

Les chrétiens catholiques de la Côte d’Ivoire, en l’instar des autres pays célèbrent cette fête avec faste. Mais pas seulement les chrétiens. En Côte d’Ivoire, le peuple baoulé est reconnu pour célébrer ce moment dans la pure tradition, chez eux au village. La Pâques, cette fête chrétienne, a fini par s’appeler en Côte d’Ivoire Pâquinou. Un moment de réjouissance en pays baoulé durant lequel chacun veut fêter en famille au village.

Cette fête intervient cette année dans une période de flambée de prix sur les marchés. Malgré cela, les gares routières n’ont pas désempli et les marchés ont été pris d’assaut par les femmes à la recherche de quoi à manger pour la fête. Quant aux maquis et autres bars ils ont connus leurs meilleurs jours.

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La ruée vers les villages   

Qui veut se faire compter Pâquinou ? En tout cas, pas le baoulé qui comme une tradition doit vivre la Pâques avec les siens dans sa ville ou son village natal. Or, il n’est pas facile de rejoindre sa contrée en cette période à cause de la ruée du peuple baoulé vers leur village respectif. A Adjamé comme à Yopougon ou même à Koumassi et Abobo, les gares sont bondées de monde. Chacun lutte comme il peut pour se trouver un ticket pour le départ.

A Yopougon « Sable », il n’y a plus de place ce vendredi 15 avril. L’affluence est forte et l’attente se fait longue. Des valises posées au sol, bardent les entrées des gares. Les voyageurs aussi sont là, assis à même le sol pour laplupart depuis des heures. « Nous sommes arrivés à la gare depuis 6 h, il est 12 h. Nous avons déjà pris les tickets pour Dimbokro. Nous attendons comme tout le monde », indique Cécile, excédée par la durée. Des heures d’attente qui peuvent être parfois très longue.

« Je vis un calvaire, depuis 5h45 je suis arrivée à la gare. Je suis avec Mme et les enfants. Depuis nous attendons de partir, mais ça tarde et les enfants sont fatigués », explose M. Yao qui a décidé de revendre ses tickets. « J’ai une sœur à la gare CTE qui m’a dit qu’il y avait moins de personnes. Et les départs sont rapides. Nous partons à cette gare, si c’est le même constat, nous restons à Abidjan », se résout-il.  

Les plus expérimentés ont décidé d’organiser des convois.

A la place Ficgayo, des jeunes ressortissants de Tiébissou n’ont pas ce problème. « Contrairement à la situation dans les gares, je viens d’avoir le chauffeur au téléphone. Il est en route ! Nous sommes 35 personnes au total, et chacun pensent déjà à la fête de pâque qu’il va vivre. En claire moi j’ai plus la tête à Abidjan. Je me vois sous les arbres autour d’un bon vin de palme avec mes frères », annonce fièrement, N’da Hervé, responsable d’un convoi.

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À la gare UTB de Yopougon, une légère hausse des frais de voyage est constatée. « Pour aller à Béoumi le ticket est désormais à 7500 Fcfa soit une hausse de 500 Fcfa. Pareil pour Bouaké qui passe de 6100f à 6600 Fcfa. Cette augmentation n’a pas d’impact sur la volonté des baoulé à rentrer chez eux. « Nous avons seulement besoin d’une place dans un car pour aller au village c’est tout… », balance Kolouba Nestor, exténué mais pas découragé.

Malgré la flambée des prix…

A la veille de la Pâques, le samedi matin, le constat est clair : les marchés sont pris d’assaut par des femmes venues faire leurs emplettes pour la fête. « Cette année il n’y a pas corona on a espéré mieux fêter. Mais les choses ne sont pas comme on veut sur le marché. Depuis nous faisons le tour du marché pour trouver un poulet à 3000 Fcfa, mais, tout est vendu soit à 3500 ou 4000 Fcfa pour les pondeuses », se désole Mlle Kouassi Yvette.

« Nous vivons à 5, pour chaque fête il arrive que messieurs donne l’argent pour trois poulets. Ajouter aux autres ingrédients, cela peut aller à 30.000 Fcfa pour la popote ce jour-là. Malgré cela, on dépense au-delà de ce qui était prévu. Le marché à changer. Le kilo de viande ne comble pas les choses. Pâques tombe dans un moment difficile », termine-t-elle, chagrinée. Le prix du transport urbain n’est pas en reste.

« Je quitte, d’habitude, Siporex pour Adjamé liberté au prix de 300 Frs, aujourd’hui je suis surpris d’entendre 500 Frs liberté. Ils augmentent le transport comme bon leur semble. Nous qui ne sommes pas totalement dans la fête devons en payer les frais. Ce n’est pas possible ! », siffle, mécontent, Souleymane. 

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…Les Ivoiriens ont prié et dansé dans la ferveur…

Comme on pouvait si attendre, les chrétiens ne se sont pas faire prier pour célébrer cette fête dans la joie et dans la gaieté après 40 jours de jeûne et de prière. De nombreuses églises catholiques ont été prises d’assaut par les fidèles pour commémorer la résurrection du christ. Les célébrants de cette messe pascale ont insisté sur le changement de comportement de leurs fidèles. « Eviter les querelles, soyez aimable, cultiver l’esprit de partage, car le christ est mort avec tous nos péchés », a conseillé le père Jacques-Agnès, curé de la paroisse Saint-Jean d’Azito.

Après la messe, on se retrouve dans un coin pour faire le chaud. « C’est gâté ! », scande un quinquagénaire en joie, une bière à la main. Les maquis « baoulé » de Yopougon grouillent de monde. Les clients de toutes ethnies sont venus nombreux. Connu pour son ambiance du terroir, ces espaces ne désemplissent pas depuis le samedi de la veille de pâques. « J’ai fait le déplacement depuis Koumassi. Mes frères m’ont parlé de l’endroit. Et je trouve ça parfait ! il y a le chaud, tout le monde danse sur les vraies sonorités de chez nous. C’est comme si j’étais au village », nous confie Isabelle Affouet, dans un cocktail de cris et de chants. D’autres pas contre préfèrent rester en famille. « Nous avons une grande cour, chaque temps de fête est une occasion de réunir tous les membres de notre famille. Dans notre sac, il y a deux bouteilles de vin pour notre père et le reste

des invités », explique N’goran Anne Marie qui n’a pas fait le déplacement du village.

Malgré la cherté de la vie « Pâquinou 2022 » ôyôfê ! 

Bekanty N’ko        

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