L’annonce de la suppression des frais annexes des Comités de gestion des établissements scolaires (COGES) a été accueillie comme un cadeau de fin d’année par les parents d’élèves. Mais la décision est tombée au moment où certains avaient déjà payé.
Le remboursement de Bengali B. devrait devrai relever, en principe, de la banalité ! Pourtant ce père de quatre élèves qui a été pressé de payer les frais annexes instaurés par les Comités de gestion des établissements scolaires (COGES) n’est pas sûr de voir son argent lui être retourné. Il a payé juste une semaine avant qu’un décret présidentiel ne vienne acter la suppression de ces frais annexes.
Avec les menaces de la Fédération estudiantines et scolaires de Côte d’Ivoire (FESCI) contre ces frais, ce résident d’Abobo-Avocatier flairait une concession du gouvernement. Il ne voulait pas se précipiter à la caisse. « Quand mes enfants allaient à l’école, on les chassait. J’ai fini par payer pour ne pas les mettre en retard dans le programme. Une semaine après la décision de la suppression des frais COGES est tombée », raconte ce fonctionnaire à la retraite.
Comme lui, ils sont bien nombreux, ces parents d’élèves qui s’étaient déjà acquittés de leur contribution quand le président Alassane Ouattara décidait de les soulager. Vont-ils être rembourser ? Rien n’est moins sûr, s’inquiète également le président de l’Organisation des parents d’élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (OPEECI). « Cette décision, certes salutaire, crée une injustice. Si on veut être juste, soit on rembourse ceux qui ont payé, soit ont fait payer tout le monde », fait observer Claude Aka Kadjo.
« Pour l’instant la décision que nous attendions tous est prise. Quand une décision gouvernementale est prise, il y a d’abord le temps de son effet. Nous attendons sa mise en route », concède M. Claude Kadjo. « Un proverbe africain dit qu’on ne s’arrête pas dans les magnans pour s’en débarrasser. Il faut d’abord y sortir. Nous attendons la mise en route effective pour interpeler le gouvernement ».
Depuis le 1er janvier, le ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle a déployé une tournée de sensibilisation et d’information pour expliquer le contenu de la décision présidentielle.
Ces missions évoqueront la suspension de toute levée de cotisation et dépense en cours. Mais également l’arrêt de tout décaissement de fonds au titre de l’année scolaire 2020-2021. Toutes ses mesures devront être suivie d’un bilan des différentes trésoreries.
Pour l’OPEECI cette décision du gouvernement devra donner un point d’honneur à retourner l’argent de ceux qui ont déjà payé. « Le gouvernement pourrait également pour réparer cette injustice faire payer tous les parents qui ne l’ont pas encore fait ». L’OPEECI assure qu’elle restera vigilante pour la suite. « Pour l’instant nous attendons de voir ce qui va se passer. Une fois que la mise en route est faite et qu’on ne nous dit rien, nous allons nous concerter pour que cette injustice soit réparée », fait savoir Claude Kadjo.
Les frais de COGES se résument aux cotisations exceptionnelles qu’exige le bon fonctionnement de l’école. A ce jour, le nombre de COGES fonctionnels est de 10 414 pour le préscolaire/primaire et 549 pour le secondaire général public.
Désormais les ressources des COGES devront être exclusivement issus de la subvention de l’Etat, octroyée à 3 441 COGES du primaire (1,3 milliard de FCFA en 2020), de la quote-part perçue sur le droit d’inscription par élève du secondaire public (720 FCFA actuellement), soit un montant de 780 904 080 FCFA au titre de l’année scolaire 2019-2020.
A Abobo-Avocatier, Bengali Bamba espère que les autorités éducatives pensent à ceux qui ont déjà payé et songent à les rembourser. « Nous avons salué la décision du Président Ouattara. Nous souhaitons qu’il ordonne le remboursement de nous autres qui avons déjà payé », plaide ce fonctionnaire à la retraite. Le président de l’OPEECI entend porter ce combat. « Nous avons un cabinet juridique composé de juges d’avocats et d’huissier (…) Donc il n’est pas exclu que nous tentions une action en justice pour exiger réparation de l’injustice », prévient Claude Aka Kadjo.
Tenin Bè Ousmane