L’entrepreneuriat féminin se situe en amont dans le processus d’autonomisation de la femme. De nos jours, il ne fait aucun doute que le commerce offre aux femmes une certaine autonomie financière. En effet, leur principale source de revenus provient du commerce. La plupart de ces braves dames vendent les denrées alimentaires, les céréales, les légumes, les condiments… Pour certaines, les marchandises sont en quantité réduite, généralement portées sur la tête et vendus à la criée. Comment font-elles pour épargner malgré leurs petites économies ? Le magazine voiedefemme.net est allé à la rencontre de certaines commerçantes dans la commune d’Adjamé. Reportage !
La caisse des commerçantes
À Adjamé Saint-Michel, nous sommes avec Sawadogo Kadi, vendeuse de tomates qui nous explique comment elle gère ses revenus. « Dans la journée, je gagne au moins 4000 Fcfa, 5000 Fcfa comme bénéfice. Je mets par jour soit 500 Fcfa ou 1000 Fcfa dans la caisse. Ainsi, je peux me retrouver avec la somme de 30.000 Fcfa à 45.000 Fcfa par mois comme épargne », fait-elle savoir avant d’ajouter que : « C’est grâce à ça que j’arrive à combler tous mes besoins ». Même son de cloche pour Christine. Cette vendeuse de bananes au marché Gouro d’Adjamé, nous explique comment elle s’y prend pour épargner. « J’ai deux caisses où j’épargne respectivement 1500 Fcfa et 500 Fcfa par jour après-vente ». D’après elle, la première est dédiée aux dépenses de la maison et la seconde pour ses propres besoins. Pendant ce temps, certaines ont pris goût à la signature de cartes.
La fameuse carte d’épargne
La signature de cartes serait pour certaines commerçantes une manière d’économiser plus facilement. Si pour certaines…ce sont des structures spécialisées, pour d’autres il s’agit bien des particuliers qui sont à l’origine des cartes. Pour Sarah Coulibaly, vendeuse de condiments au marché Gouro, « nous signons les cartes avec une structure qui passent nous encaisser chaque jour. La somme dépend de vous, il y a les cartes de 500 Fcfa, de 1000 Fcfa et de 2000 Fcfa par jour ». Selon elle, pour commencer, elle a donné une avance de 10.000 Fcfa avant de se faire encaisser par jour. Cette méthode serait pour elle le seul moyen d’épargner plus efficacement. « Il n’y a pas de date, ni de conditions pour aller chercher vos économies », a-t-elle informé. Quant à Bamba Aïcha, la signature de cartes est gérée par des particuliers. « Après la signature de la carte de votre choix, ces particuliers se promènent chaque jour dans le marché pour nous encaisser. S’ils arrivent que vous ne soyez pas encore prêtes, ils repassent », a-t-elle relaté. Selon elle, la signature n’est pas obligatoire. En claire, le jour qu’elles n’ont pas pu trouver cette cotisation, ils ne les font pas signer. Elle estime que c’est une sorte de tontine assez différente.
Les accros à la tontine…
Certaines commerçantes s’en sortent bien avec les associations de tontine. Pour elles, c’est la meilleure façon de faire face à leurs problèmes et besoins. Si madame Konaté, vendeuse de pagnes au forum d’Adjamé, a une préférence, c’est bel et bien la tontine. « Je fais partir d’une association de tontine composée de 10 femmes, où par mois il est demandé à chacune, la somme de 10.000 Fcfa comme épargne. Cet argent est reçu à tour de rôle par chacune d’entre nous », a-t-elle avoué.
Cette façon de gérer semble être la bonne pour les vendeuses ambulantes à la Renault. Mais à la différence, la cotisation de ces vendeuses à la petite marchandise est quotidienne. « Chaque jour, nous cotisons soit la somme de 500 Fcfa ou 1000 Fcfa pour remettre à une d’entre nous. C’est ce que nous faisons tout le temps pour surmonter nos charges », explique Mademoiselle Aliata. Pour cette jeune fille, cela est moins risqué que la signature de cartes.
Les inconvénients…
Selon Aïcha Bamba, la carte serait une opportunité pour les personnes de mauvaise fois à venir les arnaquer. « Il y a certaines personnes qui disparaissent avec nos économies. En plus, d’autres meurent avec notre argent dans leurs mains », a-t-elle signifié. Mais, elles se foutent de tout ça. « On préfère cela que votre histoire de banque là », a-t-elle indexé. Quant à Sawadogo Kadi, elle évoque que la tontine est source de mésententes. « Beaucoup de femmes ne se parlent plus dans les marchés à cause des tontines. Parce qu’il y a des personnes après avoir pris, n’aiment plus cotiser pour les autres », a-t-elle déclaré. Selon elle, la tontine impacte très rapidement les relations féminines. Relativement à la caisse, Sarah Coulibaly nous fait des révélations. « Avec la caisse, on n’arrive pas à économiser. Je ne peux pas être dans la même maison avec mes économies et ignorer certaines choses que je puisse faire », a-t-elle raisonné. Pour qui, cette façon d’épargner serait très fragile parce qu’il faudra la moindre occasion pour dépenser son économie. « Regarde, ce sont les clés de ma nouvelle caisse. La première ? Je l’ai brisée un jour sans m’en rendre compte », avoue Leïla en montrant sa clé.
Ces modes d’économie traditionnelle, exercées par ses femmes ont chacun leurs avantages et inconvénients. Mais en les écoutant, elles préfèrent risquer leurs économies de cette manière que de les confier à une quelconque banque dont elles ont une mauvaise image ?
Affaire à suivre…
Yahafe A. Ouattara (stagiaire)