Veuves pour la plupart, abandonnées par leurs maris, célibataires avec ou sans enfants, ces jeunes dames se battent jour et nuit pour subvenir à leurs besoins. On les retrouve dans toutes les communes d’Abidjan, dans leurs mains ou sur leur tête, de petits récipients contenant des produits comme le petit cola, toutes sortes de bonbons, des mouchoirs, friandises, l’arachide grillée, les cacahouètes, le chewing-gum, surtout de l’eau, la cigarette et de nombreuses autres marchandises à petits prix. Si certaines sont installées sous un abri aux carrefours et devant les gares, d’autres ont pour seul lieu de travail, les voies bitumées de la capitale économique de la Côte d’Ivoire où elles slaloment entre les véhicules durant la journée à la recherche de leur pain quotidien. Que de danger et d’épreuves qu’elles affrontent chaque jour dans l’exercice de leur activité ! Ni le soleil, la pluie et même les accidents et les agressions dont elles sont victimes ne freinent leur ardeur et leur envie.

Pour en savoir plus sur leur situation, le magazine ‘’voiedefemme.net’’ s’est plongé dans le quotidien de ces jeunes dames. Reportage !

Femmes battantes

Mariam chérif, mère de deux fillettes au cours élémentaire 2e année, vend ses articles à Adjamé liberté pour s’occuper de sa petite famille.  Elle s’en sort malgré la concurrence rude de ce lieu entre les vendeuses. « J’ai des jumelles de 10 ans, et c’est grâce à cette activité que je paye leurs études ». Cette jeune dame qui a appris cette activité par le biais d’une camarade, après la naissance de mes jumelles, a débuté sa vente avec la somme de 10.000 Fcfa. « Je n’avais aucun soutien financier car, le père de mes enfants m’a abandonné. Mais aujourd’hui, je suis une femme autonome et fière de l’être », raconte-t-elle avec un sourire dans le coin des lèvres. Selon elle, cette activité ne demande pas de grands moyens financiers pour démarrer, seul chose : il faut être courageux car cela demande beaucoup d’efforts sur soi.

Quant à Chantale, cette veuve à Adjamé Renault, n’avait aucun sou pour débuter cette activité. Elle a dû débuter par la vente à crédit. « Pour me lancer dans cette activité, je prenais les gâteaux avec un grossis à crédit et je revenais payer après vente. Sur une marchandise de 10.000 Fcfa ou 15.000 Fcfa, j’avais respectivement 3000 Fcfa et 5000 Fcfa comme bénéfice », informe-t-elle ajoutant que c’est ainsi qu’elle a pu constituer son fonds de commerce. « J’exerce ce métier depuis plus de 10 ans, mais je n’envie personne car financièrement je m’en sors bien », avoue avec fierté la mère de deux enfants.

Salamatou Sarry, mariée et mère de plusieurs enfants, ne dit pas autre chose. Elle qui par cette activité soutient son mari à s’occuper de leurs progénitures. « Mon mari et moi avons quitté le village pour venir se chercher à Abidjan. Et depuis lors, j’ai trouvé nécessaire de me lancer dans ce métier en commençant avec la banane douce. En effet, Je me promenais pour vendre jusqu’à ce que je trouve une place fixe », indique-t-elle. Pour cette quarantenaire qui exerce cette activité depuis plus de 15 ans, elle témoigne que : « c’est une activité noble qui rend autonome. C’est elle qui nous permet de payer les études de tous nos enfants ».  

Des difficultés ?

Forcément ! Si la vente à la criée nourrit parfaitement son homme, cependant, comme dans toutes activités, il y a des difficultés dans son exercice. Ces femmes sont quotidiennement exposées aux accidents de la circulation à cause de leur proximité avec la route et surtout parce qu’elles exercent leur activité sur la route au contact des véhicules. « Nous sommes livrées aux accidents, car nous avons affaire à des gens qui, après leurs doses ne se contrôlent plus », fulmine Barry Safiatou. Ce n’est pas seulement les accidents dont sont-elles victimes, elles sont également la cible privilégiée des agents de la police municipale qui les traque à souhait chaque jour. La pénurie de magasin est pointée du doigt. « Occuper une place est devenu une affaire de moyens et de connaissance. Sinon ce n’est pas un plaisir pour nous de venir risquer nos vies entre les voitures », indique Madame Kouamé qui estime qu’elles n’ont pas le choix. Au contraire, Mademoiselle Diaby rejette cette idée d’avoir un magasin. « On s’en sort très bien financièrement dans la rue malgré les inconvénients. Mais avec les magasins ce ne serait pas évident, car il y a trop de taxes à payer ».

Meilleures conditions de travail et autonomie financière…les maître-mots

De nombreuses femmes parmi elles attendent que les autorités municipales trouvent plus de places ou de magasins pour mettre à leurs dispositions. « Nous voulons des espaces confortables à moindre coût », soutient Madame Bamba. Même son de clocha pour Ouédraogo Abiba qui est à la recherche d’un magasin depuis longtemps. « Je vends avec ma tante, et depuis lors, nous sommes à la recherche d’un magasin pour nous installer. Mais les magasins que nous trouvons sont au-dessus de nos moyens », révèle cette dernière. En clair, la majorité de ces jeunes dames seraient à la recherche des endroits confortables pour vendre. Sauf que les moyens font défaut.

Tout de même, elles ne s’en découragent pas. Mieux, elles encouragent leurs sœurs à se mettre au travail. « Arrêtons de tendre la main, arrêtons d’attendre les promesses venant des hommes et arrêtons de mendier avec les enfants sur la route. La femme a cette capacité de se rendre indépendante toute seule. Exerçons un métier, entreprenons car, c’est le seul moyen d’être à l’abri de toutes tentations négatives », conseille l’une des femmes rencontrées.

Yahafe A. Ouattara (Stagiaire)        

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