Le 22 novembre 2021 dernier, la commune de Yopougon était au cœur de l’actualité du pays. Et pour cause, les chauffeurs des transports en commun, les minicars communément appelés (Gbaka) et les taxis communaux, avaient décidé d’observer une période de grève. Quatre mois après cette grève et les décisions qui en ont découlé, où en sommes-nous aujourd’hui ?
Pour avoir une réponse à cette question, une équipe de voixdefemme.net est allée aux informations. Réponses.
Pour rappel, les revendications des chauffeurs tournaient autour de deux axes principaux : le retrait des agents de la mairie de la circulation et l’annulation de la contravention imposée par la mairie de Yopougon.
« La mairie de Yopougon nous donne une contravention dont nous ignorons la cause. Elle coûte entre 5000F et 50 000F. Nous voulons savoir ce qu’il se passe exactement, étant donné que les seules personnes que nous connaissons depuis toujours sur le terrain, ce sont les agents de la police. Mais à notre grande surprise, c’est la mairie qui nous poursuit à présent sans aucune raison. Elle s’est même dotée de motos pour nous poursuivre dans toute la commune », s’était plaint, Konan Kouamé Germain, chauffeur de taxi ‘’wôrô wôrô’’.
Et ce représentant des grévistes de cette journée de questionner : « Nous avons donc pris une décision de nous approcher de nos devanciers pour tirer l’affaire au clair. Nous voulons savoir si c’est pour la mairie nous travaillons ou bien pour nous-mêmes. Qu’ils nous le disent. C’est pourquoi nous avons arrêté de travailler. Nous ne souhaitons plus avoir affaire à la mairie. Nous voulons juste travailler avec la police et la gendarmerie ».
A sa suite, Sidiki Konaté, le président de l’Association des chauffeurs professionnels de Côte d’Ivoire, n’avait pas hésité à mettre la municipalité en garde. « Si Nous n’avons pas gain de cause après ces trois jours, nous allons faire une grève pacifique de tous les véhicules de la commune de Yopougon. Nous allons le faire pendant trois autres jours. Nous allons boycotter toutes les taxes communales jusqu’à ce que nos problèmes soient réglés » avait-t-il prévenu.
Quatre mois après, les choses semblent être rentrées dans l’ordre. Vu que les hommes du volant ont repris le job. Malheureusement, les fameuses revendications n’ont pas trouvé de solution.
Interrogé, Oumar, chauffeur de Gbaka, nous informe que rien n’a changé. « La contravention n’a pas été annulée par la mairie. Nous sommes obligés de faire avec. Vous savez qu’on ne peut pas rester à la maison. Si tu restes à la maison, comment feras-tu pour nourrir ta famille ? », questionne-t-il, désemparé.
A l’en croire, « il y a du tout dans cette contravention : mauvais stationnement, mauvaise conduite, téléphone au volant… ».Sauf que selon ce chauffeur du minicar, tous ces détails ne seraient du ressort des agents de la mairie. Pour lui, « leur travail consisterait uniquement à contrôler les patentes. Mais, ils jouent désormais le même rôle que la police et de la gendarmerie ». D’où leur colère…
Les nouvelles décisions adoptées
Afin de garantir la stabilité et la tranquillité dans le monde du transport, plusieurs décisions ont été prises au niveau national. Plus particulièrement, à Yopougon où les chauffeurs ont vu leur habitude être modifiée.
« Il y a maintenant deux panneaux qui ont été installés au feu tricolore de ce quartier. Chose qui interdit désormais les véhicules (Gbaka), de tourner en direction de Siporex, ni même de celle d’Adjamé. Il leur est même interdit de stationner à ces carrefours », rappelle Oumar. En clair, les chauffeurs de ces véhicules de transport en commun n’ont plus la possibilité de stationner ou de faire une quelconque manœuvre au niveau du grand carrefour du quartier Sable.
Mais en guise de compensation, un espace a été aménagé pour eux. A l’initiative de l’Autorité de la Mobilité Urbaine dans le Grand Abidjan (AMUGA), une autorité administrative indépendante, un poste a été installé à 200 mètres du carrefour dudit quartier. Cette initiative, avoue Atchana André Koffi, chauffeur de Gbaka, est à saluer.
Certes, cette nouveauté n’a aucun lien avec la précédente grève, mais, de nombreux conducteurs reconnaissent que cela pourrait mettre fin à leurs difficultés. « Depuis que ce panneau a été installé, nous avons moins en moins de problèmes avec eux (agents de la mairie, ndlr). Lorsqu’il y aura assez de panneaux, nous pourrons être comme les agents de la Sotra… Je demande donc aux autorités de continuer ce processus de panneaux de stationnement à la faveur des conducteurs des transports en commun. Car, cela signera certainement la fin de nos problèmes et de la mauvaise conduite »,a réclamé M. Atchana, optimiste.
Tout est donc clair… Les conducteurs de taxis communaux et de minicars n’ont certes pas eu gain de cause dans leur lutte, cependant, ils peuvent désormais travailler en toute quiétude.
Arsène Lohouré