Le gouvernement ivoirien s’est fixé comme objectif zéro décès en saison des pluies. Pour atteindre cet objectif, le ministre de l’Hydraulique, de l’assainissement et de la salubrité, monsieur Bouaké Fofana, a officiellement lancé une opération de déguerpissements dénommée ’’Pour sauver ma vie, je quitte les zones à risques’’. Cette opération qui était prévue démarrer simultanément depuis le 5 juin 2022, est-elle effective ? Voiedefemme.net s’est rendu sur des sites de déguerpissement… Reportage !

Dépôt 9 les choses ont commencé

Ce matin du mercredi 22 juin 2022, il est 12 h 30 quand nous arrivons sur la zone dite à risque d’Abobo dépôt 9. Sur le site, il y a des mouvements. Les déguerpissements ont-ils commencé ? Sûrement ! Aux côtés des vrombissements des machines et autres camions, de nombreux agents de la police assurent la sécurité des commis à la destruction des maisons ciblées. Dans ce lieu, la plupart des habitants ont bel et bien quitté avant l’arrivée des Caterpillar.

« Il fallait qu’ils présentent les machines pour que les habitants désertent les lieux. Cela n’a pas été facile, car la majorité ne savent où aller avec leurs maigres moyens », explique Monsieur Ouédraogo, un riverain. « C’est une période très difficile pour nous. Ils étaient nos voisins et même devenus nos frères, les voir partir dans ses conditions difficiles sans qu’on puisse leur trouver la moindre solution, c’est vraiment déplorable », se désole Madame Kouadio. Selon elle, l’Etat ne fait que déplacer le problème et non le résoudre. « Où iront vivre nos voisins avec tous ces enfants », a-t-elle questionné avant d’ajouter que « la période est très mal choisie pour mettre quelqu’un dehors ».       

À Bracodi, ça tarde toujours

Désespérément, les populations continuent de vivre sur le site du déguerpissement avant l’arrivée des machines. « Nous sommes là, toujours à la recherche d’un logement avant de quitter les lieux », espère Madame Coulibaly qui pense qu’avoir une maison confortable à un prix abordable n’existe plus à Abidjan.

Tout comme Madame Coulibaly, Diakité Lacina a du mal à trouver une maison à sa bourse. « Nous avons du mal à se trouver des maisons que nous pouvons supporter financièrement. Nous allons vivre le pire à l’arrivée des machines parce que nous n’avons pas encore de solution   », dit-il désespéré.

A Mossikro, on dénonce la manière

D’après les riverains, les déguerpissements ont pris une autre allure avec l’arrivée des machines sur le terrain.

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Pour Monsieur Diané, un habitant des lieux, les machinistes ont effectué un travail sans réfléchir. « Regardez ma clôture, elle a été touchée, pourtant ce n’était pas dans le programme », a-t-il indexé. Pour lui, il ne suffit pas de prendre de bonnes décisions, il faut trouver aussi des personnes qualifiées pour l’exécution. « C’est très choquant de voir ces familles sous la pluie avec les bébés. On devrait plutôt le faire avant la saison pluvieuse », s’indigne-t-il, ajoutant que « ce n’est pas humain de vouloir sécuriser quelqu’un en l’envoya à l’abattoir ».

M. Brahima Koné salue l’intention des autorités de vouloir les protéger, sauf qu’il n’est pas content de la manière dont s’y prennent les agents commis au déguerpissement.

Quant à Monsieur Aladé Sandé, il dit être surpris du déguerpissement. « Ils nous ont surpris. Regardez ma maison, nous avons pratiquement tout perdu », déplore-t-il, en colère.  Pour lui, ce sont les efforts de plus d’une quarantaine d’années qui se sont envolés seulement en quelques minutes. « On ne nous a jamais dit de quitter. Sinon, on aurait pu sauver nos effets. Nous n’avons plus de dortoirs, toutes les maisons ont été cassées. On ne s’y entendait pas. Regardez ! Tous nos bagages sont entassés dehors… », désapprouve-t-il. Aujourd’hui, lui et sa famille sont obligés de dormir à la belle étoile. « Nous ne savons pas où aller pour l’instant », a-t-il indiqué.

Quant à Emmanuel Djouha est sous le choc. « Il était prévu de gratter la colline pour repousser le danger de notre côté, mais on ne sait plus ce qui les amène à casser des maisons d’une distance de plus de 20 mètres », révèle-t-il.

« Quand les machinistes sont arrivés, ils ont commencé à discuter concernant le programme. Certains ont trouvé qu’il était dangereux de s’attaquer à la colline puisqu’il devrait la gratter. Et c’est suite à cette discussion qu’ils ont commencé à casser les maisons sans calcul selon lui. En plus, ils demandent aux riverains de ne pas filmé ni prendre photo pour mettre sur les réseaux sociaux. Une école primaire a même été touchée par cette mauvaise conduite du travail », raconte Konaté Lacina qui informe que plusieurs personnes se retrouvent sans abri à cause de cette situation.  

Lire aussi : Le gouvernement s’engage à assister les déguerpis des zones à risques (Ministre)

Yahafe A. Ouattara (stagiaire)  

1 Commentaire

  • par Ouattara Gnelezie
    Publié juin 28, 2022 1:44 pm 0Likes

    Pourquoi le gouvernement attend toujours la saison pluvieuse avant de commencer ces activités ?

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