Titulaire d’un diplôme en psychologie social et coach en éthique, Mme Nathalie Bétis Viot est l’initiatrice de l’association « femme de valeur ». Dans ses rangs, la faitière compte 40 femmes formées aux techniques de la culture hors sol. Son objectif, sortir les femmes de la précarité avec des moyens de se prendre en charge. VoixdeFemme est allé à la rencontre de madame Viot pour en savoir plus.
Comment vous est venue l’idée de créer l’association « femme de valeur » ?
Femme de valeur est un réseau de femmes entrepreneures. Nous sommes 40 femmes au total, et nous avons pour objectif de sortir de la précarité financière. En somme, sortir d’une situation qui ne convient pas. C’est dans ce sens qu’en ma qualité de coach, j’ai proposé le projet de la culture hors sol.
C’est lors de ma première conférence en tant que coach que ces femmes m’ont approchée. Elles ont aimé le projet que j’ai présenté. Ce sont des femmes qui voulaient vraiment se prendre en charge. Elles se sont inscrites dans le réseau. Il y a eu un droit d’inscription, c’est un processus. Lorsque vous venez vous inscrire, nous vous demandons un montant que vous devez épargner dans une banque de la place. Et moi, je suis votre épargne, l’objectif est suivi et calculé.
En fin d’année, chaque femme doit être satisfaite de son épargne. Elles peuvent l’utiliser pour réaliser un projet à long terme. Il faut oublier les promesses, nous avons maintenant la possibilité de nous prendre en charge. Voilà un peu ce qui constitue le réseau « femme de valeur ».
Pourquoi le choix de la culture hors sol ?
D’abord, c’est une culture saine, et en tant que femme, notre première préoccupation s’est de fournir ce qui est sain aux ménages. Ce choix n’est pas fortuit, à l’approche de l’Anader, nous nous sommes rendues compte que c’était une culture contrôlée. Les plantes sont nourries sainement, c’est un processus que nous avons voulu voir et connaitre davantage. D’où notre approche de l’Anader, cela pallie évidemment à la cherté de la vie.
Reconstituer le sol avec du substrat, et de l’alimenter avec des éléments nutritifs facilite la croissance des plantes. Plusieurs expériences ont été faites. Les tomates par exemple qui sont à l’air libre durent longtemps que la tomate qui n’est pas fait hors sol. En plus de la tomate, nous avons d’autres cultures qui sont toutes hors sol et productives.
Lire aussi : Coopérative Yawognon : « Que les femmes luttent collectivement pour leur autonomie »
Comment travaillez-vous sur le projet ?
La première équipe est constituée de 5 femmes, nous allons faire plusieurs spéculations. Grâce à notre nombre, nous avons l’opportunité de travailler de façon progressive. D’habitude ce sont les techniciens qui s’en occupaient, mais il faut que les femmes se prennent en charge. Nous travaillons donc sous leurs instructions. Au niveau du réseau « Femme de valeur » nous pensons que la femme doit s’y mettre. Ici, nous voulons être impliquées dans notre prise en charge, c’est un projet participatif. Chacune d’entre nous met ce que nous avons dans ce projet. Et nous vendons sur le marché.
Nous nous sommes rendues compte que l’aide aux femmes, en leur donnant l’argent pour des activités, n’aboutissent pas pour la majorité. Il faut donc un suivi. Cette culture est sous abri et faite sans parasite.
En quoi consiste la collaboration avec l’Anader ?
L’Agence Nationale d’Appui au Développement Rural (ANADER) fait le suivi de la formation. Avec eux, nous avons la culture hors sol, et le projet de formation en agriculture. C’est avec l’Anader que nous sollicitons l’installation jusqu’à ce que le projet arrive à terme.
Nous envisageons d’autres projets, au niveau de la culture hors sol. Après, nous avons mis en place un magasin qui commercialise les produits des femmes.
C’est un nouveau projet, le magasin existe. Mais nous comptons le développer de sorte que quand chaque femme a une activité, un produit personnel, il faut qu’elle ait une vitrine. Parce que toutes n’ont pas la possibilité de se prendre un magasin. En groupe, il y a moins de charges pour l’instant.
Comptez-vous associez d’autres femmes au projet ?
Cette année, il y a des appels, il y a des femmes qui veulent intégrer le groupe, mais nous voulons finir ce projet. Nous allons l’ouvrir, celles qui viennent peuvent entrer dans le réseau. Cependant, elles ne pourront pas participer au projet. Donc, je préfère qu’elles attendent, en fin d’année, quand nous allons finir ce projet. Elles pourront participer sur le prochain. Il faut dire que le nombre de femmes n’est pas ma préoccupation, plutôt la qualité de ce que nous pouvons apporter à chaque femme qui intègre le réseau.
Quels sont vos conseils à l’endroit de cette génération qui peinent à trouver un repère en matière d’emploi ?
En tant que coach, ce que je peux leur dire, c’est qu’aujourd’hui, nous avons des ressources.
Je me rappelle ce que disait notre premier président, feu Félix Houphouët Boigny : « Le développement de ce pays passe par l’agriculture ». Avec la mondialisation des réseaux sociaux, nous voyons que les jeunes baignent de plus en plus dans la facilité. Nous voyons qu’ils se détournent de ce qui est un cadeau pour notre pays, la Côte d’Ivoire.
Dans certaines régions, les femmes n’ont pas la possibilité d’avoir des terres, tout cela répond à des problèmes très spécifiques. Il ne suffit pas d’avoir forcément beaucoup d’argent, avec peu, on peut devenir entreprenant et réaliser l’impossible.
Lire aussi : Riziculture : Yebo-Ekon veut transformer
Bekanty N’ko