Créée officiellement en 2020, la coopérative Yawognon (travaillons ensemble pour vivre heureux), est une coopérative dont les ressources proviennent essentiellement de l’agriculture. Yawognon est constituée de femmes exerçant dans le domaine du vivrier à Nondjoni, dans la sous-préfecture de Dianra-village. Malgré leurs difficultés financières permanentes, ces femmes analphabètes se battent quotidiennement pour vivre dignement. Le magazine voiedefemme.net a tendu son micro à la présidente Madame Ouattara Piagnan…
Pourquoi avez-vous décidé de vous unir autour de cette coopérative ?
Il y a de cela une décennie, nous avons décidé de trouver un jardin pour faire de la culture vivrière. Une manière pour nous, de booster notre autonomie financière. Mais au début, nous étions plus basées sur les exploits individuels. Chacune produisait sur sa minime parcelle au sein du jardin, ce qui lui semblait bénéfique. Au fil du temps, nous nous sommes rendus compte que nous perdions à ne pas unir nos forces au niveau de la production et de la commercialisation. Voici comment est venue l’idée de création de la coopérative il y a environ trois ans.
Votre coopérative est composée de combien de personnes ?
Nous sommes pour le moment 40 femmes et 3 hommes. Ces hommes nous aident physiquement, nous orientent parfois, gèrent certaines courses pour nous. En cas de manifestation, ils sont aussi à l’organisation.
Comment êtes-vous organisées
Nous fonctionnons normalement comme toute autre association où les responsabilités sont partagées. Nous avons un bureau constitué d’une présidente, une secrétaire, une commissaire aux comptes et une trésorière. Une fois en activité, nous nous attribuons les tâches pour mieux effectuer les travaux.
Comment avez-vous obtenu le terrain sur lequel vous exercez ?
Au début, ce sont les autochtones (propriétaires de terre) qui ont eu l’idée de créer ce jardin. Mais, ils n’avaient pratiquement pas de connaissance dans ce domaine. Alors, ils sont venus solliciter notre expertise auprès de nos maris. Nos maris, nous ont donc autorisé à accompagner leurs femmes dans la culture du vivrier. C’est ainsi que nous avons obtenu une parcelle d’environ 3 hectares, sur laquelle nous cultivons les produits vivriers selon leurs saisons.
Parlez-nous de vos différentes cultures
Nous produisons le piment, le manioc, le gombo, l’oignon, la tomate, l’aubergine, le chou, la salade…
Comment se fait la commercialisation
Après la récolte, nous exposons nos produits en bordure de route pour les personnes intéressées. Au cas où la quantité est importante, nous les transportons vers Dianra-village (la sous-préfecture) pour la commercialisation.
Comment gérez-vous vos revenus ?
Notre jardin est exploité de deux manières. Nous disposons une parcelle commune, où sont cultivés le manioc, l’aubergine, le piment et bien d’autres choses. Les revenus sont versés directement dans la caisse après chaque vente. En dehors de cela, chaque femme à un espace propre à elle, qu’elle exploite comme bon lui semble pour ses propres besoins.
Quel est votre niveau de satisfaction aujourd’hui
Cette coopérative nous a permis d’atteindre une certaine autonomie financière. Depuis que nous avons uni nos forces au sein de ce jardin, cela a fortement diminué les mésententes entre nous et nos maris. Parce que non seulement cette coopérative a permis de résoudre nos problèmes de prix de popotes. Elle nous permet également de soutenir nos maris, à prendre en charge la famille telle que la scolarité des enfants.
Parlez-nous de vos projets ?
Nous ne voulons plus dépendre du temps. Donc, nous pensons à initier la culture hors sol. Nous voulons construire un magasin pour stocker nos récoltes. Nous voulons aussi construire un marché sur une parcelle de trois hectares. A travers lequel nous voulons directement évacuer nos produits vers les grandes villes. Nous pensons agrandir plus notre jardin pour accueillir plus de femmes.
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Les difficultés auxquelles vous êtes confrontées
Comme première difficulté, nous avons un réel problème d’eau au sein de notre jardin. L’eau manque véritablement à nos différentes cultures surtout pendant les saisons sèches. Nous avons creusé des petits puits au niveau des sillons, mais cela ne suffit pas.
Vos doléances
Aujourd’hui, nous avons urgemment besoin d’un forage pour remédier au problème d’eau. Des grillages pour protéger davantage nos cultures des animaux. Des motos à trois roues pour nous aider à transporter nos différents produits vers le marché. Concernant la culture hors sol, on aura besoin d’un abri pour protéger les cultures des rayons du soleil, d’un système d’irrigation goutte à goutte, des fibres de coco, d’une ombrière et des seaux.
Quels conseils donner aux femmes qui luttent individuellement
Ces femmes doivent savoir que la lutte collective est plus bénéfique, voire fondamentale pour leur autonomie financière. A vrai dire, la lutte collective permet de diminuer la souffrance et élargir la chance de réussite. Aujourd’hui, nous conseillons aux femmes de s’unir afin de bénéficier des aides mutuelles.
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