Née le 4 septembre 1979 à Kouassi Datékro, Sinan Kobenan Moro était un enfant discoureur. En vue de le rendre docile, il a très tôt été inscrit aux arts martiaux sous recommandation de son oncle. Ne dit-on pas que l’art martial est l’art de la paix ? Déjà à l’âge de 9 ans, en plus d’être élève, il fait ses premiers pas dans le kung-fu, art martial d’origine chinoise. Sinan a pratiqué ce sport durant 9 bonnes années. Dans les années 2000, il fait la connaissance de certains amis qui lui parlent de kickboxing. C’est un mélange de boxe et de karaté. Séduit par ce style de combat, il opte pour la pratique de cet art martial.
« J’avais déjà mes repères et mes amis m’ont dit que le kickboxing est un mélange de boxe et de karaté. Moi, j’avais déjà mes coups de pieds. Donc, il me restait à apprendre le reste. C’est ainsi que j’ai opté pour la pratique du kickboxing dans les années 2000 ».
Le kickboxing est une discipline sportive appartenant au groupe dit des boxes pieds-poings (BPP) développée et réglementée au début de l’année 1960 au Japon. Sinan Kobenan Moro fait partie des premiers Ivoiriens à avoir pratiqué ce sport. Combattant dans l’âme, le karatéka s’investit dans cette nouvelle discipline. Son courage, son abnégation, sa combattivité et sa force de travail font qu’en un temps records, il obtient la ceinture noire troisième degré au kickboxing. Une aubaine pour la fédération naissante de cette discipline. Elle fait de lui un arbitre international certifié. L’originaire de Bondoukou est désormais le premier arbitre africain international du kickboxing.
Mais, tout n’a pas été facile pour maître Sinan Moro. « Après le décès de mon père, ça n’a pas été facile pour moi. J’ai du mal à parler de cette partie de ma vie ».
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Alors qu’il venait de perdre son père, il se voit renié par sa famille. Le trouvant moins ambitieux, celle-ci lui reproche l’abandon des études au profit de la pratique des arts martiaux. Durant plus de 3 années, le maître est sans domicile fixe à Abidjan. Par moment, il était contraint de frauder le bus afin de pointer aux entraînements. Malgré ces difficultés, le champion poursuit sa formation. Il reste optimiste et ne perd pas de vue son objectif. Réussir dans ce qu’il fait reste son seul souci. Être meilleur, avancer et toujours avancer est son leitmotiv. Ainsi, chaque fois qu’il tombait, prenait des coups, cela n’était en aucun cas un frein pour lui. Il pansait ses plaies, essuyait ses larmes, remettait ses gants, attachait sa ceinture et continuait son combat.
« J’ai réussi. Aujourd’hui, quand je dis à mes enfants que je vais au travail, je vais faire du kickboxing ».
Autrefois bagarreur, la vie et ses difficultés l’ont à présent rendu docile. Du haut de ses 1,65 m pour un poids de 65 kg, Sinan Kobenan Moro est désormais timide et très comique. Arbitre international actuellement, il a obtenu le Certificat d’aptitude professionnelle (CAP) option bâtiment en 2002 et le Brevet de technicien supérieur (Bts) en bâtiment en 2004. Alors que ce sport était encore méconnu sur le territoire africain, Sinan Kobenan moro a remporté plusieurs combats depuis les années 2004. Aujourd’hui, sa ténacité l’a hissé haut sur le plan national. Arbitre international, le détenteur de la ceinture noire troisième degré est dorénavant moniteur fédéral option 3. Il envisage ouvrir une salle de kickboxing. Il désire transmettre sa connaissance à plus jeunes que lui. Pour l’heure, il intervient dans deux fédérations différentes : le WAKO (Word Association Kickboxing Organisation) et l’ISKA (International Sport Kickboxing Association).
En juillet 2022, il est en vedette lors des combats organisés par la fédération Waco ici en Afrique de l’Ouest. A cette occasion, l’arbitre à diriger les confrontations entre des Maliens, des Burkinabés, des Togolais et des Ivoiriens. L’ambitieux Sinan Kobenan souhaite que cette discipline intègre le programme scolaire et universitaire et les casernes. Un digne fils du pays qui veut se mettre au service de sa patrie.
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Grace Djazé