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Publié le 20 février, 2023

Le bruit est un phénomène acoustique produisant une sensation auditive considérée comme désagréable ou gênante. L’excès de bruit a des effets sur les organes de l’audition, mais peut aussi perturber l’organisme en général, notamment le sommeil. Nuisances sonores, notre dossier !

« Les nuisances sonores sont une atteinte à la santé des êtres vivants, de leur fait ou non, par l’émission de bruits », a défini le Commissaire Divisionnaire de Police Téhé Mondet Pamphile, Commandant de la Brigade de l’Assainissement et de la Salubrité (BAS). Il était face à la presse le 20 décembre dernier. C’était au cours de la dernière édition de « Tout Savoir Sur » du Centre d’Information et de Communication Gouvernementale (CICG). Une occasion de faire le point des actions que mène le Ministère de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité (MINHAS) contre les nuisances sonores. 

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Il y a effectivement urgence. Car, malgré les griffes sorties par l’Etat depuis la signature du décret No 2016-791 du 12 octobre 2016, portant règlementation des bruits de voisinage, certaines personnes sont restées insensibles. Même s’il faut se réjouir du fait que les sirènes des escortes de personnalités sont moins visibles, le constat dans certains quartiers d’Abidjan incite à la révolte. Les fêtes de fin d’année passée ont rythmé avec les bruits sonores. Au Plateau-Dokui, dans la commune de Cocody, c’était la guerre des pétards entre groupe de jeunes pendant plus d’une semaine. Le jeu est simple. Quel est le groupe ou le secteur qui fait le plus de bruit possible. Le 31 décembre a été le clou de ce petit jeu au détriment de la quiétude des populations. C’était comme dans un film western. Ça se poursuivait dans le quartier jusqu’à petit matin. « Nous avons été obligés de nous organiser à l’Eglise pour accompagner certains fidèles à leurs domiciles après la messe du nouvel an. Le quartier était comme une zone de guerre » affirme Konan, un catéchiste dans cette église du Plateau-Dokui. Et de poursuivre : « Même ceux qui étaient dans leurs véhicules avaient des problèmes à s’effrayer un chemin pour rejoindre leurs maisons ».

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Que dire du quartier Jérusalem dans la grande commune de Yopougon. La fête est partout, les pétards aussi. A Port-Bouët Gonzagueville et à Koumassi le constat est le même.

Pas seulement les pétards

« Je suis au quartier Mahou, dans la commune de Cocody. Il y a une moto qui passe régulièrement. On a l’impression qu’une partie de son échappement a été démontée et le bruit qu’elle produit est assourdissant. Et personne ne l’inquiète. Il y a aussi un véhicule qui vient dans mon secteur presque chaque jour aux environs de trois ou quatre heures du matin. C’est pratiquement une discothèque ambulante » nous relate Séri rencontré vers le 22ᵉ Arrondissement. 

 Les bruits que subissent les populations sont de diverses origines. Les klaxons incessants de « wôrô » (taxis communaux), les appels des vendeurs ambulants, les prêches et les veillées religieuses, les sonos des « maquis » et autres débits d’alcool, les animations de promotions commerciales, entre autres, rythment le quotidien des populations à telle enseigne que ces nuisances sonores constituent désormais, un élément normal de l’environnement urbain. 

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Et pourtant, ce n’est pas faute de texte de règlementation. Il existe depuis 2016 et ce texte a la particularité d’instituer un organe gouvernemental en charge d’enregistrer les plaintes des victimes de nuisances sonores sur toute l’étendue du territoire national. Il vise ainsi « à prévenir, limiter, voire supprimer l’émission ou la propagation des bruits ou vibration qui sont de nature à présenter des dangers, à causer un trouble excessif aux personnes, à nuire à la santé ou à porter atteinte à l’environnement ». Il est également fait mention que le non-respect de celui-ci, entraînera la confiscation du matériel ayant servi à commettre le bruit jusqu’à l’interdiction de l’activité à l’origine du bruit incriminé. Selon le porte-parole du gouvernement, commentant à l’époque cette importante décision, « les maquis qui ouvrent à des heures très tardives, les endroits de prêche qui fonctionnent toute la nuit, ainsi que les voisins trop bruyants », entre autres étaient les cibles de ces dispositions. Par ce texte, le gouvernement avait répertorié des zones classées « sensibles ou non-sensible » et fixé des seuils de tolérance sonore. Malheureusement rien n’a véritablement changé à ce jour.

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Population abandonnée

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Mieux une brigade de contrôle existe à cet effet. C’est la Brigade de l’Assainissement et de la Salubrité (BAS) née en 2019 en remplacement de la Brigade de Salubrité Urbaine (BSU). Selon le Commissaire Divisionnaire de Police Téhé Mondet Pamphile, Commandant de cette Brigade, « de septembre 2011 à décembre 2022, la BAS comptabilise plus de 3018 réclamations- clients et 1235 contraventions ont été infligées aux auteurs de bruits de voisinage, et des établissements, émettant ces bruits, fermés, dans le District Autonome d’Abidjan ». Il était face à la presse le 20 décembre 2022. S’il est vrai que sa mission est noble et son champ d’action vaste, la BAS reste comme invisible concernant les bruits sonores. Les populations semblent abandonnées. En fait, les grandes villes du pays, Abidjan en tête, restent bruyantes et les populations en proie à un problème qui apparaît insoluble. La plupart des communes de la capitale ivoirienne baigne dans une ambiance ou les bruits de toutes origines ont plus que jamais, pignon sur rue. La présence de l’autorité sur le terrain concernant le problème des nuisances sonores reste presqu’invisible. « Pendant les deux dernières semaines de l’année 2022, aucun de ceux qui lançaient les pétards dans mon quartier n’a été inquiété » se désole Soro, habitant du quartier Samanké dans la commune d’Abobo. « La question que je me pose est celle-ci : qui autorise la vente des pétards ? Je pense que la commercialisation de ces produits avait été interdite » fait-il remarquer à juste titre. Appel est lancé aux autorités avant qu’on ne se retrouve face à un drame.

Sékongo Naoua

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