L’artiste musicienne Wam Wam est très engagée dans ses œuvres en faveur de la femme.

Publié le 10 mars, 2021

Après un BAC H2, Bah Flora est sortie inspectrice de musique à l’Institut national supérieur des arts de l’action culturelle d’Abidjan ( INSAAC). Mais l’enseignante garde l’art dans l’âme. Le son de l’artiste Wam Wam ne laisse personne indifférent. Elle s’est ouverte ce jeudi 4 mars 2020 à VoixVoie De Femme.

Pourquoi Bah Flora s’est donnée pour nom d’artiste Wam Wam ?

Wam, c’est l’un de mes prénoms. C’est mon prénom wè ( ethnie de l’ouest ivoirien, ndlr). Il vient de « Wam dji » qui signifie : «  Ils reviendront ». J’ai juste coupé Wam pour faire un peu plus court.

En plus de votre métier d’artiste, vous êtes d’abord enseignante de profession….

Oui, Je suis d’abord inspectrice principale d’éducation musique au lycée moderne d’Abobo. J’ai fait mon cursus dans l’art. cela depuis la classe de seconde où je suis allée au lycée d’enseignement artistique.

Où en sommes nous avec votre carrière musicale ?

J’ai fait deux singles. Le premier est « Man Wé », qui glorifie : « La femme ». Le second est « Sahè » qui parle de la lutte contre l’excision. Maintenant nous sommes en train de finir l’album de huit titres. Vous allez le découvrir bientôt.

Il faut dire que tout le thème que j’aborde dans mes chansons tourne autour de la femme et surtout des droits de la femme.

Après les singles, l’album semble prendre du temps

C’est dans cet esprit que Wam travaille. Donc on ne va pas dire que l’album tarde. Toute chose bonne arrive en son temps. Avec la vie de famille, on va à notre rythme. Mais d’ici fin mars avec la grâce de Dieu, on ose penser que l’album de 8 titres sera prêt.

Comment les deux premiers singles se sont comportés sur le marché ?

Ça va plus ou moins. Mais il y a encore des règles. Parce que le genre musical de Wam n’est pas très bien accueillir ici, en Côte d’Ivoire. Parce que la musique de fusion ne semble pas être ce que les ivoiriens demandent. Ils sont plus pour d’autres genres musicaux.

Quel est concrètement votre genre musical ?

C’est un peu ce que les gens appellent le tradi-moderne. C’est plutôt de la musique de recherche dans une fusion. La musique de fusion, c’est-à-dire, on puise dans le terroir, puis on ajoute la connaissance acquise dans la recherche musicale.

Pourquoi ne pas aller vers les genres que les Ivoiriens demandent ?

Vous savez la musique c’est un sacerdoce pour moi. Je fais ce que je sens. C’est compliqué de vouloir basculer. Oui, on discute avec des personnes qui vont vouloir qu’on fasse un peu de l’Aya Nakamura, ou du Josey. Mais cela ne parle pas à l’âme de Wam. Du coup, je reste dans ma ligne et j’avance comme je peux. Wam a commencé avec du Gospel, puis les origines africaine Wè aussi. C’est tout ce métissage qu’on essaie d’extraire. Et je ne doute pas que les Ivoiriens vont finir par adopter Wam.

Dans l’un de vos clips où vous évoquez certainement l’excision, vous montrez souvent des images de sang. N’est-ce pas choquant cela ?

Mais il faut choquer. Parce que le clip ou il y a le sang c’est un clip sur l’excision. Il faut choquer parce que l’excision est encore d’actualité. Et l’excision touche vraiment à la dignité de la femme. Alors pour que ce message passe il faut choquer. Et sachez que ce n’est pas seulement du sang que vous voyez, ce sont au-delà, des vies détruites. Alors il faut choquer pour que sa touche.

L’excision est malheureusement encore défendue dans plusieurs contrées en Côte d’Ivoire. Pensez-vous que cela a effectivement un effet sur les consciences ?

Wam est pour la culture africaine. Certes Wam est d’accord pour hisser la valeur de l’Afrique. Mais il faut reconnaitre qu’il y a des pratiques qui sont pas bonnes. Il y a des cotés qu’il faut forcement écarter pour aller loin.

Dans le cas de l’excision, il faut interpeler nos sociétés traditionnelles, nos sociétés africaines pour la dignité de la femme. Mon combat dans la musique c’est pour les droits de la femme.

Actuellement les gens donnent l’impression que ça va mieux pour la femme mais en réalité ça ne va pas. La femme a encore beaucoup de combat à mener et beaucoup de victoire à remporter.

Pour que la femme soit vraiment positionnée et repositionnée dans la société, il faut que les mamans et papas éduquent mieux leurs garçons. Il ne faut pas éduquer les filles à accepter l’adultère de leur mari. Il faut éduquer le garçon à respecter la femme. Et donc moi mon combat c’est le combat de la femme dans toute sa dimension.

Qu’est ce qui à créer ce déclic de défense d’opinion de la femme ?

Il faut dire que le déclic a été mon éducation. J’ai grandi dans une famille où on demande de tout accepter. Tu vois maman qui pleure et qui doit supporter et accepter l’humiliation, cela crée la révolte. Mariée, on vous demande encore de supporter l’humiliation. Non. Regardez ses amis autour de soi, qui ne peuvent pas divorcer et qui sont dans l’humiliation…Tout cela crée la révolte.

Quels sont vos projets dans l’avenir ?

Déjà, il y a la sortie officielle de l’album, qui est en principe prévue pour fin mars 2021, ce sera accompagné du concert dédicace. On espère que tous aillent mieux pour que tout soit fait. Avec la situation sanitaire de la Covid-19 les choses sont au ralenti. On était sur plusieurs festivals et tout. Wam c’est également les festivals. On espère que ce qui est prévue se réalisera.

Comment vous conciliez votre métier d’artiste et l’enseignement des élèves ?

Il faut dire que c’est la chose la plus difficile. Parce que Wam est mariée et mère de quatre enfants. Entre les spectacles de musique, entre les spectacles de théâtre et puis la classe, ce n’est pas facile. Mais avec l’aide de la famille, notamment de mon époux et de mes collègues enseignants, je m’accroche. Vous me donnez l’occasion de leur rendre hommage. Surtout à mon mari. Il m’a toujours soutenu et il me soutient encore.

Un mot sur la journée internationale de la femme prévue le 8 mars 2021 ?

Je veux dire aux femmes de ne pas baisser les bras. Nous avons encore beaucoup de victoire à avoir. Il ne faut pas baisser les bras. Il faut refuser déjà d’être traitées comme des objets de plaisirs. Il faut demander, réclamer, chercher l’indépendance financière.

Être sous un chef ne veut pas dire être moins que le chef. Donc quand le chef de famille revient, il prend le conseil de madame. Et madame n’est pas en dessous réellement, elle est indépendante et égalitaire.

Ténin Bè Ousmane

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