Publié le 8 février, 2021

Bien connue dans le domaine de la mode en Côte d’ivoire, Miss Kouadio épouse Zekré est spécialiste dans la couture femme. Une spécialité mise en berne par la pandémie de la COVID-19.

Peu importe la morphologie, toutes les femmes sont belles ! Il suffit de leur tailler le modèle qui mette en valeur les formes sans être vulgaire. Mais c’est bien là tout le défi pour les spécialistes, en cette période où la lutte contre la COVID-19 exige des mesures barrières. Une distanciation de un mètre exigée entre les personnes. « Nous avons non seulement besoins de la présence physique des femmes, mais nous devons être au contact avec elles pour prendre les mesures précises », fait remarquer Miss Kouadio épouse Zékré.

Début janvier 2021, la présidente le Syndicat national patronal des couturiers, des tailleurs, des stylistes et des modélistes de Côte d’Ivoire (Synapctt-CI), expliquait à VoixVoie De Femme, les contraintes de leur corps de métier en cette période de coronavirus. « Il faut que les femmes se sentent belles quand elles portent les vêtements qu’elles commandent », explique Mme Zékré.

Dans son atelier sis à Abobo, Route du Zoo, celle qui a été élue Miss Gagnoa en 1987, confectionne toutes sortes de costumes féminin. Des ensembles, aux robes courtes, grandes tailles, elle y touche à tout pour servir une clientèle qu’elle a fidélisée depuis plusieurs dizaines années. Sa matière première est le pagne. « Quand les clientes sont satisfaites, elles viennent toujours vers vous. Elles sont exigeantes. Mais il faut tout faire pour les satisfaire quand ont veut garder leur confiance ».  

La crise sanitaire de la Covid-19 est venue ralentir les activités. En ce début d’année, les choses reprenaient, avec l’assouplissement de ces mesures restrictives. Mais la montée des cas de contamination ces dernières semaines et l’instauration de l’état d’urgence sanitaire ne va pas sans raviver l’inquiétude de la corporation. « Avec une distanciation de un mètre exigée par les mesures barrières, comment peut-on prendre les mesures d’un client ? », s’interroge la styliste.

Miss Kouadio se souvient que cette mesure a conduit à la chute de leur clientèle au cours de l’année 2020. « Vous savez que les femmes, en général ont tellement d’habits. Beaucoup d’entre elles ont arrêté d’en faire de nouveaux. Du coup, notre clientèle a baissé ».

Mais ceux qui sont spécialisés dans la couture homme ont eu moins de problèmes. « Avec la crise, les hommes s’habillent plus que les femmes. Ceux qui font la couture homme font du prêt-à-porter. Contrairement aux femmes qui ont besoin d’ensemble, près du corps avec de multiples transformations. Il faut obligatoirement prendre les mesures pour chaque femme ».

Pour la présidente du Synaptc-CI, les spécialistes de la couture homme, vive la même situation, mais à un degré plutôt moindre.

« Les hommes, en général, n’ont pas trop de temps pour fréquenter les ateliers de couture. Quand la confiance est établie et que vous prenez ses mesures une fois, vous pouvez travailler pour lui pendants plusieurs années. Et ils demandent des modèles qui ne sont pas vraiment compliqués », fait-elle remarquer.

« Pour les costumes, il suffit de connaître le tour du cou d’un homme, et tu fais sa chemise et son pantalon. Parce que cela détermine les mesures des hanches et des épaules », fait remarquer Mme Kouadio.

La confection des vêtements des enfants est également moins touchée par cette crise.  « Pour les enfants, ce n’est pas aussi compliqué. On peut faire des vêtements en série, par âge », ajoute-t-elle. Tout en insistant sur le fait que la chute des commandes des femmes est un véritable manque à gagner pour les couturiers spécialistes dans les vêtements féminins. « Les femmes ont besoins de modèles qui prennent leur corps. Et ce sont des modèles qui évoluent. On est obligé de prendre les mesures et d’être fidèles à leurs demandes, parce qu’elles sont exigeantes ».  Myss Kouadio ne désespère pas pour autant. Convaincue que chaque crise cache des opportunités, Mme Zékré est confiante que cette situation passera pour que reprennent les bonnes affaires, notamment à l’extérieur de la Côte d’Ivoire. « ce que nous faisons en Côte d’Ivoire est prisé à l’extérieur », se dit optimiste celle qui est habituée à participer à des expositions au Burkina, au Niger, au Mali, au Bénin et même au-delà du continent. « En 2019, nous sommes allés aux États-Unis et nos habits confectionnés en Côte d’Ivoire ont été vendus comme de petits pains ».

Ténin Bè Ousmane

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