Syllama Design, c’est l’histoire d’une dame qui dans ses projections, douze (12) ans en arrière, ne pouvait s’imaginer artisane accessoiriste. Nous l’avons rencontrée, le jeudi 30 janvier 2020, à sa boutique située au quartier Riviera-St Viateur.

L’accessoiriste de mode ivoirienne Syllama ne manque plus aucun grand événement à Abidjan. On l’a vu à l’œuvre à la célébration des 20 ans du célèbre couturier Gilles Touré, à Africk Fashion… Elle est également l’invitée de bien de foires et les expositions à travers le monde. En avril 2019, Syllama, à l’état civil Sylla Maférima, a sillonné Bagdag en Irak ; Rabat au Maroc, Johannesburg en Afrique du Sud, puis Dakar au Sénégal. Pourtant, il y a 12 ans, cette femme d’affaire était loin de s’imaginer à ce niveau. Elle est aujourd’hui l’accessoiriste principale de Uniwax.

« J’étais restauratrice. Je cuisine très bien, parait-il », souligne cette mère de deux enfants et secrétaire de direction de formation, mais passionnée de mode. Elle ouvre ensuite un restaurant à son propre compte. Un endroit chic qu’elle prend le soin de décorer d’accessoires. « C’est dans mon restaurant que le déclic est parti », se souvient-elle. L’accessoiriste nous raconte l’anecdote de ce déclic qui fait basculer dans la mode. 

« Un jour, j’étais là et il y a une experte en artisanat, ivoirienne, qui s’est arrêtée à mon restaurant pour pouvoir prendre un repas. Pendant qu’elle prenait le repas, elle a regardé mon décor puis a demandé à l’une des serveuses ‘’qui fait ce travail-là ?’’. Elle (l’experte en artisanat) fait savoir à la restauratrice qu’elle détient un talent insoupçonné qu’elle peut vendre. « Si vous le développez, c’est clair que vous allez laisser tomber ce que vous faites actuellement », raconte Maférima Sylla. La cliente la rappellera quelques jours plus tard pour l’encourager à participer à la foire de la CEDEAO à Ouagadougou au Burkina Faso. Après moult hésitations, Maférima Sylla fini par sacrifier quelques bénéfices de son commerce pour s’envoler pour Ouaga.  « J’ai eu un bon retour parce que mon stand à cette foire a eu une grande attraction. Les femmes Ouagalaises ont aimé mes bijoux et je suis revenue avec une ou deux commandes ».

Rencontre avec Paté O

Six mois après, elle revient dans la capitale burkinabé pour une autre exposition, celle du SIAO (Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou). « Cette fois-ci, on m’a mise en contact avec le ministère de l’Artisanat. J’ai alors compris que l’artisanat est quelque chose de sérieux. Pendant la foire, j’ai rencontré une organisatrice d’événements à Ouagadougou. Elle m’a invitée à participer à un autre événement pour accessoiriser tous les stylistes invités. Parmi ces stylistes, il y avait de grands noms déjà. Les choses se sont enchaînées dans la même année », relate-t-elle. « Tous les grands noms comme Paté O ( le célèbre couturier burkinabé) et autres ont demandé que j’accessoirise leur défilé ».

C’était un coup de fouet donné à la carrière de celle qui devenait l’incontournable accessoiriste des grands défilés. « Cette dame, cliente d’un jour, est en ce moment mon mentor et je suis accrochée à elle. J’ai arrêté la ‘’cuisine’’ et la restauration, pour vraiment me concentrer à ce travail jusqu’à ce jour ».

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Le métier d’accessoiriste

Syllama a depuis créé Syllama Design. Elle est spécialisée dans la confection des bijoux et la confection de tenues traditionnelles. Elle détient le secret de mettre le bijou sur le ‘’T’’ depuis 2008 et comptabilise à ce jour 12 années de carrière. « Avant, on voyait les bijoux, mais on ne voyait pas cette importance », nous dit-elle.  Elle habille également les mariées, pour les tenues traditionnelles de toutes les régions. « Je fais aussi du moderne purement. C’est-à-dire que, d’après les fashionistas, je suis très fashion dans mes créations. Ce n’est pas très classique, mais tu trouves un peu de tout dans mes créations ».  Syllama Design sait jouer sur les deux tableaux traditionnel et moderne. L’accessoiriste continue de brûler d’ambition. Elle espère, non pas retourner à la cuisine, mais ajouter cette expertise au métier qui lui fait découvrir les grandes foires du monde. « Bientôt, quand vous viendrez chez Syllama, en plus de vous parer de bijoux et de vous habiller, vous aurez à manger succulent ».

Passion

Syllama sait que son succès dans le métier d’accessoiriste n’est pas seulement un hasard. « Moi, d’abord, c’est la passion. Je suis venue dans le métier par la passion. J’ai toujours voulu qu’on me voit par ce que je vaux. C’est la première des choses dans ma vie », explique-t-elle. Très passionnée par ce qu’elle fait, ce n’est pas évident de la décourager, selon elle. En se frottant à d’autres réalités et avec l’appui du Ministère de l’artisanat, l’accessoiriste insoupçonnée d’il y a 12 ans a compris qu’elle pouvait mettre en avant les bijoux au même titre que d’autres vêtements, d’autres accessoires ».

Dans sa carrière, des difficultés ont toutefois fait jour. Mais, « je dirais que ça m’a boosté parce que j’ai entendu des paroles très blessantes. Du genre « c’est des bricoles », « qu’est-ce qu’elle va faire avec les bijoux à l’extérieur, payer son billet d’avion, le train pour y aller »… pff. Aujourd’hui, j’avoue que je suis très proche de ceux qui disait cela (fou rire, ndlr). Ce sont mes clientes pour certaines et pour certains, ils m’encouragent. Et, ça me fait énormément plaisir ».

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Clémentine Silué

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