Ph: DR

Publié le 6 janvier, 2023

C’est le 1er octobre dernier que la campagne du binôme café cacao a démarré sur toute l’étendue du territoire national. Pour cette nouvelle campagne, faut-il fermer les yeux sur toutes les difficultés que rencontrent les planteurs pour une bonne production ? Les producteurs de cacao, eux également, n’ont-ils pas le devoir de vendre un cacao de bonne qualité ? Voiedefemme.net, montre la voie à suivre dans ce dossier…

En matière de vente du cacao, la qualité du produit est appréciée selon 3 ordres. Le grade 1, désignant le cacao de bonne qualité, le grade 2, se référant au cacao de qualité moyenne et le sous grade pour désigner le cacao de mauvaise qualité. 

La qualité des fèves

Ph: DR

Avant la réforme de la filière 2011, le cacao à l’exportation était de mauvaise qualité. Selon M. Koné, responsable régional du Göh du Conseil café cacao, « Très peu de cacao était livré en grade 1. La quasi-totalité de la production ivoirienne était livrée, en son temps, en grade 2 et en sous grade ». En exemple, la campagne agricole 2012-2013 pendant laquelle le taux de sous grade était évalué au niveau national à 19,20%. Aujourd’hui, se félicite-t-il, « Beaucoup d’efforts ont été faits pour améliorer la qualité ». Au terme de la campagne 2021-2022, la Côte d’Ivoire est à 6% de taux de sous grade au plan national. Cela est à mettre à l’actif de tous les acteurs de la filière. Les producteurs sont régulièrement sensibilisés sur le cacao de bonne qualité. C’est-à-dire le cacao bien fermenté, bien trié et bien séché. 

En la matière, il est demandé de conserver les fèves de cacao dans les sacs jutes et non dans les sacs faits à base de matière plastique. Car, selon les experts, les sacs en plastique détruisent la qualité du produit.

Les normes du cacao

Les normes imposées dans les ports sont les suivantes. Le taux d’humidité admis est de 8%.                                     Les matières étrangères dans le cacao ne doivent pas dépasser les 1%. Le taux de brisures  admis est de 2%. Notons que la réfaction peut-être faite si vous ne respectez pas les normes requises. C’est-à-dire : couper sur votre argent, à cause de la mauvaise qualité de votre produit. Bien évidemment, au delà de ces normes, votre production est refoulée. L’exportateur n’a pas le droit de prendre ce cacao là. A charge pour le producteur de reconditionner son produit, afin de réduire le taux de mauvaises qualités.

Malgré ces consignes pour garantir la qualité, il ya certains cacaoculteurs qui restent réfractaires. 

À Tonla, une sous préfecture du département d’Oumé, au cœur de la Société coopérative des producteurs agricoles unis de Tonla (Scoopaut), des piles de sacs de cacao conservés dans des bôrôs (sacs plastiques). Interrogé, le président de la coopérative fait savoir que cette situation est indépendante de sa volonté. Pour lui, explique-t-il, ce n’est pas facile d’obtenir les sacs en jute recommandés par le conseil café cacao. « Pour avoir les sacs en jute, il faut faire une requête auprès des exportateurs. C’est une procédure qui est assez longue. Nous avons fait la demande. En attendant d’obtenir les sacs en jute, nous conservons nos produits dans les bôrôs », s’est justifié le président de la Scoopaut. Traoré Yssouf revendique 400 producteurs de cacao dans sa coopérative.

Problème de sacherie

« On est obligé de faire la police derrière les exportateurs pour qu’ils mettent les sacs à disposition, alors que cela a été payé par l’Etat de Côte d’Ivoire pour les planteurs», s’insurge M. Koné Oussa. Pour la prochaine campagne agricole, de nouvelles dispositions seront prises. Les données seront inversées. Il est prévu que le conseil café cacao dispose de 80% des sacs et 20% aux exportateurs. Espérant que la distribution touchera les producteurs de Tonla qui sont aussi confrontés au problème de la route. C’est un parcours de combattant que d’évacuer la production depuis le bord champ jusqu’à la ville de Diégonéfla ou Oumé. A cause du mauvais état de voirie.

Etat des routes : parcours de combattant

Avec la pluviométrie abondante de cette année, de nombreuses routes sont devenues impraticables. Les acheteurs ne peuvent pas aller jusque dans les villages et les campements même parfois dans certaines villes pour prendre les produits. « On demande au président de la République d’arranger notre route. C’est un cri de cœur que nous lançons aux autorités compétentes parce qu’ici, on peut produire entre 500 et 600 tonnes de cacao», plaident les producteurs en faveur du reprofilage lourd des routes villageoises. 

Le ‘’Sida’’ du cacao

L’un des problèmes qui affectent dangereusement la production du cacao en Côte d’Ivoire, c’est bien entendu la maladie du ‘’swollen shoot’’ que certaines personnes qualifient du ‘’Sida du cacao’’. A défaut de médicament, la seule alternative qui s’offre aux planteurs, c’est l’arrachage des plants malades pour éviter de contaminer les autres pieds de cacao. Ce sont 100.000 hectares de plants qui ont été arrachés cette année.  Il est prévu d’arracher encore 30.000 hectares. Des chiffres qui inquiètent les autorités ivoiriennes. À cette allure, la Côte d’Ivoire risque de ne plus se retrouver parmi les meilleurs producteurs de cacao dans le monde. Leur regard est désormais tourné vers les chercheurs du Centre national de recherche agronomique (CNRA) pour qu’ils s’activent à trouver une solution au swollen shoot. 

En attendant, des produits phytosanitaires sont mis à la disposition des planteurs afin de traiter les parcelles.                                        Investissements lourds

Alain Doua

Ajoutez votre commentaire