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Publié le 6 février, 2023

À l’indépendance, la production nationale de la Côte d’Ivoire en café était de 185.000 tonnes. Dans les années 1980, la production est passée à 320.000 tonnes. Ce qui faisait de notre pays, le 1er producteur de café en Afrique. Au début des années 2000, la production a commencé à baisser pour atteindre 120.000 tonnes. Depuis 2020, la barre de production est en dessous de 80.000 tonnes. Faisant perdre à la Côte d’Ivoire, la 1ere place Africaine pour se retrouver au 4e rang. Derrière l’Ethiopie, l’Ouganda, et la Tanzanie. Dans le classement mondial, la Côte d’Ivoire occupe la 17e place. Pourquoi cette baisse de production ?

L’importance du café dans l’économie de la Côte d’Ivoire n’est plus à démontrer. Toutefois, cette culture rencontre de nombreuses difficultés telles que le vieillissement du verger, l’action néfaste des insectes ravageurs, les effets du changement climatique. Mais surtout la trachéomycose, une maladie qu’on qualifie de « Sida du café ». 

État des lieux

Selon le Centre national de recherche agronomique (Cnra), trachéomycose a fait son apparition en Côte d’Ivoire dans les années 1930-1950, détruisant de nombreuses plantations agricoles. A cette époque-là, le colonisateur a trouvé comme solution d’introduire de nouvelles variétés de café plus résistantes. C’est ainsi que le café robusta a fait son apparition dans l’univers agricole ivoirien. Plus d’un demi-siècle après, revoilà la trachéomycose.  On la retrouve dans toutes les zones productrices du café du territoire national. 

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Une enquête menée l’an dernier par le Cnra révèle qu’à Gagnoa, 14,2% du verger est atteint par la trachéomycose, sur 169 parcelles visitées. Dans la sous-préfecture de Guépaho, dans le département d’Oumé, vers les années 2000, on avait 16000 hectares de café, contre 5000 hectares aujourd’hui. Dans la région du haut Sassandra par exemple, le taux de contamination du verger est estimé à 50%.

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Vers l’abandon du café ?

« La maladie a fait beaucoup de ravage, si bien que le café est en voie de disparition », fait remarquer un agent de l’Anader. Parmi les planteurs qui ont tourné le dos à la caféiculture, se trouve N’goran Clément. Il y a une vingtaine d’année qu’il a hérité de la plantation de café de son défunt père, à Danielkro. Un campement Baoulé dans la sous-préfecture de Seriho, dans le département de Gagnoa. « Quand la maladie s’est déclarée dans mon champ de café, la production a chuté, mes gains ont commencé à baisser. Je n’avais plus qu’à laisser tomber le café pour le cacao », a-t-il expliqué, le paysan, les raisons de sa reconversion dans la culture du cacao. 

« Je dis aux planteurs de café de ne pas désespérer. Les scientifiques travaillent sur cette maladie. Nous allons leur apporter les techniques afin qu’ils puissent arriver à bout de la maladie. Ils peuvent garder espoir parce que le café vivra encore en Côte d’Ivoire », a exhorté Koffi Sara. 

Tout est en train d’être mis en œuvre pour que la culture du café retrouve ses lettres de noblesse. 

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Solutions

« Compte tenu des perturbations climatiques, liées à la longueur des sécheresses, il faut développer des techniques qui permettent d’économiser l’eau du sol pour la mettre à la disposition de la plante afin qu’elle survive », renseigne un agronome. Il a passé en revue les différentes techniques de conservation de l’eau, telle que l’irrigation, l’hydro-détenteur et le paillage. 

« L’irrigation est très chère pour le petit producteur », a fait savoir le formateur. « Il y a aussi d’autres techniques comme l’utilisation des hydro-détenteurs qui sont des granulés qui captent l’eau pendant la pluie et, en saison sèche, rétrocède cette eau à la plante. Cette technique est facile pour le producteur », fait-il savoir. Toutefois, l’agronome conseille la pratique du paillage. Elle consiste à mettre des débris végétaux autours du pied du caféier. Ce qui permettra à la plante de conserver l’eau du sol. Comment faire le paillage ? Pourquoi le faire ? A quel moment le faire ? Voilà autant d’exercices pratiques qu’il faut maitriser pour garder sa plante en bonne santé. 

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Alain Doua

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