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Publié le 5 septembre, 2022

La rentrée scolaire est prévue pour le 12 septembre prochain. Si certains enfants sont heureux de retrouver leurs salles de classe et camarades, ce ne sera peut-être pas le cas pour d’autres. Notamment les pensionnaires de l’orphelinat ‘Emmanuel’ de Gagnoa, et ceux de ‘Enfance miraculeuse de Côte d’Ivoire’, (Emiraci), de Lakota. Dans ces deux établissements à caractère social, l’on est confronté à la problématique des moyens financiers pour assurer l’éducation des pensionnaires.

Inquiétudes 

Le 20 juillet 2013, Kragba Axenfeld a ouvert les portes de l’orphelinat ‘Emmanuel’ de Gagnoa. Il comprend 60 pensionnaires dont l’âge varie de 5 à 17 ans, inscrits dans les écoles du primaire et du secondaire de la ville. « Cette année, nous avons dépensé 6,5 millions de francs pour la scolarisation des enfants. Notre inquiétude se situe au niveau de la rentrée 2022-2023. Où trouver l’argent pour faire face aux frais d’écolage ? », s’inquiète Seri Job Armand, le directeur de l’orphelinat ‘Emmanuel’ qui reste convaincu que cette rentrée, les dépenses pour la scolarisation des enfants de l’orphelinat seront au-dessus des 6,5 millions, eu égard à la cherté de la vie que subissent les populations. « Plus ces enfants grandissent, plus leurs besoins devient énormes. Nous devons nous occuper à la fois de la nourriture, le transport pour se rendre à l’école, les soins médicaux et les frais d’écolage », énumère, le directeur, les difficultés auxquelles il doit faire face. 

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« Nous sommes fiers de nos enfants. Cette année, nous présentons nos premiers candidats au Bac, mais avec quels moyens ? », s’interroge-t-il, sous forme d’un ‘SOS’ lancé aux personnes de bonnes volontés. 

A Lakota, l’Ong ‘Emiraci’ fonctionne comme un orphelinat. Sa fondatrice, Doh Séa Blandine, a créé cette structure, il y a 10 ans. A Chaque rentrée scolaire, elle est stressée par l’épineuse question de la scolarisation de la vingtaine de pensionnaires dont elle dispose. « A chaque rentrée scolaire, je cours dans les écoles pour demander de l’aide aux directeurs afin d’obtenir des prises en charges. Nous sollicitons aussi la mairie et le conseil régional », a déclaré la fondatrice de l’Ong. Les pensionnaires de son centre viennent de divers horizons. 

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 Enfants abandonnés

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« Beaucoup d’enfants de Lakota dorment encore dans les rues. Nous n’avons pas la certitude qu’ils sont orphelins, mais comme ils dorment dans les rues, nous les récupérons. Ils sont issus des villages et de la ville. Ils disent que papa ou maman est décédé et qu’ils vivent avec un oncle, une tante qui ne veut pas s’occuper d’eux. Souvent même ces enfants ont leurs parents divorcés », explique madame Séa, le mode de recrutement des enfants de son centre. Des fois, le juge d’instruction lui fait appel pour récupérer des enfants qu’on met à la disposition du tribunal. En attendant que le temple de Thémis mène les enquêtes pour retrouver les parents biologiques de l’enfant. « L’enfant peut faire 6 mois chez nous pendant que les enquêtes se poursuivent. Il mange quoi ? », s’interroge la dame. Comme palliatif, elle exerce des activités commerciales. « Je suis obligée de vendre les pates dentifrices, les papiers lotus dans les gares routières de la ville », rapporte la fondatrice. Si ses maigres moyens ne suffisent pas, elle a recours aux autorités de la ville. « C’est derrière le juge d’instruction, le commandant de brigade, le commissaire de police qu’on se tourne pour avoir un sac de riz afin de nourrir les enfants. Ces autorités font ce qu’elles peuvent. Quand on a l’occasion de croiser aussi les cadres locaux, ils font de leur mieux pour nous aider. Mais sincèrement dit, cela ne suffit pas », fait savoir Doh Séa. Jusque-là, elle attend la subvention des structures décentralisées comme la mairie de Lakota et le conseil régional du Lôh-Djiboua. « Nous avons fait les démarches pour la subvention et nous attendons la suite », renseigne la patronne de ‘Emiraci’. 

Soutien aux orphelinats

Cet orphelinat était logé dans une maison payée à 50 milles mensuellement. Au décès du propriétaire des lieux, les héritiers ont augmenté le prix du loyer à 80 milles. Ne pouvant pas honorer cet engagement, dame Séa a préféré partir avec ses enfants pour une maison moins chère qu’elle paye à 25 mille francs le mois. « Par la grâce de Dieu, une dame nous a acheté un terrain à Daloboué. Aujourd’hui, nous avons besoin de l’aide pour construire sur le terrain un bâtiment qui va abriter les orphelins. Comme cela, on déménage et on n’aura plus à payer de loyer mensuellement », dévoile Doh Séa son projet pour les orphelins de Lakota. Le 25 juillet dernier, l’association ‘Agaloh’ créée par les filles de Lakota, vivant en Europe, a volé au secours de ‘Emiraci’ en lui offrant des vivres et non vivres pour s’occuper des orphelins dudit centre. « Que Dieu bénisse ‘Agaloh’. Son geste nous va droit au cœur. C’est un geste important à l’endroit des enfants qui, on ne sait jamais, pourront devenir de hauts cadres de ce pays. Aujourd’hui ce don est arrivé. Mais à quand le prochain don ? », se soucie Doh Séa. Raison de plus pour elle de lancer un appel aux cadres de Lakota pour qu’ils jettent un regard sur ‘Emiraci’. Ouréga Tina, présidente de l’association ‘Agaloh’, a expliqué le sens du geste posé. « J’ai été une orpheline. J’ai grandi difficilement. Aujourd’hui, je veux apporter mon appui aux enfants qui sont dans la même situation que moi. Qu’ils se battent, ce n’est pas parce qu’on est orphelin que la vie va s’arrêter. Ils ont aussi la chance de réussir comme les autres. J’en suis un exemple », a déclaré la présidente issue de la diaspora. 

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A Gagnoa également, l’orphelinat reçoit par moment de l’aide. Le 8 mai 2022, l’Union des jeunes du camp fonctionnaire (Ujcf) présidée par Wilfried Gnakouri a volé au secours des pensionnaires à travers des sacs de riz, des savons, de la javel, des vêtements, des pâtes alimentaires. « Il s’agit de marquer notre solidarité aux encadreurs et pensionnaires de l’orphelinat. Ces enfants manquent de chaleur paternelle et maternelle. Ils sont des jeunes comme nous. Mais ils sont dans une situation différente de la nôtre. C’est un devoir pour nous de les assister », a justifié Wilfried Gnakouri. « Il s’agit pour nous de partager le peu dont nous disposons avec nos frères et sœurs. Pour la rentée prochaine, nous avons en projet de leur remettre des kits scolaires », a rassuré Gnakouri, les responsables de l’orphelinat qui sont rongés par le souci des préparatifs de la rentrée scolaire qui s’annonce à grands pas. 

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Alain Doua 

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