L’exode rural, ce fléau, continue de miner les villages en leur arrachant ses bras valides au profit des grandes agglomérations. Malheureusement, les prétendants à l’exode rural finissent par déchanter après s’être confrontés aux dures réalités de la vie urbaine. Malgré les innombrables problèmes de la ville, il y a encore des jeunes en milieu rural qui rêvent de mener une vie citadine. Comment les maintenir sur place dans les villages et campements ? C’est en réfléchissant à cette question que dame Fagnidi Lekadou Leticia a créé l’Union des jeunes pour le développement rural (Ujdr). Pour elle, l’attrait de la ville sur les jeunes du village s’explique par le fait que la zone rurale manque de certaines infrastructures. « Notre vision, c’est comment ramener toutes ces structures économiques de la ville au sein des localités rurales », a mentionné Fagnidi. D’où le slogan qu’elle a trouvé et qui est « Avec l’Ujdr, ramenons la ville au village ». Samedi, au cours d’une cérémonie de présentation officielle de l’Ujdr, la présidente, Fagnidi, a reçu la charte de sa structure, des mains de Boni Valentin, 2ᵉ adjoint au maire de Gagnoa. Signe du lancement des activités de l’Ujdr. 

Soutien de la collectivité

« La collectivité va accompagner l’Ujdr par des conseils avisés et la doter de fonds. Nous serons à la disposition de l’union pour que le travail de la présidente soit boosté. C’est d’abord un travail qui profite à la jeunesse rurale. Ensuite, c’est un coup de pouce que la présidente donne aux structures décentralisées qui ont en charge cette jeunesse-là », a déclaré le collaborateur du maire, Yssouf Diabaté. Les collectivités telles que la mairie et le conseil régional sont en phase avec la vision de l’Ujdr pour occuper les jeunes sainement dans les villages plutôt que de proceder à l’exode rural où, à défaut de pouvoir s’insérer dans le tissu socioéconomique, ils tombent dans la débauche : Vols, viols, prostitution… « Nous visons l’autonomisation des personnes vivant en zone rurale. Jeunes, femmes, personnes handicapées, les sans-emplois. Bref, toutes ces personnes qui sont restées en marge du développement », a souligné la présidente de l’Ujdr. Sa stratégie pour maintenir les jeunes au village est de leur proposer différentes cartes de fidélité dont le détenteur bénéficiera des avantages. 

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Cartes de fidélité

Des cartes qui interviennent dans divers domaines d’activités. Notamment en agriculture avec la carte agribio, en santé, restauration, scolarité, transport et hébergement. Après avoir acheté la carte à 3 500 francs pour l’année, elle vous donne droit à une réduction de 15% sur le service que vous demandez. « Nous sommes en partenariat avec des opérateurs économiques et bien d’autres structures. L’avantage de la carte, c’est qu’on achète moins cher les articles ou on paye moins cher les prestations de services », se félicite la patronne de l’Ujdr. À côté du taux de réduction, la carte vous donne une assurance maladie et une ouverture de compte bancaire. « Reconnaissons que le monde rural qui est en souffrance. Ce sont donc les zones rurales qui ont besoin de ce genre de politique pour pouvoir concurrencer la situation économique de la ville. C’est quelque chose qui fonctionne déjà dans les pays développés. Nous avons pris 2 ans pour recalibrer les mentalités locales. Aujourd’hui, les paradigmes ont changé. Nous avons des jeunes des villages qui frappent à notre porte », se satisfait Leticia. 

Productions agricoles

Exode rural

Une trentaine d’entre eux ont bénéficié d’une formation qualifiante avant de s’installer à leur propre compte. Dans les villages, les jeunes qui ont adhéré à l’Ujdr ne fournissent plus d’efforts pour vendre leurs productions agricoles. Notamment les aubergines, banane, ignames, gombos, piment, choux. Bref, tout ce qui relève du vivrier. L’Ujdr se charge de les acheter aux mains de leurs adhérents puis les revendent aux restaurateurs avec lesquels elle est en partenariat. « Nous sommes déjà positionnés. Nos produits sont prêts et nous allons les commercialiser », se félicite-t-elle. Les agriculteurs qui n’ont pas de grands moyens financiers ont opté pour la carte agribio afin de bénéficier des intrants à moindre coût.

Pour Grobli Étienne, notable de la chefferie villageoise de Babré, « la terre nourrit son homme ». Raison de plus pour lui d’exhorter les jeunes à rester au village pour cultiver la terre. Quant à Tchimou Olivier, président du conseil national des jeunes de Côte d’Ivoire (Cnj-CI), il promet parcourir les 165 villages du département de Gagnoa pour parler à ses camarades jeunes de la nécessité de coopérer avec L’Ujdr.

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Alain Doua (correspondant)

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