Elle a été révélée au public en 2014 par l’émission C’midi. L’originaire de Boundiali et de Dimbokro, ainée d’une famille de 4 enfants dont 2 filles et 2 garçons, Khady Jessica Bamba, de son vrai nom, est titulaire d’un bac+5 en Marketing et Communication. Elle est une pépite de l’audiovisuel. Le micro n’a plus de secret pour elle. Présentatrice télé, actrice de cinéma, maîtresse de cérémonie, la sublime Jessica Bamba de l’audio-visuel révèle, dans cette entrevue, les techniques de la prise de parole en public.
Parcours scolaire
J’ai fait un baccalauréat littéraire (Série A). J’ai un niveau bac +5 en marketing et communication obtenu dans une grande école. Après ma formation, j’ai été commerciale puis responsable marketing dans une entreprise. Je me suis retrouvée à la télé par pur hasard.
Premiers pas à la télé ?
Je suis arrivée à la télé par hasard. Au cours d’une discussion entre amis, j’ai capté l’attention d’une personne. Cette dernière pour qui j’ai une pensée a trouvé que j’avais des aptitudes pour faire de la télé. J’en rigolais presque.
Un jour, je reçois un appel. La personne au bout du fil me fixe un rendez-vous pour une offre d’emploi. Tout est parti de là. Une fois au rendez-vous, je suis soumise à une série de questions et à des simulations de certaines situations. Je me rends compte que je suis en plein casting sans trop savoir pour quel projet, car celui-ci est confidentiel. Une semaine plus tard, je suis convoquée à nouveau, et c’est une fois sur place que je découvre que je fais partie de la team C‘midi. Je venais d’être retenue après le casting mystérieux.
Difficultés pendant le casting ?
En toute honnêteté, il n’y avait rien de compliqué. On m’a évalué sur quelque chose que je maîtrisais parfaitement. Donc, je m’en suis très bien sortie. Le test consistait à présenter et vendre un objet. À mon avis, c’était une manière pour eux de tester ma diction, ma spontanéité. Cet exercice était plutôt facile pour moi, car je suis formée en technique de vente. J’ai été commerciale pendant plusieurs années. Parler et être au contact des gens, c’est une habitude pour moi. En plus, je ne savais pas à la base que j’y étais pour un casting télé, donc j’étais détendue. Le stress est venu quand je l’ai su. (Rires)
Comment dompter son stress ?
En ce qui me concerne, le stress est omniprésent. On l’a toujours parce qu’on veut bien faire. Pour combattre le stress, il faut bien préparer son intervention sur le fond et la forme. Se documenter, s’informer au maximum sur ce sur quoi va porter notre intervention, se demander ce qu’on veut que les gens retiennent, préparer la façon dont on veut le dire en tenant compte de son auditoire, car les discours diffèrent en fonction de l’écosystème auquel on est confronté. Quand on est bien préparé, on improvise mieux. Avant de prendre la parole, il faut bien respirer. Pour terminer, il ne faut pas avoir peur de se tromper, car c’est humain.
Les difficultés dans vos débuts à la télévision ?
La toute première, c’était surtout le manque d’expérience. Je savais parler et je savais me tenir. Mais, ça ne suffisait pas. Je me suis rendue compte qu’être chroniqueur ou animateur est un vrai métier. C’est en ce moment que j’ai réalisé que je n’avais aucune idée du travail que ça demandait. Il fallait vite se former. L’autre difficulté était de trouver mon propre style, afin de me démarquer des autres. On était nombreux et il fallait avoir son identité, son style de présentation. Le fond de mes chroniques était au top pour une débutante, mais la forme laissait un peu à désirer. J’étais une vraie « bleue » (rires). Mais, Deux ans après la télé, j’ai commencé la radio sur Trace Fm dans G2.0, une libre antenne. C’est là-bas que j’ai trouvé mon style, mon univers, Parce que la radio est moins basée sur le visuel. C’est beaucoup plus axé sur la voix et l’énergie. Je n’avais pas à me préoccuper de mon image. Du coup ça m’a aidé à me lâcher un peu plus et à essayer d’être moi-même. L’ambiance était tellement cool que la peur de se tromper avait disparue. Je remercie d’ailleurs M. Olivier Laouchez et Mme Nadège Tubiana de m’avoir donné ma chance à la radio.
Frustrations dans vos débuts ?
Hormis le fait qu’un important homme de média m’ait cruellement sorti que je ne pourrais jamais faire d’interviews à la télé parce que je n’avais pas fait d’étude de journalisme, (rires) 8 ans après, je pense que je ne suis pas si mal que ça. Je dirai que le fait de savoir que le travail et le savoir- faire ne suffisaient pas ; que dans ce milieu mon apparence allait devoir être mise également en avant. C’est un métier qui est très visuel, vous pouvez avoir toutes les compétences, mais il faut travailler votre apparence, gérer votre image, votre communauté. Pour moi qui ne suis pas très portée sur le physique, c’était épuisant. Et puis il y a ce sexisme dont on ne parle pas beaucoup. Les femmes vont toujours être dirigées vers des choses jugées plus féminines sans même tenir compte des compétences et des capacités de celles-ci.
Comment les surmonter ?
J’ai appris à me détacher et à prendre conscience de ce que je vaux réellement. Je me connais. Je connais mes limites et mes forces, mes défauts et mes qualités. Les avis constructifs et bienveillants, je les prends, mais le reste, je ne me sens pas concernée.
La Jessica d’avant et celle d’aujourd’hui ?
Si on parle toujours de carrière, quand je regarde dans le rétroviseur, je revois la petite Jessica crispée et moins sûre d’elle. Aujourd’hui, ça fait plaisir de me voir et me sentir plus détendue, plus confiance parce que j’ai travaillé dur pour y arriver. J’ai appris ce métier et je continue d’ailleurs de me former. Je suis fière de moi. Je prends du plaisir à être présentatrice et c’est le plus important pour moi. J’ai la chance d’être payée à faire un métier que j’aime vraiment. Je suis donc reconnaissante.
Vous avez une si bonne diction ?
J’ai toujours eu cette diction, depuis l’enfance. C’est ma manière de parler. De plus, j’aimais la lecture à haute voix, ça m’a aidé et déjà toute petite, je m’amusais à imiter des animateurs. Une anecdote « A la maison, avec une bouteille de vernis qui faisait office de micro (rire), j’imitais les speakerines (présentateurs télé ou radio) ».
Le secret pour être une excellente oratrice ?
J’ai donné quelques bases plus haut. En plus d’elles, il faut avoir une bonne diction, il faut appliquer la règle des 7C (être Clair, Concis, Concret, Cohérant, Complet, Correct et Courtois). Il faut être détendue, humble et généreuse.
Les difficultés dans ce domaine en tant que femme ?
Ce sont des difficultés générales. L’animation n’est pas toujours perçue comme un vrai métier sous nos cieux. Donc pour être pris au sérieux, il faut travailler 2 fois plus (3 fois plus pour une femme) pour s’imposer et imposer le respect. C’est un métier où on ne compte pas les heures de travail et qui demande une énorme culture générale. On est propulsé d’un univers à un autre et on doit toujours assurer. Tu peux parler de médecine, d’astronomie, de musique, de cinéma. Cela demande des heures de documentations. On peut être livré à la vindicte populaire pour peu. Les critiques vont bon train, très souvent sans fondements. C’est un univers porté par des hommes, alors le sexisme est très présent.
Vos objectifs ?
Je veux me positionner comme l’une des meilleures présentatrices et productrices d’Afrique. Et je travaille dur à cet effet. Rendez-vous au sommet (rires)
Un message pour ceux qui veulent embrasser ce métier ?
Je leur dirai que c’est un métier à part entière. Pour moi, il consiste à mettre les autres en lumière, à transmettre des émotions et à faire découvrir des choses aux gens. On n’y vient pas juste pour briller. Sinon, on est vite déçu, car la réussite prend du temps comme dans tous les autres domaines et que le succès peut être éphémère. C’est un très beau métier et on peut en profiter si on y vient pour les bonnes raisons et qu’on cultive les bonnes valeurs.
Grace Djazé