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Publié le 16 janvier, 2024

Mohamed Moustafa est plus connu sous le nom de Mamane. Mamane est connu pour avoir développé l’univers de la « République très très démocratique du Gondwana ».

Il est né en septembre 1966 à Agadez, au Niger.  Fils de diplomate, il suit son père dans les affectations en Afrique, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, en Algérie et au Nigeria. Il part ensuite en France dans le cadre de ses études supérieures. Mais les choses qui dorment en nous ne peuvent pas se cacher. Le jeune, originaire du Niger, s’est installer en France pour achever des études scientifiques. Et à l’occasion d’un atelier de théâtre, il fait voir à ses camarades toutes les couleurs. C’est le départ de quelque chose de fabuleux. Il décide de devenir artiste humoriste, abandonnant ainsi une carrière scientifique. Le comédien tourne son premier one man show intitulé « Mamane malmène les mots ».  Il parle de la vision du monde d’un jeune Africain citoyen du monde. Mondialisation, immigration, langue française, démocratie. Tous les sujets sont bons pour cet artiste qui fustige les injustices de ce monde. « Tout le monde se fiche de ce que nous, les Africains, pensons de la marche du monde. Alors, pendant une heure, l’africain que je suis, parle de la mondialisation, de l’immigration, de la démocratie en Afrique, ou de la vie en France », explique l’artiste. Très vite il est repéré et est invité en tant que chroniqueur et humoriste pour l’émission « On a tout essayé » sur France 2. S’en suit Europe 1 dans « Le Journal de Mamane », une revue satirique sur l’actualité, le Jamel Comedy Club. Mais le Nigérien rêve grand. Mohamed Mustapha alias Mamane a de multiples casquettes. Humoriste, chroniqueur, producteur, scénariste et réalisateur.

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On l’a dit. Mamane était dans le bagage de son père. Ce qui a été un atout pour le comédien. « Dans toute ma vie, je n’ai pas fait plus de trois ans et demi à quatre ans, dans la même ville, parce qu’avant d’être diplomate, mon père était sous-préfet et préfet. Donc je n’ai pas arrêté de bouger dans mon enfance. Le mauvais côté, c’est que je ne peux pas dire que j’ai des amis d’enfance avec qui j’ai fait tout un cursus scolaire. Mais sa carrière de diplomate m’a permis d’avoir ce sentiment d’être africain, pas uniquement nigérien. Donc ça m’a donné cette dimension panafricaine, ce qui fait que je me sens autant ivoirien que camerounais que nigérien. Et cela se ressent aujourd’hui dans mon métier, dans ce que je fais. J’ai cet amour viscéral de l’Afrique, avec ses injustices. Parce que, étant issu d’un milieu que l’on peut dire privilégié, j’avais cette chance de voir ce qui ne va pas, de voir les choses, les injustices. Et mon père m’a tout le temps inculqué cela » affirme le créateur du pays du Gondwana. 

Au fait où se trouve ce pays ? « J’ai imaginé ce pays, qui n’existe pas mais qui existe vraiment. Il regroupe tout ce que les pays africains ont en commun, le manque de démocratie, le manque d’infrastructure routière, de santé, d’éducation et j’ai tout mis au Gondwana, sans citer de nom. Le président s’appelle Président-fondateur. Ce qui fait qu’à chaque fois qu’il se passe quelque chose dans un pays, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Niger, au Congo, au Cameroun, je prends ce qui s’est vraiment passé, et je dis que c’est au Gondwana, avec Président-fondateur ».  Sacré Mamane.

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Nouvelle grosse tête de la scène comique, Mamane plaît pour son humour. En 2008, il devient chroniqueur sur Radio France internationale. Il y développe l’univers de « la République très très démocratique du Gondwana ». En 2016, il écrit et réalise un long métrage mettant en scène des élections truquées dans ce pays imaginaire, « Bienvenue au Gondwana », film produit en 2017. C’est une autre dimension de l’homme. Il est chef d’entreprise de sa société « Gondwana City Productions », créée en 2012.

À travers cette société, il décide de contribuer à la promotion de l’humour en Afrique. Il organise depuis 2014 un Festival d’humour à Abidjan, « Abidjan Capitale du Rire » qui réunit chaque année de nombreux humoristes africains et internationaux. Il est le créateur du « Parlement du rire » qu’il produit et où il joue le rôle du Président aux côtés de ses trois vice-présidents : Michel Gohou, Digbeu Cravate et Charlotte Ntamack. C’est une scène ouverte à toute une génération d’humoristes africains. Cela leur permet d’être connu. Très innovant.

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Mamane est un génie de l’humour. Depuis toutes ces années, il occupe la scène et on ne s’ennuie pas avec lui. En fait, ces créations sont de plus en plus variées. Le travail paie toujours. Dit-on. Il est nommé en octobre 2019 Ambassadeur Bonne volonté climat par la Commission climat pour la région du sahel (CCRS).  Il lui est demandé de mettre sa notoriété à disposition pour sensibiliser les populations aux problématiques du dérèglement climatique dans la région.

L’artiste définit assez bien son métier. « Par l’humour, on peut aborder toutes sortes de thématiques. Les faire rire sur les changements climatiques, les faire rire sur les changements de leur quotidien, de leurs gestes quotidiens, comment prendre soin de la nature, réduire la coupe des arbres, aborder un changement de mentalité et adopter des gestes vertueux de respect de l’environnement », explique-t-il.

Tout un art. Bravo l’entrepreneur, bravo à l’artiste. Vive Président-fondateur.

Sékongo Naoua

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