Une plainte a été déposée contre l’État malien il y a quelques jours à Abuja, au Nigeria, devant la Cour de justice de la Cédéao. Quatre associations de défense des droits des femmes qui réclament l’interdiction, au Mali, de l’excision.
Plus de 80% des femmes maliennes subissent l’excision, selon les chiffres des Nations unies. Une mutilation sexuelle dont la pratique recule peu à peu mais trop peu pour ces quatre associations, nationales et internationales, qui portent plainte devant la Cour de justice de la Cédéao pour que le Mali respecte ses engagements internationaux.
Parmi elles, l’Association malienne pour le développement des droits de la femme, présidée par Bintou Diawara. « Le Mali a ratifié toutes les conventions relatives aux droits de la femme et aux droits de l’enfant et s’est engagé à harmoniser ces textes par rapport à nos lois nationales. Mais cela n’a pas été fait. Il est temps pourtant car tous les pays limitrophes de la sous-région ont des lois sauf le Mali. Dans les pays qui ont ces lois, on envoie les enfants au Mali pour les faire exciser. »
Pourquoi le Mali tarde-t-il à légiférer, sur l’excision comme sur l’ensemble des violences basées sur le genre, en dépit de ses engagements ? La réponse de Bintou Diawara : « C’est le poids de la religion et de la tradition, une pratique coutumière qui n’existe pas dans le Coran. Mais certains religieux disent que c’est une sunna [un hadith, NDLR] du prophète, d’autres disent que c’est facultatif. En tout cas, il n’y a pas de points d’entente entre eux-mêmes. Il y a ce blocage-là concernant l’adoption de la loi. »
Avec cette plainte, les associations de défense des droits des femmes espèrent contraindre l’État malien à criminaliser, comme il s’y est déjà engagé, les mutilations génitales féminines.
TBO avec RFI