Filles d’honneur, garçon d’honneur, coupure de gâteau, partage de dragées… ces pratiques, autrefois, propres au mariage civil, se sont invités dans nos cérémonies de dot aujourd’hui. Cela semble normal aux yeux des jeunes qui s’y adonnent. Mais, pas qu’eux. Les parents des mariés soutiennent ces innovations aux élans de mode.
« Il n’y a rien d’anormal dans cette pratique. C’est juste pour agrémenter la cérémonie. Par exemple, pour ce qui est des filles d’honneur, elles sont là pour motiver la mariée, pour ce qui est du gâteau, c’est une manière pour nous de représenter la cérémonie en forme royale, une manière pour nous d’ajouter un plus à la fête », explique la jeune mariée Marilyne K. Puis de poursuivre « pour tout ce qui est du reste, c’est juste du ‘’m’as-tu vu’’(rires) »
Parlant du ‘’m’as-tu vu’’, Kla Clarisse avoue avoir assisté à une cérémonie de dot ou les deux tourtereaux ont pointé sur le lieu en Limousine. « Un jour, à la rivera, juste pour une dot, les deux amoureux se sont loués une limousine. J’étais éblouie », dit-elle
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À ce superflu, s’ajoutent les coûts exorbitants de la dot. Autrefois, demandé à titre symbolique, en ce 21ᵉ siècle, nous assistons à des commerces qui ne disent pas leurs noms. « Demander jusqu’à 300.000 f CFA en espèce, est perçu comme une grosse arnaque, c’est pourquoi il y a beaucoup de filles célibataires ici à Abidjan », s’indigne un trentenaire. Aujourd’hui, la somme d’argent fixée par les beaux-parents est revue à la hausse, 100.000 f CFA voir 300.000f CFA ou plus. Sans ignorer les présents en nature remis à ces parents.
« Sans dot, pas de mariage. Pour ce qui est du montant, le coût est fixé par la famille de la jeune fille à marier. Cela varie d’une famille à une autre », explique M. Euloge, père de famille.
Selon certains hommes de Dieu, cette tendance constitue des points de blocage pour les jeunes qui désirent s’engager dans le mariage. Dans la quête d’alternative pouvant résoudre ce mal pernicieux, à l’issue d’un colloque organisé par les évêques de Bouaké sur la thématique suivante : « La dot, obstacle ou aide au mariage chrétien ». A tour de rôle, chaque intervenant a donné la mesure de ce concept de Mathusalem qui est en phase de modification. À un magistrat de montrer la relation entre la dot et le mariage coutumier. Quant aux prêtres de montrer le caractère religieux de la dot et aux chefs coutumiers de présenter la dot comme un élément essentiel du mariage coutumier.
La nouvelle législation ivoirienne sur le mariage du 26 juin 2019 a tout simplement abrogé la loi de 1964 qui interdisait la pratique de la dot en Côte d’Ivoire. Il est donc, important de rappeler aux parents et aux jeunes que, qu’elle soit grandiose ou pas, coûteuse ou pas, La dot n’est plus interdite, mais elle ne constitue pas le mariage légal aux yeux de la loi. De ce fait, il serait judicieux de revenir aux valeurs, revenir à nos cultures, revenir sur les pas de nos ancêtres, revenir à l’ancienne pratique afin de faciliter l’union de ceux qui désirent emboiter le pas du mariage.
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Grace Djazé