Publié le 15 mars, 2021

La dot désigne l’apport de biens par une des familles, ou par le fiancé, au patrimoine de l’autre, ou du nouveau ménage. Elle accompagne le mariage dans de nombreuses cultures.  Dans bien de cas après la dissolution, l’on parle de remboursement de dot. Pourquoi ? Elément de réponse ci-dessous.

Lorsqu’Evelyne Aka voulut mettre fin à son mariage traditionnel en 2005 pour des raisons qu’elle refuse de partager, les siens ont dû rembourser la dot aux parents du marié. Ceux-ci ont alors acheté une bouteille de liqueur associée à une pièce de 5 FCFA. « Mon ex-mari avait décidé que le divorce se fasse en présence du chef du village qui est un parent à lui. Nous nous sommes donc retrouvés là-bas, mes parents ont remis la bouteille et la pièce de 5FCFA. Ils ont fait les incantations et on s’est séparé ensuite », témoigne Évelyne, ce 11 mars 2021.

« Cela représente l’acte de divorce traditionnel »

Cette femme Agni et originaire d’Abengourou, la cinquantaine révolue, avait pourtant reçu, il y a dix ans, du sel, une machette, des pagnes, de la boisson, et de l’argent en plus de la somme de 5 FCFA. Selon elle, « Chez nous, il faut obligatoirement rembourser la dot de manière significative avec une bouteille de liqueur semblable à celle reçu lors du mariage traditionnel en plus de la pièce de 5 FCFA ou de 15 FCFA qui accompagnait le lot de cadeaux. C’est très important. Cela représente l’acte de divorce traditionnel ».

Poursuivant, Évelyne tient à préciser : « il y a deux types de dot chez nous. L’autre dot, c’est lorsque le mari en plus de tout ce qui a été demandé ajoute des « kodjo » (morceaux de pagnes qu’utilisent les nourrices pour se protéger des écoulements ), et « Baya » (perles aux reins). Ce type de divorce signifie que l’homme t’a acheté. Alors lorsqu’il y a divorce, le mari reprend tout ».

« C’est une question de dignité »

Comme Évelyne, Liliane M., Ebrié, a décidé de rompre son mariage traditionnel et civil après 1 an et demie de vie de couple. Bien que son ex époux ne souhaitait pas se faire rembourser, le père de Liliane insista. « Cela y va de mon honneur », disait-il.

« La dot au total s’élevait à 512 000 FCFA. Mon père a remboursé 300 000FCFA en nature, Y compris les pagnes, liqueurs, « kita » qu’il a évalué à 200 000 FCFA ».

Il a indiqué que c’est une question de dignité dans notre tradition. L’argent ne devrait pas être utilisé. C’est une façon de voir si le père est capable de le garder et si on peut lui confier des responsabilités. Ce qu’il a fait, donc il était obligé de rembourser.  En tout cas s’il voulait être encore respecté dans la communauté il devrait rembourser », glisse-t-elle.

Dans son cas, la remise officielle de la dot s’est tenue chez ses parents. « Mon ex s’est présenté accompagné du petit frère de son père. Celui qui avait donné la dot pendant le mariage. On lui a donné l’argent et les biens. Ensuite nous avons reçu les jours d’après la visite de mon ex belle-mère qui est venue témoigner de la réception des biens », se souvient Liliane.

Chez les Attié, apprend-t-on de Georgette Yapi, la soixantaine, «la dot se rembourse uniquement lorsque l’ex-mari le demande ».

Ce que dit le sage ?

Le Sage Gilbert Kouadio, cadre Baoulé originaire de Bouaké, rejoint Évelyne Aka. « La dot symboliquement remboursée définit l’acte de divorce traditionnel. Il n’y a pas de répercussion lorsqu’on ne le fait pas, mais ce qu’il faut retenir, « le mariage traditionnel est d’une importance capitale dans la tradition. S’il a été fait, il est aussi bon de le dissoudre traditionnellement. En plus il y va de l’honneur de la famille de la mariée », conclut-il.

Marina Kouakou

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