Le vieillissement de la population soulève de nombreux enjeux sanitaires. (photo: internet)

Publié le 21 juillet, 2020

Les personnes âgées trainent bien de problèmes de santé spécifiques. Elles sont très souvent victimes d’hypertension, de diabètes… Pourtant, en Côte d’Ivoire, le système de santé n’a pas encore développé la gériatrie, pour une meilleure prise de ces personnes du 3e âge.

En Côte d’Ivoire, environ 900.000 personnes âgées de plus de 65 ans étaient dénombrés officiellement en 2014. Leur nombre a atteint les 1.200.000 en 2018. Un taux qui représente, certes 4,4 % de la population, mais, selon les spécialistes, ce groupe démographique a subi un accroissement total de 63,4% entre 1988 et 2007, soit une augmentation de 5% par an.

Ce vieillissement rapide de la population soulève de nombreux enjeux, notamment sanitaires. La gériatrie, spécialité médicale consacrée au traitement des affections physiques, mentales, fonctionnelles et sociales des séniors ou malades âgés, compte très peu de personnel. C’est elle qui traite en particulier les soins aigus, chroniques, de réhabilitation, de prévention et en fin de vie.

Dr Boko Kouao, président de la Coordination des syndicats du secteurs de la santé en Côte d’Ivoire (CoordSanté), insiste sur l’importance de ces spécialités. « Oui, la médecine à des spécialités pour bien prendre en charge les personnes âgées. Il y a la gériatrie est la médecine qui s’occupe des maladies de la vieillesse. Vous avez également la gérontologie, qui est la science du vieillissement. Ce sont les gérontologues qui conseillent sur les attitudes à avoir pour bien vieillir », explique le médecin généraliste.

S’il reconnait que la Côte d’Ivoire et l’Afrique subsaharienne n’ont pas suffisamment développé ces spécialité, il se félicite de la formation de plus en plus de gériatres dans son pays. « Ils ne sont certes pas nombreux, mais il y en a de plus en plus ».

Dr Dro Antoine est l’un des rare médecins à se spécialiser dans la prise en charge de ces personnes vulnérables. Mais il manque encore de Centre pour recevoir et traiter ces patients. En 2018, les travailleurs et fonctionnaires à la retraite avaient plaidé pour la construction d’un centre de gériatrie et de gérontologie. Ces centres devraient combler le manque d’un cadre de rencontres, d’échanges et d’assistance pour ces vielles personnes.  Certaines cliniques ont développés ces spécialités, mais les hôpitaux publics trainent encore les pieds.

En tout cas, ces centres sont très attendus par les concernés. « De façon générale, nous sommes tous des hypertendus. Mais il y a les cas de diabète. A notre âge ( plus de 60 ans), ces maladies sont récurrentes», confie Konan Kouassi, président de la fédération des association des fonctionnaires retraités de Côte d’Ivoire.

C’est le même sentiment partagé au sein des insuffisants rénaux, dont la majorité dépasse la soixantaine. « Nous sommes pris en charge dans le même centre que tous les malades de tous âges. Il n’y a malheureusement pas encore de centre dédié exclusivement aux personnes de notre âge », fait savoir le septuagénaire Moussa Bamba, président de l’Association des dialysés et insuffisant rénaux de Côte d’Ivoire (Aidir).

L’absence ou la sous-représentation de la gériatrie en Afrique n’est pas une surprise pour certains observateurs. Ces derniers estiment que cette spécialité est plutôt occidentale. Il se félicite plutôt de la bonne socialisation des personnages âgées sur le continent noir. « S’il y’a un domaine où l’Occident doit apprendre de l’Afrique c’est la gestion des personnes âgées. En Occident beaucoup s’en débarrasse pour des maisons de retraite ou gériatrie souvent mal tenue », défend Amadou Sow, un internaute vivant au Canada.

Ce n’est pas l’avis, en tout cas, du Prof Sonia Ouali Hammami, présidente de la Société tunisienne de gériatrie. Il y a deux ans, en avril 2018, lors du 4e congrès de la Société ivoirienne de recherche appliquée en médecine (Siram) et du  1er  Congrès du Groupe de recherche africain de maladie orphelines (Gramo), la tunisienne alertait : « La gériatrie est un sujet d’actualité et doit susciter beaucoup d’intérêt dans tous les pays africains, vu la vitesse avec laquelle les populations de personnes âgées augmentent sur le continent ».

Ténin Bè Ousmane

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