Publié le 14 juillet, 2020

Depuis 2012, le gouvernement ivoirien met en œuvre une politique de gratuité des accouchements et surtout de la césarienne dans les hôpitaux publics. Pourtant beaucoup de patients témoigne de la non application effective de cette mesure sociale.

Awa a finalement accouchée, dans une clinique d’Abidjan-Koumassi, ce vendredi 26 juin 2020. Tout est revenu à quelques 300 000 F CFA. Elle n’a pu bénéficier de la gratuité de la césarienne conformément à la décision du gouvernement ‘‘en vigueur’’ depuis 2012. « C’est à la maternité du centre de santé de quartier Divo de Koumassi que j’ai envoyé ma femme pour son accouchement », témoigne Brahima, l’époux d’Awa. Selon lui, après les premiers soins, les agents de santé lui ont fait savoir que le centre n’avait plus de kit pour la césarienne. « Mais, poursuit-il, comme nous étions dans l’urgence, l’infirmière a appelé dans d’autres centres de santé pour s’assurer de la disponibilité de kits avant l’évacuation de ma femme ». A l’en croitre, les interlocuteurs joints aux téléphones au Centre hospitalier urbain (CHU) de Port-Bouët et de Cocody ont répondu par la négative. « La gynécologue nous a conseillé d’aller dans une clinique. Les hôpitaux qu’elle venait de joindre lui auraient fait savoir que leurs établissements respectifs ne disposait plus de kits ».

Il y a un mois, le 15 juin dernier le gouvernement insistait pourtant sur la gratuité de la césarienne dans les hôpitaux publics. « De janvier à fin mars 2020, le programme a permis d’enregistrer 56 265 kits d’accouchement distribués, 8 163 kits de césarienne distribués, 2 360 kits d’anesthésie générale-thiopental mis à disposition de même que 1 615 kits rachianesthésie nécessaires à la réalisation de césariennes, 476 666 divers produits distribués pour la prise en charge du paludisme grave »,  avait indiqué porte-parole du gouvernement.

Et il avait promis, pour l’année 2020, la poursuite du programme de gratuité ciblée.  En dressant le bilan de l’année 2019, il se félicitait d’avoir distribué « 545 727 kits d’accouchement, de 77 983 kits de césarienne ».

Que s’est-il passé entre temps ? « Des efforts sont faits. Nous savons que certains kits peuvent être incomplets, selon l’état de la patiente », explique Louan Chantal la secrétaire générale de l’Association des sages-femmes de Côte d’Ivoire.

Sur la question de la disponibilité des kits, les agents de santé nous orientent vers la Nouvelle PSP. C’est cette structure qui a pour mission d’assurer la disponibilité des médicaments et autres intrants dans les 1910 centres de santé de premier contact. Tous ces centres de santé publics disposent d’une pharmacie ou d’un espace pour le stockage des médicaments. Une source de cette structure étatique insiste sur les efforts déployés pour pourvoir tous les centres de santé de kits pour accouchement et césarienne. « C’est vrai qu’il y a quelques cas d’indélicatesses dans la gestion de ces kits. Mais nous sommes vigilants. Il peut arriver une rupture, mais c’est vraiment rare », explique-t-il.

Le gouvernement a toujours communiqué sur la gratuité de soins obstétricaux dans les hôpitaux publics. Mais les populations continuent de se plaindre des sommes qu’elles déboursent dans les accouchements ou les cas de césarienne. En tout cas, la plupart des femmes césarisées, dans les hôpitaux publics, témoignent avoir reçu des ordonnances complémentaires sur lesquelles figuraient, entre autres, des antibiotiques, consommables pour le pansement, et de l’Ocytocine… Des produits qui sont censés figurer dans le kit gratuit assuré par l’Etat ivoirien.

Awa a accouché d’une césarienne. Mais c’était finalement dans une clinique d’Abidjan-Koumassi, après sa mauvaise expérience du centre de santé public du quartier Divo d’Abidjan-Koumassi, qui manquait, de surcroit de kit, selon elle. Dieu merci, le bébé se porte bien.

Ténin Bè Ousmane

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