Malgré l'intensification des mesures gouvernementales, les lieux de rassemblement ne désemplissent pas.

Publié le 13 septembre, 2021

En terre d’Eburnie, le 21 janvier 2021, le gouvernement instaurait l’état d’urgence sanitaire sur toute l’étendue du territoire. Il invitait même l’ensemble de la population au strict respect des mesures barrières. Port du masque, lavage systématique des mains… cette décision prise pour durer jusqu’ au dimanche 28 février 2021, reste un défi à Abidjan. Reportage !

Les chiffres de la maladie à coronavirus grimpent de plus en plus. Selon les données du Ministère de la Santé et de l’hygiène publique du jeudi 28 janvier 2021, «  239 nouveaux cas de Covid-19 sur 4 301 échantillons prélevés soit 5,6 % de cas positifs, 154 guéris et 0 décès. A la date du 28 janvier 2021, la Côte d’Ivoire compte donc 27 694 cas confirmés dont 25 542 personnes guéries, 151 décès et 2001 cas actifs. Le nombre total d’échantillons est de 330 173.».

 Mais le plus important pour les populations, « c’est se chercher ». Thème utilisé dans le jargon populaire pour exprimer la recherche de la pitance quotidienne.

Mardi 26 janvier 2021. La commune d’Abobo précisément le quartier Aboboté fonctionne à l’accoutumée. Sans protections aucune, les populations vaquent paisiblement à leurs occupations. Pour elles, l’annonce de ‘’la recrudescence des cas, n’est que pur invention’’.

Il se fait appeler « Raoul gentil ». Ce commerçant de viande installé dans ladite commune partage cette assertion. Pour lui, « la maladie à coronavirus n’est qu’un leurre. Une idée montée de toute pièce pour créer la psychose incessamment.  », Pense t’il fermement car dit-il, « aucune connaissance n’a encore attrapé ce mal ». Ce dernier ignore encore même les symptômes de la covid 19.

 Faut-il faire de la police ?

Installées à quelques encablures de lui, Macoco et Fatim. Des commerçantes  de légumes, s’affairent à satisfaire leur clientèle. Comme la plus part des vendeurs et acheteurs, elles ne portent point de masques. Macoco, se confie au seigneur pour garder la forme, quand Fatim s’éloigne immédiatement  lorsque la conversation est engagée. « Nous ne portons pas de cache-nez parce qu’il n’y a aucune pression. L’année dernière, la mairie avait exigé qu’on se protège ou qu’on ne vende pas. Il y avait un suivie et cela était respecté à la lettre. Cette année nous (les commerçants), n’avons pas encore été contraints. Ce qui explique pourquoi vous nous voyez sans protections », lâche Fatim.

 Du long de la voie du marché jusqu’à la pharmacie du quartier, l’observation est identique. Les gbakas (véhicules de transport en commun), font tranquillement le plein sans exigences. Les passagers se bousculent les uns les autres et s’asseyent sans aucune distance. Et ce jusqu’à destination.

Lorsque l’un d’entre eux  visiblement enrhumé se met à tousser, la scène devient amusante pour l’assemblée. « Tu as leur chose là ou bien ? », demande Yacoub C, Apprenti chauffeur avec un brin d’humour. S’en suit des rires aux éclats.

 Sur la voie en direction de la commune d’Adjamé, les forces de l’ordre présents ne s’en tiennent qu’à la réglementation de la circulation. Aucune interpellation. Pis, ils maintiennent la plus part leurs masques pliés au menton.

Si le port du masque parait impossible, c’est bien parce que « les masques sont difficiles à supporter. Nous en avons marre de cette histoire de coronavirus. Nous courrons et faisons beaucoup de mouvement à longueur de journée. Il fait chaud, et je pense que les corps habillés comprennent bien aussi cette situation. Il faut bien s’occuper car la vie est de plus en plus chère. Tant que l’ordre ne vient pas de là-haut avec un suivi fixe, nous ne sommes pas prêts à réduire les places de nos véhicules », raconte Yacoub.

A Adjamé liberté aux environs de 18 heures, il est difficile de se frayer un chemin. L’anarchie est remarquable. Bousculade, harcèlement des vendeurs ambulants, mauvaise conduite… Le décor quotidien est planté. Ici également, le port du masque est quasi inexistant. Les passagers semblent plus tôt préoccupés à rentrer chez eux. L’atmosphère qui y prévaut reste la même dans les communes de Treichville, de Marcory et de Port Bouet  visitées le jour d’après.  

Quelle action du gouvernement?

Depuis le 11 mars 2020, date de l’annonce du premier cas de la maladie à coronavirus en Côte d’Ivoire, le gouvernement ivoirien par l’entremise du ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, ne cessent d’informer sur  les symptômes de la covid 19 (fièvre, toux, rhume, difficulté respiratoire…), inviter les populations aux respects stricts des mesures barrières, et de rendre compte quotidiennement du point de la situation. Le Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, Dr Eugène AKA AOUELE via ses communiqués «  insiste sur le fait que l’épidémie n’est pas terminée».

Le président de la République Alassane Ouattara a également exhorté les populations vivant en Côte d’Ivoire à plus de responsabilité, de  discipline et de civisme quant au respect des mesures barrières, lors de la réunion du Conseil National de Sécurité (CNS), le 21 janvier dernier.

Pour rappel, le CNS décidé de « l’intensification du contrôle de l’obligation du port de masque, notamment dans les transports en commun, les services publics et privés et tous les espaces publics.


La stricte application des mesures de répression en cas de non-respect des gestes barrières et la révision du délai de validité du test COVID-19 pour l’entrée et la sortie en Côte d’Ivoire, qui passe de 7 jours à 5 jours ».  

Comme l’a dit Macoco du marché d’Aboboté, la mise en place impérative des mesures draconiennes est nécessaire pour éviter le pire.

Marina Kouakou

Ajoutez votre commentaire