Depuis 2019, 37 nouveaux cas de poliomyélite ont été détectés en Côte d'Ivoire.

Publié le 28 septembre, 2020

Le gouvernement ivoirien a lancé le 18 septembre dernier une campagne de vaccination contre la poliomyélite. Alors que l’an dernier, un nouveau type de cette maladie a été détecté en Côte d’Ivoire.

Depuis le 4 novembre 2019, date de détection d’un nouveau type de polio, la Côte d’Ivoire a enregistré 37 cas chez les enfants sur toute l’étendue du territoire national. D’où le lancement, du 17 au 21 septembre 2020 d’une vaste campagne de vaccination destinée à plus de 5 millions d’enfants âgés entre 0 et 5 ans. A Gagnoa, centre-ouest ivoirien, c’est un véritable commando d’agents vaccinateurs qui s’est déployé dans le district sanitaire de ce chef-lieu de région. L’équipe, sous la houlette du directeur départemental de la Santé Dr Boukalo Célestin, a écumé cette circonscription pour protéger les enfants.

Réticences

Comme dans plusieurs localités, les populations prétextent d’effets indésirables de ces vaccinations sur les enfants ou d’autres considérations pour cacher leurs progénitures. Officiellement, la première journée de la campagne a été marquée par l’enregistrement au plan national, de 2949 cas de refus de faire vacciner les tout-petits. Les causes évoquées par les populations pour expliquer ces réticences sont multiples. On peut citer, entre autres, la crainte des effets secondaires des vaccins, les rumeurs et fausses informations liées à la crise sanitaire de la COVID-19 diffusées sur les réseaux sociaux.

A Gagnoa, on se félicite de l’adhésion des populations. Contrairement aux années précédentes, la campagne de vaccination a connu une grande adhésion. « C’est pour la santé de nos enfants. On ne peut pas tourner le dos à la vaccination de façon générale et celle de la polio en particulier », assure Akissi Kouamenan, mère de 3 enfants dont le dernier né a reçu les gouttes salvatrices dans la bouche, ainsi que des comprimés de déparasitant.

Dans les quartiers, les marchés et même en pleine rue, les agents vaccinateurs continuent de ‘‘traquer’’ les enfants pour leur administrer le vaccin anti-polio. L’on note qu’à Gagnoa, les nombreuses campagnes de sensibilisation sur l’importance de la vaccination commencent à porter leurs fruits. Quelques années en arrière la vaccination était mal perçue dans certaines communautés, pour qui cette opération, surtout chez les femmes enceintes était menée en vue de les rendre moins procréatrices. Dans l’un des villages de la commune de Gagnoa, justement, un agent vaccinateur a payé cash, de sa vie, sa volonté de vacciner une femme. Aujourd’hui, tout cela n’est qu’un triste souvenir. Désormais l’ensemble des populations ont compris que la vie du couple mère-enfant dépend de l’importance que l’on accorde à la vaccination.

Le 14 septembre dernier, à Abidjan, le Pr Lépri, l’un des responsables de la Direction de la coordination du Programme élargi de vaccination s’était félicité de l’éradication ‘‘du poliovirus sauvage’’, non sans ajouter qu’en « Côte d’Ivoire, un nouveau type de poliomyélite a été détecté le 4 novembre 2019 et, depuis lors, le pays a enregistré 37 cas chez les enfants sur toute l’étendue du territoire national ».

Vendredi, une rumeur faisait état de ce qu’une souche de polio avait été découverte à Gagnoa. Une information que les autorités sanitaires de cette ville ne confirment pas. « Contrairement à ce que l’opinion avait cru, il n’y a pas de souche de polio sur place. Mais il convient de mettre l’accent sur la vaccination pour éviter d’éventuelles contaminations liées à l’hygiène environnementale », expliquent les autorités sanitaires. Non sans regretter l’absence des latrines dans les écoles, mais aussi au sein des cellules familiales. « Cela constitue un facteur déterminant dans la résurgence et la propagation de la poliomyélite. Tout le monde reste unanime sur le fait que dans la plupart de nos contrées, l’on défèque à l’air libre et à cause de la saison pluvieuse, cela peut accélérer les contaminations », souligne notre source.

Selon ses explications, les eaux de ruissellement emportent les déchets humains et tout contact avec ces eaux est susceptible de transmettre plusieurs maladies. Parmi lesquelles la polio, sous une autre forme, plus ou moins connue. « Il faut donc conjuguer les efforts pour que dans la lutte contre la maladie, toutes les populations se sentent concernées », explique-t-il.

Alain Doua

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