Publié le 20 juin, 2022

Ce n’est plus un secret ! La friperie a fini totalement de séduire les Ivoiriens. Vieux, jeunes, hommes ou femmes, sont devenus accros à ces vêtements qui parviennent des pays occidentaux et qui habillent aujourd’hui une bonne partie de la population ivoirienne, en majorité les dames et les jeunes.

Parfois inutilisable ou recyclés en chiffons, ces vêtements sont collectés et triés en fonction de leur qualité. Les plus beaux lots sont revendus sur le marché européen quand le reste se retrouve en Afrique par conteneurs entiers.

Prix, stratégie de tri, différence entre la bonne et la mauvaise qualité, qui sont les exportateurs ? Qui contrôlent le marché de ces vêtements prisés ? Eléments de réponses dans notre reportage.

Kouté, un marché réputé de la fripe

La friperie est une activité lucrative qui fait vivre une multitude de personnes. Généralement des étrangers. Abdoul est nigérien, revendeurs de fripe au marché de Kouté. Pour lui, ce sont les vêtements de femmes qui sont facilement vendus à petit prix par les grossistes. « Je suis dans la vente de la friperie depuis 5ans maintenant, ce n’est pas au marché de Kouté seulement je vends. La plupart de mes stocks sont achetés à Adjamé avec un grossiste que je connais très bien. Pour avoir la qualité et satisfaire mes clients je mise beaucoup sur la fripe qui vient de Londres. Ça me reviens un peu plus chère, mais c’est ce qui plait aux femmes. Je les revends à 1000f pour les robes et décolletés, parfois le jour de marché je vends les décolletés deux à 500f. les articles sortent et je peux facilement me retrouver à 80.000f en fin de journée. » informe Abdoul. Et d’ajouter : « il y a deux types de fripe que vous pouvez trouver actuellement sur le marché. Les vêtements chinois qui sont moins couteux chez les grossistes et on en trouve partout. Ce sont eux qui dominent aujourd’hui le marché. Et la fripe qui vient de Londres, Canada ou Etats-Unis, avec les grossistes le bal peut valoir 200.000 Fcfa pour les robes et sous-vêtements. Souvent nous gagnons et parfois aussi nous perdons. ». Ici à Kouté, mardi et vendredi sont désignés jours de marché, le marché ne désemplit pas ces jours. Hommes, femmes, adolescents, enfants… on y trouve toutes les classes sociales. Les prix des articles varient en fonction du choix.

De loin nous entendons la voix porteuse des revendeurs qui rivalise d’ardeur. « Bal cassé ! bal cassé ! bal cassé ! », s’égosillent-ils dans un vacarme indescriptible. Difficile de se frayer un chemin. Devant nous, une jeune dame fait son tri avec beaucoup d’attention. Nous l’approchons de façon anonyme. Une causerie est lancée. Avant de faire le marché pour la cuisine, Nadège, une ménagère, décide de faire un tour chez son vendeur qui a du nouveau ce jour. « Chaque deux jours nous faisons le marché pour la maison et ce sont ces jours qui sont bien placés pour acheter au moins une robe ou un haut. Je viens parce que c’est moins cher et c’est de bonne qualité », dit-elle avant de nous instruit sur comment faire la différence entre la bonne et mauvaise qualité. « Il faut simplement bien regarder, les soulever au fur et à mesure. On tire pour vérifier si ça ne se déchire pas… », conseille-t-elle.

De l’autre côté, un homme est en pleine négociation avec un vendeur. Aziz, est venu pour s’acheter un blouson. Le prix est évalué à 3500 Fcfa. Contrairement aux dames, il est difficile pour ce dernier de trouver un article de choix à un prix convenable.

Le marché de Kouté est certes le plus connu, mais rivalise avec des marchés tel que celui du marché de Sicogi. Dans cet espace qui refusent également du monde on trouve des vêtements venus de toute l’Europe, du Canada et des Etats-Unis, gros exportateur de vêtements de seconde main. Une économie rentable avec des emplois à la clé qui n’attendent pas de diplôme mais plutôt la connaissance en qualité vestimentaires et un brin de marketing. Aussi, avoir sous sa main une large relation de grossistes.

Pour Mathieu, un grossiste, au marché de Sicogi, il estime qu’acheter, par exemple, une balle de 45 kg de jean, il faut débourser entre 50 000 et 70 000 francs CFA. Et Le double pour les maillots de football, très prisés par les jeunes ». Selon lui, ces prix sont fixés en fonction des charges et taxes et cela, expliquera-t-il, permet de payer les frais de douane, de transport ainsi que quelques intermédiaires.

Toujours aux dires de Mathieu, un T-shirt, acheté à 300 Fcfa par un grossiste, pourra se revendre entre 600 et 700 CFA sur les étals au marché ».

Une affaire de femme…

Que ce soit Blandine, Mariam ou Géneviève, toutes les trois venues faire des emplettes au marché de Sicogi, pour elles, la friperie constitue leur style de base en habillement.

« Moi, je vais rarement dans les magasins ou les ateliers de couture. Je préfère la friperie qui est non seulement moins cher mais à la mode et qui fait mieux habillée », s’exclame Anin Marie-Louise. « Mon cher c’est moins cher et moins stressant avec les histoires de couturiers qui ne respectent pas les rendez-vous », lance, Adjoua Michelle, une autre cliente de friperie.

En effet, de nombreuses jeunes femmes rencontrées, pensent que s’habiller en fripe est un mode de vie qui leur font gagner en argent, en temps et surtout qui leur permet d’être à la « mode ».

Sauf que depuis, les prix ne font que progresser à cause de la situation sanitaire mondiale. Avec, bien entendu les nombreuses tracasseries douanières. Quant à la rumeur de la covid-19 dans ces habits, l’Africain s’en fout !

Bekanty N’ko (stagiaire)

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