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Publié le 24 octobre, 2022

En Côte d’Ivoire comme partout ailleurs, on y trouve des ponts avec des barrières de sécurité métalliques ou en béton. Ces ponts sont soumis à un processus de vieillissement normal, régi par le rythme de dégradation des matériaux utilisés pour leur construction. La dégradation est généralement lente, les premiers désordres apparaissant en principe après une quinzaine d’années d’exploitation. Sauf qu’il faut un suivi méticuleux pour leur maintenance afin d’éviter certains accidents comme constaté ici et ailleurs. 

Les facteurs de vieillissement 

Il est connu que ces ponts vieillissent ! les facteurs sont multiples et dépendent principalement :

– des conditions environnementales, en particulier de l’action de l’eau et de l’air. Par exemple, les ponts en métal sont soumis à la corrosion et les ponts en béton au phénomène de carbonatation (c’est-à-dire à l’action du gaz carbonique contenu dans l’air) ;

– des conditions d’usage, en particulier du trafic routier et de l’intensité et de la répétition des charges supportées par l’ouvrage.

Ponts endommagés
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Un parcours de combattant

« Vraiment, ça me fait très peur parce qu’ici, c’est un peu cassé. Souvent, quand je suis sur le pont, je me dis que je risque de tomber », raconte Maimouna Diabaté, commerçante d’eau, âgée de 21 ans, qui se dit effrayer à chaque fois qu’elle emprunte le pont ferraille situé sur l’axe Adjamé-Abobo (Abidjan nord), en raison des barres de protection en ruine. 

Dans la capitale économique ivoirienne, les garde-fous placés sur les côtés de certains ponts, afin d’assurer la sécurité des piétons commencent à céder, à leur grand désarroi. Le pont reliant le quartier Adjamé Liberté à celui de Wiliamsville (Abidjan nord) à proximité du camp de gendarmerie d’Agban, n’est pas en reste. Ici, des barres de fer sur le tronçon s’abiment par endroit, laissant de grands vides.

Les barrières de sécurité constituent un dispositif de retenue routier dont la fonction est de “retenir” les véhicules, et surtout protéger les piétons sur les ponts, viaducs et ouvrages similaires.

… Et un danger pour les usagers

Un chemin périlleux pour les usagers, c’est ce que relate Monsieur Zougmoré, la quarantaine révolue avec une couronne (Barbes) à la teinte grise autour des lèvres qui passe sur ces ponts piétons, tout le temps, lorsqu’il veut quitter les II Plateaux (Abidjan nord).  

« C’est un danger pour nous les usagers qui passons ici. Un gars peut marcher avec un ami, glisser puis tomber parce que c’est ouvert. Une voiture peut aussi dévier et tomber », se préoccupe l’homme.

Tout comme Zougmoré, un autre habitant de la commune de Port-bouet notamment sur le tronçon de la voie de Gonzague, Yao Etienne fait le même constat depuis des années. Il emprunte constamment le premier pont piéton qui se trouve après le 43e BIMA à chaque fois qu’il part « pêcher » à Gonzague, quartier casier.

Ce jeune de 26 ans, vêtu d’un t-shirt rouge et d’une culotte, craint le plus pour les enfants qui rôdent autour des barrières. « Franchement, ce n’est pas agréable. Regardez vous-mêmes les espaces qu’il y a. Parfois, il y a des enfants qui passent. C’est dangereux, surtout quand il pleut », témoigne le jeune Avikam, montrant du doigt deux bambins en train de marcher près des barres de fer au même moment.

ponts
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Nombreuses raisons

Si à Port-Bouet (Abidjan sud), on remarque également la vétusté des barres de fer sur les ponts-piéton tout le long de l’autoroute qui mène à Grand-Bassam, la raison de cette dégradation est tout autre. Dans cet endroit, les barrières de fer sont rongées par la brise de mer, comme l’indique un huissier de justice, en poste dans une société de la place. « Pour moi, c’est la brise de la mer qui a occasionné ça. Ils n’ont pas tenu compte de la brise de la mer », confie Alphonse, un quinquagénaire qui se rend au quartier « Derrière-Wharf » en traversant l’autoroute par le pont piéton situé au « carrefour Aéroport ».

Selon lui, les personnes chargées des travaux auraient « dû mettre des matières adaptées ».

Quant à M. Kouyaté, il attribue le mauvais état du dispositif de protection, aux séquelles de la crise post-électorale de 2010-2011, mais aussi à l’indiscipline de certains conducteurs qui heurtent les garde-fous usés. Il déclare avoir remarqué ces anomalies, après la crise que le pays a connue il y a 10 ans. « Quand tu regardes, tu vois encore l’impact des balles dessus. En plus de ça, il y a des véhicules aussi qui sont responsables », explique-t-il, en lançant un appel aux autorités compétentes.

Sos…

En Afrique, les gouvernants ont pour habitude de jouer « les médecins après la mort ». Ils attendent toujours qu’il ait un drame avant de réagir. Afin d’éviter d’avoir de fâcheuses circonstances, votre magazine a décidé de toucher ce phénomène et de lancer un Sos aux autorités compétentes en charge de la maintenance de ces infrastructures pour regarder de ce côté-là. Car, sur de nombreux ponts dans la capitale économique, que ce soient des ponts de véhicules ou les différents ponts piétons, les usagers ne bénéficient presque plus de protection. Ils pratiquent ces infrastructures au risque de leur vie. Un accident est vite arrivé ! Une chute aussi. 

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Cédric Allangba

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