Malgré les décisions du gouvernement et sa batterie de mesures pour y faire face, les populations continuent d’être confrontées à la flambée des prix dans le fond des quartiers, des villages… loin des contrôleurs.
Selon des personnes interrogées sur la question de la cherté de la vie en Côte d’Ivoire, leur réponse est sans équivoque, un constat quasi unanime : « la vie est toujours chère en Côte d’Ivoire », estiment-elles, désemparées. Pour ces derniers, les populations ont besoin de ‘’pragmatisme » et d’actes forts de la part du pouvoir public pour résoudre cette situation. Notamment, mettre en place des mécanismes, dans la lutte contre la cherté de la vie, qui impactent véritablement le quotidien des Ivoiriens.
Sentir l’impact des mesures
« Il est vrai que le gouvernement fait beaucoup, mais nous continuons d’acheter au double ou au triple les produits de première nécessité comme le riz, le savon, le gombo, le piment, les aubergines sur nos marchés, dans nos quartiers », s’insurge, dame N’guessan. Comme elle, Mademoiselle Sita ne comprend pas que malgré toutes les décisions du gouvernement, l’huile, la viande, les légumes et autres produits sur les étals des marchés coûtent encore chers.
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En effet, la vie est chère dont parle les populations n’est pas liée à un manque ou une rupture des produits alimentaires sur le marché. Pour Adjara Sylla, « Tous ces produits sont bel et bien disponibles. Mais leurs prix sont hors de portée de la bourse des citoyens. ». En vérité, pour les populations, les actions du gouvernement doivent avoir pour conséquence de rétablir les prix auxquels les populations avaient l’habitude d’acheter les produits en question. « Tant que ces prix ne seront pas redevenus comme ce que nous avons l’habitude de payer sur le marché, nous ne pouvons pas dire que le gouvernement entreprend des actions de lutte contre la vie chère », admet M. Yapi Sonan, un instituteur.
M. Yao Konan, infirmier d’Etat, est également de cet avis. « Les mesures prises par le gouvernement pour réduire le coût de la vie ne produisent pas, pour l’instant, leurs effets. C’est vrai que les prix ont stationné maintenant. Mais ils n’ont pas chuté. Et pour beaucoup d’Ivoiriens, la situation est très difficile », a mentionné l’homme de santé.
Des mesures sans grands effets
En effet, le gouvernement, dans le but de réduire les difficultés auxquelles sont confrontées les populations, a adopté plusieurs mesures. Ces décisions ont été prises pour plafonner les produits d’alimentation, le transport et le carburant.
Dans une communication présentée en conseil des ministres, le ministère du Commerce a annoncé des actions portant sur « l’état d’avancement des mesures de lutte contre la vie chère ». Au niveau de l’alimentation, en plus de la restructuration du Conseil national de lutte contre la vie chère (Cnlvc), l’institution d’un cadre permanent de concertation avec les opérateurs économiques, le gouvernement a pris la décision de plafonner des prix et des marges sur cinq produits de grande consommation. Notamment le riz, l’huile de table, le sucre, la tomate concentrée et le ciment. Bien évidemment, cette décision a été accompagnée de la communication sur les prix pratiqués, la disponibilité des produits de grande consommation et sur les mécanismes de fixation des prix.
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Pour ce qui est du secteur des transports, des actions portent sur le renforcement de la lutte contre les faux frais, à travers surtout la mise en place d’un cadre de concertation avec l’Office de la fluidité des transports (Oft), l’Unité de lutte contre le racket (Ulr), le Conseil national de lutte contre la vie chère (Cnlvc) et le Haut conseil du patronat des entreprises de transport routier de Côte d’Ivoire (Hcpetr-Ci).
Toutefois, ces mesures n’ont pas eu grand effet. Dans nos quartiers, nos villages… les boutiquiers et autres marchands véreux continuent de faire subir la hausse des prix aux populations. Pis, les mesures du gouvernement sont foulées au pied dans la plupart des cas. L’affichage des prix, par exemple, dont le ministère du Commerce avait exigé leur application, n’a jamais été respecté, si ce n’est dans les grandes surfaces. « Nous sommes laissés pour contre. Aucun contrôle sérieux dans nos quartiers. Même quand les fameux contrôleurs arrivent, ils ne sont là que pour prendre leur quota avec les marchands pourtant véreux. Le gouvernement nous a abandonnés à notre sort », se rebelle Issa Malick, un employé d’une entreprise à la zone industrielle de Yopougon. « Leurs mesures n’ont rien donné », lance-t-il, en colère.
« Même le transport lié au coût du carburant, cependant subventionné par l’Etat n’est pas respecté. Le cas de Cocody et ses taxis communaux est éloquent. Les prix grimpent au gré des humeurs des chauffeurs », soutient Oholi Arsène pour qui « il faut mettre de l’ordre ».
Quant aux chauffeurs et aux commerçants, ils sont tous unanimes sur les causes de cette flambée des prix : la guerre en Ukraine. Sauf que le piment, le gombo, la viande, etc. n’ont rien avoir avec les conséquences de cette guerre. Les raisons doivent être ailleurs…
Djolou Chloé